Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies affronte sa période la plus difficile depuis la Deuxième Guerre mondiale, a confié la directrice de l'agence onusienne lors d'un entretien avec l'Associated Press.

Ertharin Cousin a indiqué que le PAM cherchait à répondre simultanément à cinq crises humanitaires - soit en Syrie, en Irak, en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Afrique de l'Ouest, où l'épidémie d'Ebola a fait des ravages dans les derniers mois.

L'agence se prépare aussi à intervenir dans d'autres pays qui subissent de l'instabilité politique, tels que le Yémen, le Nigeria, l'Ukraine et la Libye.

Mme Cousin a affirmé que les dons n'arrivaient pas à satisfaire la demande grandissante d'aide alimentaire. L'agence a d'ailleurs dû diminuer de 30 pour cent son programme d'aide alimentaire en Syrie, touchant près de six millions de personnes à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

Pour subvenir aux besoins des Syriens, le PAM doit trouver immédiatement 113 millions $, en plus de 102 millions $ pour la région entière. En décembre dernier, l'agence avait dû interrompre pendant plusieurs semaines l'aide alimentaire fournie à deux millions de Syriens. La nouvelle avait enflammé les réseaux sociaux et l'agence avait finalement eu les fonds nécessaires pour recommencer ses opérations.

Mme Cousin s'est réjouie qu'un don de l'Arabie Saoudite d'une valeur de 148 millions $ ait permis d'aider environ 1,1 million de Syriens depuis le mois de juin.

Cependant, l'agence manquera d'argent au mois de mai - au même moment où une offensive militaire devrait être lancée pour reprendre la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak.

La directrice du PAM déplore en outre que la communauté internationale se désintéresse du Soudan du Sud et de la République centrafricaine, où plusieurs millions d'habitants bénéficieront de son aide cette année.

L'agence onusienne a par ailleurs déployé des milliers de travailleurs en Afrique de l'Ouest, où 3,3 millions de résidants ont besoin d'aide. Le PAM soutient aussi l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans ses opérations.

Mme Cousin s'inquiète aussi des perturbations au Yémen, au Nigeria, en Ukraine et en Libye, où de plus en plus de résidants dépendent de l'aide du PAM.