Le candidat démocrate à la présidence des États-Unis, Barack Obama, qui a fait de l'Afghanistan une de ses priorités de campagne en matière de politique étrangère, a rencontré dimanche à Kaboul le président Hamid Karzaï, après une visite à des soldats américains.

M. Obama, arrivé samedi en Afghanistan, doit se rendre ensuite en Irak, Jordanie, Israël et en Europe.

Durant une rencontre de près de deux heures MM. Karzaï et Obama ont abordé notamment le terrorisme et le trafic de drogue en Afghanistan, a indiqué Homayun Hamidzada, porte-parole de M. Karzaï.

Les discussions ont porté sur «les progrès que nous avons accomplis», mais aussi «sur les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, les défis ardus dans la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et la menace permanente du terrorisme et du fondamentalisme», a-t-il déclaré à la presse alors que M. Obama s'apprêtait à quitter l'Afghanistan.

M. Obama, interrogé par la chaîne de télévision CBS a estimé que l'augmentation des troupes américaines en Afghanistan devait se faire «maintenant», sans attendre la nouvelle administration qui sortira de la présidentielle de novembre.

«Si nous attendons la nouvelle administration, il pourrait se passer une année avant que ces troupes supplémentaires soient sur le terrain» (..) «Nous devons comprendre que la situation en Afghanistan est précaire» et appelle une réaction «urgente», a-t-il déclaré. L'Afghanistan doit être «l'objectif principal» des États-Unis, «le front central de notre bataille contre le terrorisme», a-t-il répété.

Il a rappelé qu'il avait plaidé «depuis au moins un an» pour l'envoi de «deux brigades supplémentaires, voire trois».

M. Obama a récemment critiqué le président afghan, déclarant dans une interview à CNN «que le gouvernement Karzaï (n'était) pas sorti de son bunker pour aider à organiser l'Afghanistan et le gouvernement, la justice, la police, de manière à redonner confiance aux gens».

Interrogé sur ce sujet, M. Hamidzada a répondu que la rencontre avait été «amicale». «Nous ne considérons pas (ces déclarations) comme une critique car il y a du réalisme» dans ces commentaires, a-t-il souligné.

«Tout en ayant réalisé des progrès significatifs dans la reconstruction de notre pays (...), nous consacrons une grande partie de notre énergie et de nos ressources à combattre le terrorisme qui est exporté du sud», a-t-il affirmé dans une allusion au Pakistan où sont retranchés, selon les Américains, des talibans.

Avant son entrevue avec M. Karzaï, M. Obama, accompagné de deux autres sénateurs, avait pris son petit-déjeuner avec des militaires américains à Kaboul, au camp Eggers où sont formés et équipés soldats et policiers afghans, a indiqué à l'AFP le lieutenant-colonel Dave Johnson.

Samedi, M. Obama, Chuck Hagel et Jack Reed avaient rencontré des officiers américains sur la base de Bagram, au nord de Kaboul avant de se rendre sur une base de l'Est afghan, proche du Pakistan et rencontrer quelques uns des 36 000 soldats américains stationnés dans le pays.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière en Afghanistan depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les États-Unis.

Les violences ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70 000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'OTAN (l'Isaf), l'autre sous commandement américain.

Le candidat républicain à la présidence américaine, John McCain, a profité de la visite d'Obama à Kaboul pour lui reprocher d'avoir «annoncé sa stratégie pour l'Afghanistan et l'Irak avant même une mission de recueil d'éléments sur le terrain».