L'ambassadeur d'Arabie saoudite à Islamabad a nié toute intention de son pays de donner l'asile dans l'immédiat au président pakistanais démissionnaire Pervez Musharraf, dans des propos publiés mardi.

«Les informations sur la présence à Islamabad d'un avion saoudien pour transporter Musharraf en Arabie saoudite sont dénuées de tout fondement», a déclaré l'ambassadeur, Ali Awwad Assiri, au quotidien saoudien Okaz.

Le diplomate saoudien réagissait à des informations de presse sur l'intention de Riyad d'accueillir immédiatement M. Musharraf qui a annoncé sa démission lundi.

Il a souligné que l'Arabie saoudite souhaitait la stabilité du Pakistan, «un pays stratégiquement important», ajoutant que son pays «n'intervient pas dans les affaires intérieures pakistanaises».

La presse saoudienne abonde dans le même sens mais s'interroge aussi sur l'avenir du Pakistan, un pays qui a toujours été proche de l'Arabie saoudite.

«La sortie de Musharraf débouchera-t-elle sur un apaisement au Pakistan et plus de stabilité dans ce pays ou ce ne sera qu'un épisode éphémère ?» écrit ainsi Okaz dans un commentaire.

«Ce qui intéresse les alliés du Pakistan, dont notamment l'Arabie saoudite, après la démission de Musharraf, c'est la stabilité de ce pays», souligne pour sa part le quotidien Al-Watan.

«Tout ce que l'Arabie saoudite, qui a des liens historiques et forts avec le Pakistan, souhaite est de voir les parties pakistanaises mettre en avant l'intérêt du Pakistan et son unité», ajoute le journal.

La loi fondamentale de l'Arabie saoudite prévoit dans son article 42 de donner l'«asile politique» aux personnalités étrangères «si l'intérêt public l'exige» et le royaume avait donné l'exil en 1999 à l'ancien premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif.

L'Arabie saoudite avait également donné, pendant de longues années, l'asile à l'ancien président ougandais Idi Amine Dada jusqu'à sa mort en août 2003 dans le royaume.

M. Musharraf a démissionné à la veille du lancement par le gouvernement d'une procédure de destitution qui visait essentiellement à accuser le chef de l'État d'avoir violé la Constitution en imposant l'état d'urgence en novembre 2007 pour empêcher la Cour suprême de juger illégale sa réélection contestée.

À Islamabad, un haut responsable du gouvernement pakistanais a indiqué à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, que M. Musharraf devait s'envoler dans quelques jours en famille pour accomplir l'Omra, le «petit pèlerinage» à La Mecque, ville sainte d'Arabie saoudite.

Le président démissionnaire s'exilera ensuite en Grande-Bretagne ou en Turquie, a indiqué son entourage tandis qu'un responsable de la présidence sortante a affirmé également à l'AFP qu'il rentrerait au Pakistan aussitôt son pèlerinage accompli.