Plus de 120 chefs d'État, premiers ministres et ministres se rassemblent à New York à partir de mardi pour la 67e session de l'Assemblée générale de l'ONU où la Syrie sera un sujet incontournable.

La flambée de violences dans le monde musulman contre un film islamophobe ou l'impasse dans le dossier nucléaire iranien, parmi d'autres crises, alimenteront aussi discours et conversations lors de ce chassé-croisé diplomatique au cours duquel Barack Obama côtoiera l'Iranien Ahmadinejad et Benyamin Nétanyahou le président palestinien Mahmoud Abbas.

Le drame syrien devrait figurer en bonne place dans les discours, mais aussi en marge de l'Assemblée. Une session ministérielle du Conseil de sécurité sera consacrée mercredi au Printemps arabe: «Je suis sûr que les ministres s'exprimeront sur la Syrie» à cette occasion, note un diplomate du Conseil.

Les Amis de la Syrie, groupe de pays occidentaux et arabes qui soutiennent l'opposition à Bachar al-Assad, se concerteront vendredi sur les moyens d'unifier cette opposition et de préparer l'après-Assad.

«Étrangement, tout le monde pensera à la Syrie, parlera de la Syrie, mais on ne prévoit aucune décision, aucun progrès majeur» pendant l'Assemblée, commente un diplomate.

Il rappelle que le Conseil de sécurité est paralysé par Moscou et Pékin, qui ont torpillé toutes les tentatives occidentales de faire pression sur Damas: «Pour l'instant, le sort de la Syrie ne se décide pas à New York, mais sur place, par les armes».

Restent les nombreuses rencontres bilatérales que l'Assemblée fournit l'occasion d'organiser en terrain neutre. Mais Russie et Chine ne seront représentées à New York qu'au niveau ministériel et le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays accueille des milliers de réfugiés syriens, a renoncé à venir.

Impasse flagrante sur le nucléaire iranien

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon espère que le médiateur international Lakhdar Brahimi aura bientôt «une stratégie» de sortie de crise à proposer. M. Brahimi informera lundi le Conseil de sécurité de sa première visite à Damas. Pour l'instant, note un diplomate occidental, «il est en stand-by», pour le cas improbable où les deux camps décideraient de négocier.

L'impasse est flagrante aussi sur le dossier nucléaire iranien, sur fond de menaces israéliennes de frappes préventives. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton rendra compte jeudi de ses contacts avec Téhéran au groupe dit «5+1» (Royaume-Uni, France, Chine, Russie, États-Unis, Allemagne).

«Il n'est pas sûr qu'on puisse aller plus loin que le message fort» adressé récemment à l'Iran par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui a dénoncé les activités iraniennes d'enrichissement d'uranium, estime un diplomate d'un des six pays. La Russie a déjà prévenu qu'elle réaffirmerait son opposition à des sanctions contre Téhéran.

Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément.

Les pays de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) devraient par ailleurs discuter vendredi à New York des conséquences de la vidéo islamophobe qui a enflammé le monde musulman.

Son secrétaire général, Ekmeleddin Ihsanoglu, souhaite que les dirigeants rassemblés à New York «soulignent qu'il est de la responsabilité morale de tous (...) de ne pas insulter "l'autre" dans ses valeurs les plus sacrées».

Dans une déclaration à l'AFP, il a aussi appelé «à briser le cercle vicieux de la provocation et de la réaction violente».

Le président français François Hollande participera quant à lui mercredi à une conférence sur le Sahel, où la présence de groupes liés à Al-Qaïda inquiète la communauté internationale. Elle devrait déboucher sur l'annonce par l'ONU d'une stratégie régionale combinant lutte contre le terrorisme et le trafic d'armes, assistance humanitaire et aide au développement.