Si l'on fait exception du fait qu'ils ont crié pendant une bonne partie du débat et qu'ils n'ont pas caché une animosité grandissante, Hillary Clinton et Bernie Sanders ont largement suivi un scénario familier hier à Brooklyn, où ils s'affrontaient à cinq jours de la primaire du New York, qui pourrait être déterminante pour la course à l'investiture de leur parti.

Devant une foule bruyante, les deux candidats démocrates ont repris leurs thèmes favoris, Sanders attaquant notamment Clinton sur ses liens avec Wall Street et celle-ci répliquant en déplorant les positions de son rival sur les armes à feu. Le sénateur du Vermont a également accusé l'ancienne secrétaire d'État d'avoir utilisé un «terme raciste» - super-prédateurs - pour défendre la loi sur la criminalité promulguée par son mari en 1994. Et il a mis en cause son jugement, tout en critiquant ses positions changeantes sur le salaire minimum et la fracturation hydraulique, entre autres.

Cela dit, Sanders n'a pas réussi le KO dont il avait besoin pour changer véritablement la donne à New York face à une rivale qui a encaissé ses coups sans trop broncher. En fait, son ton sarcastique et agressif lui a peut-être fait perdre des points et transformé ce qui aurait pu être une victoire en match nul. Où était le bon vieux Bernie du début de la campagne?

Mais il y a un sujet où le débat a donné lieu à des échanges inédits entre deux candidats présidentiels américains : Israël (voir la vidéo qui coiffe ce billet). Sanders a reproché à Israël d'avoir fait un usage disproportionné de la force lors de sa campagne militaire dans la bande de Gaza en 2014. Et il a mis au défi Clinton de l'admettre, ce qu'elle n'a pas fait.

«Si nous voulons apporter la paix dans la région, nous allons devoir traiter les Palestiniens avec respect et dignité. Cela ne fait pas de moi un anti-israël», a dit Sanders, tout en déplorant le fait que Clinton n'ait pas mentionné les doléances des Palestiniens lors de son discours récent devant l'AIPAC, le lobby pro-israélien aux États-Unis.

Le sénateur du Vermont a également défendu son droit de critiquer Benjamin Nétanyahou.

Clinton a rappelé de son côté qu'elle avait négocié un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas en novembre 2012. «Ils (les Israéliens) ne recherchent pas ce genre d'attaques. Ils n'invitent pas les roquettes sur leurs villes et villages», a-t-elle dit.

Ailleurs qu'aux États-Unis, les déclarations de Sanders ne soulèveraient pas trop de vagues. Mais il est plus que rare d'entendre un candidat présidentiel de ce pays critiquer ainsi Israël et appeler à un traitement équitable des Palestiniens.

Les déclarations de Sanders sont d'autant plus remarquables qu'elles ont été prononcées à l'approche d'une primaire où l'électorat juif jouera un rôle important. Selon un sondage NBC News/Wall Street Journal, Clinton a une avance de plus de 30 points de pourcentage sur Sanders, un juif laïc, auprès des électeurs juifs de New York, qui représentent 16% de l'électorat.