La scène du crime était toujours la même. Une villa luxueuse à Beverly Hills ou à Bel Air. Une fenêtre fracassée donnant sur la cour. Un coffre à bijoux renversé dans la chambre à coucher. Les bijoux de peu de valeur éparpillés par terre. Les perles, les montres en or et les diamants envolés...

Le cambrioleur frappait toujours entre 17h et 23h, quand les propriétaires étaient sortis souper. Il ne faisait jamais de vandalisme. Il ne laissait pas la maison en désordre.

La semaine dernière, la police de Newport Beach a arrêté Paul Layton Keesling. Surnommé le «Dinnertime Burglar» (le voleur de l'heure du souper) en raison de l'heure à laquelle il commettait ses larcins, Keesling est soupçonné d'avoir commis 20 cambriolages dans les riches demeures de la région de Newport Beach depuis 2005.

Mais ce n'est là que la pointe de l'iceberg. Sa carrière s'étend sur plus de deux décennies, durant lesquelles il aurait commis des centaines de vols dans les quartiers les plus chic de la Californie.

«Durant plusieurs années, M. Keesling a volé pour des millions de dollars en bijoux et en pierres précieuses», a dit le lieutenant Craig Fox, de la police de Newport Beach. «Quand il entrait dans la maison, il trouvait les bijoux, les montres, les fusils, ce genre de choses. Il prenait ce qui était haut de gamme et laissait la pacotille derrière.»

Comment le voleur s'est-il fait pincer? M. Keesling n'a pas commis une erreur pendant qu'il cambriolait une maison, mais plutôt quand il était sur la plage. Les policiers l'ont interpellé pour une violation au code municipal avant de réaliser que l'homme devant eux était recherché depuis des années et qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt avec une caution fixée à 3,5 millions de dollars - une somme inhabituelle pour un cambrioleur. Il est aujourd'hui en prison, et passera en cour cet automne.

Le paradis des cambrioleurs

Les riches demeures de la région de Los Angeles sont des proies attrayantes pour les voleurs. Chaque année, des dizaines de ces cambriolages se déroulent à Beverly Hills, Bel Air, Brentwood, et dans les Hollywood Hills, des quartiers prisés par les stars du cinéma, les banquiers et les chefs de grandes entreprises.

Au fil des ans, plusieurs voleurs professionnels ont «travaillé» dans le secteur. L'un de ces cambrioleurs mythiques, John Vlagg, a été épinglé en février 2005, à l'âge de 63 ans. M. Vlagg avait 30 ans de métier, et plusieurs millions de dollars à son actif. Or, il était apparemment devenu dur d'oreille: les propriétaires d'une maison qu'il cambriolait l'ont surpris alors qu'il était en train de fouiller dans le frigo pour se faire un lunch.

Un autre de ces cambrioleurs de haut niveau a été jugé la semaine dernière à Los Angeles. Ignacio Pena Del Rio aurait volé pour 16 millions US durant deux années de «travail intensif». Au moment de son arrestation, en 2006, il avait en sa possession un tableau d'Edgar Degas, évalué à 10 millions US.

Del Rio vient d'être condamné à 7 ans et demi de prison. Il a obtenu une réduction de sentence de six mois pour avoir accepté de collaborer avec les policiers. Il leur a raconté ses méthodes de travail... qui seront utilisées dans les vidéos de formation du LAPD.

Car les voleurs ont, eux aussi, bien des choses à raconter. Dans son livre Confessions of a Master Jewel Thief, le voleur Bill Mason, qui frappait à Beverly Hills, raconte que bien des victimes profitent d'un vol pour s'en mettre plein les poches. «Certaines victimes étaient rusées, écrit-il. Souvent, je volais une maison, et le lendemain je lisais dans le journal que j'avais pris 1,5 million de dollars en bijoux, alors qu'à mes yeux, ça valait tout au plus 500 000$ US.»