Le gouvernement philippin a renoncé à la mise en oeuvre d'un accord d'autonomie controversé avec les rebelles du Front Moro islamique de libération (MILF) responsables d'une vague d'attaques meurtrières dans le sud de l'archipel, ont indiqué jeudi les services de la présidence.

«L'annulation du protocole d'accord sur les terres ancestrales est une mesure douloureuse», a déclaré à des journalistes Lorelei Fajardo, le porte-parole de la présidente Gloria Arroyo.

«La présidente va réfléchir à un nouvel accord dans le cadre de la loi conformément à la Constitution. La présidente ne tolérera pas l'aventurisme du MILF et ses tentatives de faire pression sur le gouvernement afin de signer un quelconque accord, fût-il de paix», a-t-il ajouté.

Une faction dissidente du MILF a lancé en début de semaine une série d'assauts coordonnés contre des villes à majorité chrétienne de l'île méridionale de Mindanao, faisant près de 40 morts.

Les violences ont éclaté après la décision, le 4 août, de la Cour suprême de suspendre un accord signé en juillet établissant une région musulmane autonome dans le sud des Philippines.

La Cour avait été saisie par des élus locaux redoutant que des régions non musulmanes ne se retrouvent aussi englobées sous le contrôle du MILF.

Aux termes de l'accord désormais caduc, le gouvernement philippin devait reconnaître l'autorité musulmane sur huit provinces de Mindanao, où les insurgés auraient mis en place leur administration et leur propre système éducatif et bancaire.

Ces concessions gouvernementales étaient censées ouvrir la voie à un accord de paix avec les rebelles du MILF qui mènent depuis 1978 une insurrection qui a fait plus de 120 000 morts.

La population de Mindanao est en majorité musulmane, mais les Philippines sont très majoritairement catholiques.

Le MILF, fort de 12 000 hommes, mène une guérilla depuis 30 ans pour obtenir un État islamique indépendant dans le sud des Philippines.