Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, est arrivé lundi à Bagdad pour une visite surprise à la veille de l'entrée en fonction d'un nouveau chef de la coalition en Irak où les forces irakiennes prennent peu à peu la relève des Américains.

«Nous sommes clairement sur une mission de transition», a déclaré M. Gates aux journalistes l'accompagnant dans son avion, pour résumer le mandat du général américain Raymond Odierno qui succède au général David Petraeus pour le commandement des forces internationales en Irak.

Peu après son arrivée, au moins douze personnes ont été tuées et 32 blessées dans l'explosion de deux voitures piégées dans le centre de Bagdad, selon des sources aux ministères de l'Intérieur et de la Défense.

M. Gates doit rencontrer le premier ministre irakien Nouri al-Maliki pour discuter de l'accord négocié actuellement entre les deux pays sur la présence américaine en Irak après 2008, à l'expiration du mandat de l'ONU le 31 décembre.

Il a rencontré le numéro 2 de la force multinationale, le général américain Lloyd Austin, et le chef des milices sunnites reconverties dans la lutte contre Al-Qaeda après avoir formé le gros des rangs de l'insurrection.

Mardi, il doit assister à la prise de fonction du général Odierno, principal artisan de la capture de Saddam Hussein en 2003 après la chute du régime irakien.

Récemment nommé chef d'état-major adjoint de l'armée de Terre américaine, ce militaire de 54 ans est réputé proche de ses hommes, courageux et fin stratège.

Artisan de l'amélioration de la sécurité en Irak, David Petraeus, qui termine un commandement de 19 mois, deviendra chef du commandement central pour toutes les opérations militaires au Moyen-Orient et en Asie centrale.

Il aura ainsi la responsabilité de superviser les deux guerres que les États-Unis mènent de front en Irak et en Afghanistan.

«Il est entendu que nous resterons aussi engagés que nous le sommes actuellement, mais les domaines dans lesquels nous sommes sérieusement engagés continueront, je pense, de se réduire», a souligné M. Gates, dont la dernière visite à Bagdad remonte au 11 février.

«Et le défi pour le général Odierno porte sur la manière de travailler avec les Irakiens pour préserver ce qui a déjà été acquis (dans le domaine sécuritaire), et l'étendre même alors que le nombre de troupes américaines diminue», a estimé M. Gates.

Le contrôle de la sécurité de 11 des 18 provinces d'Irak est déjà assuré par l'armée irakienne et le président George W. Bush a annoncé la semaine dernière un retrait d'ici janvier de 8.000 soldats américains.

M. Gates a salué le travail accompli par le général Petraeus, «père» de la stratégie de contre-insurrection qui a ramené la violence au niveau le plus bas en Irak depuis quatre ans.

Le secrétaire à la Défense a ainsi qualifié de «brillante» sa stratégie d'envoi de cinq brigades, soit 30.000 soldats supplémentaires. «Je pense qu'il a joué un rôle historique. Le général Petraeus est clairement le héros du moment».

Raymond Odierno, commandant des forces américaines de décembre 2006 à mars 2008 et alors bras droit du général Petraeus, a mis en musique sur le terrain l'arrivée des renforts.

Crédité d'une réputation de stratège hors pair, David Petraeus, 55 ans, a déclaré récemment que les violences en Irak approchaient un niveau «normal», alors que le nombre de militaires américains morts au combat est au plus bas ces derniers mois depuis l'invasion en mars 2003.

Dans un entretien vendredi à l'AFP, il a estimé que l'Irak n'était pas à l'abri d'une «résurgence» d'Al-Qaeda et que des «désaccords politiques» entre Irakiens pourraient très bien ruiner les «progrès» accomplis.