La Commission européenne a jugé «possible» mercredi que la Serbie obtienne dès l'an prochain le statut de candidat à l'entrée dans l'UE, une manière d'encourager le gouvernement pro-européen de Belgrade à redoubler d'efforts pour capturer le général Ratko Mladic.

«Je pense que si tout se passe comme prévu, si toutes les conditions sont remplies, il sera possible d'accorder le statut de candidat à la Serbie l'an prochain», a déclaré le président de l'exécutif européen José Manuel Barroso lors d'un point de presse à Bruxelles à l'issue d'une entrevue avec le président serbe, Boris Tadic.

«Mais il ne s'agit pas d'un engagement, cela dépend de la Serbie» qui doit en particulier prouver qu'elle «coopère pleinement» avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et accélérer la mise en place des réformes au plan domestique, a ajouté le président de la Commission.

Après la capture en juillet de Radovan Karadzic, l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, inculpé de génocide en 1995, l'UE attend l'arrestation de leur ancien chef militaire, Ratko Mladic. Ce dernier, inculpé de génocide pour son rôle durant la guerre de Bosnie (1992-1995), en même temps que Karadzic, reste insaisissable.

Les pays de l'UE ont fait de «la pleine coopération» de Belgrade avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie une condition pour avancer dans le rapprochement avec la Serbie.

M. Tadic, venu à Bruxelles à la tête d'un très importante délégation et qui a fait de l'intégration européenne sa priorité, a assuré pour sa part que son pays jouait le jeu.

«Nous faisons tout notre possible pour trouver Mladic et (Goran) Hadzic», un ancien responsable des Serbes de Croatie, également en cavale depuis des années, a-t-il dit.

«Nous allons remplir nos promesses», a-t-il ajouté. Il a émis l'espoir d'une «accélération» du processus de rapprochement avec l'UE, après le transfert de Karadzic au TPI.

Mais plusieurs pays européens, à commencer par les Pays-Bas, pays d'accueil du TPI, rechignent toujours à entériner la première étape du processus menant à une éventuelle adhésion de ce pays à l'UE: un accord d'association et de stabilisation (ASA) que l'UE a signé avec Belgrade en avril.

M. Barroso a réaffirmé le souhait de la Commission européenne de «reconnaître» l'avancée constituée par l'arrestation de M. Karadzic en dégelant une partie de ce texte, un accord «intérimaire» consistant essentiellement en un accord de libre-échange. Mais cette mesure nécessite aussi l'aval à l'unanimité des pays membres.

Pour lever les réticences des Pays-Bas, mais également celles de pays comme la Belgique, la Suède ou la Finlande, l'avis du du procureur du TPI Serge Brammertz, sera déterminant. Il doit justement se rendre à Belgrade les 10 et 11 septembre. M. Tadic a dit espérer «un rapport positif» du magistrat.

Si les échanges sur l'UE ont été plutôt consensuels, sur le Kosovo le clivage reste entier.

«La Serbie ne renonce pas concernant le Kosovo», a assuré M. Tadic, tandis que José Manuel Barroso parlait d'un sujet «difficile et sensible».

La Serbie, appuyée par Moscou sur la scène internationale, refuse la proclamation d'indépendance du Kosovo, qu'elle considère comme partie intégrante de son territoire, alors que la plupart des pays de l'UE ont reconnu la scission.

Belgrade refuse en conséquence que les tâches assurées aujourd'hui par la Mission des Nations unies au Kosovo (Minuk) soit transférées cet automne, comme cela est prévu, à la Mission européenne de police et de justice (Eulex) en cours de déploiement au Kosovo.