Lundi matin, les conseillers de John McCain ont contacté 40 leaders de la droite religieuse et culturelle pour connaître leur réaction à l'annonce à venir concernant la grossesse de la fille adolescente de Sarah Palin. À l'unanimité, ceux qui ont été joints ont promis de continuer à appuyer la candidature de la gouverneure de l'Alaska à la vice-présidence des États-Unis.

Et c'est ainsi que la colistière de John McCain survivra à sa première tempête politique sur la scène nationale.

Il n'est pas dit cependant qu'il en sera de même si une autre révélation du genre éclate au cours des prochains jours.

L'appui à Sarah Palin ne se limite pas à la droite religieuse, qui a joué un rôle important dans sa sélection par John McCain. Il est également palpable chez les militants et dirigeants républicains réunis à Saint Paul. Certains d'entre eux vont même jusqu'à dire que la situation familiale compliquée de la gouverneure de l'Alaska pourrait jouer en sa faveur.

«L'authenticité est le trait le plus important chez un candidat. Toutes les nouvelles qui peuvent sortir sur son compte ne lui nuiront pas parce qu'elles renforceront l'idée qu'elle est une personne normale avec des problèmes normaux», a déclaré Nick Ayers, directeur de l'Association des gouverneurs républicains.

Il reste que les sondages les plus récents ne sont guère encourageants pour les républicains. Deux instituts - Rasmussen et Gallup - plaçaient hier les appuis à Barack Obama à 50% pour la première depuis le début de son duel contre John McCain. Selon l'étude de la maison Gallup, la remontée du candidat démocrate s'explique en partie par la décision de plusieurs partisans d'Hillary Clinton de rentrer dans les rangs et d'appuyer le candidat de leur parti.

Un parallèle avec Eagleton

Même si sa survie ne fait pas de doute pour le moment, les ennuis de Sarah Palin ont incité certains observateurs à comparer la gouverneure de l'Alaska à Thomas Eagleton, ex-sénateur du Missouri. En 1972, George McGovern l'avait choisi comme colistier pour affronter Richard Nixon et Spiro Agnew.

Dix-huit jours après sa sélection, le sénateur Eagleton avait cependant dû retirer sa candidature à la vice-présidence après les révélations des journaux sur ses séjours en hôpital psychiatrique, où il avait subi des électrochocs, et les rumeurs sur son alcoolisme.

Sarah Palin n'en est évidemment pas rendue là. Mais les révélations des derniers jours ont soulevé des questions sur le processus qui a mené à sa sélection par John McCain. Hier, le sénateur de l'Arizona a répondu à ses critiques en déclarant que le passé de la gouverneure de l'Alaska avait été soumis à un examen rigoureux.

Le même jour, un républicain proche de sa campagne n'en a pas moins confié au New York Times, sous le couvert de l'anonymat, qu'il n'en avait rien été.

"La candidature de Sarah Palin n'a pas été considérée jusqu'à quatre ou cinq jours avant sa sélection, a-t-il dit. Tout s'est fait de façon précipitée à la fin parce que John n'a pas obtenu ce qu'il voulait. Il voulait Joe (Lieberman) ou (Tom) Ridge."

Mais le sénateur du Connecticut, Joe Lieberman, et l'ancien gouverneur de Pennsylvanie, Tom Ridge, deux défenseurs du droit à l'avortement, étaient inacceptables aux yeux de la droite religieuse et culturelle. McCain s'est donc tourné vers Sarah Palin.