Barack Obama vient cette semaine à la rencontre d'une Europe avide de changement dans le paysage politique américain après huit ans de présidence Bush. Le candidat démocrate à la présidentielle de novembre peut s'attendre à un accueil enthousiaste pour son discours de jeudi au pied de la Colonne de la Victoire, haut lieu de Berlin qui constituera -avant Paris et Londres- la première des trois étapes européennes de sa tournée où les sondages en font le grand favori face au républicain John McCain.

La jeunesse, l'éloquence et l'énergie du sénateur noir de l'Illinois ont fait tourner les têtes, comme son appel au changement. Et le charisme du prétendant démocrate à la Maison-Blanche fait des étincelles.

Le sénateur de l'Illinois, attendu jeudi dans la capitale allemande après une tournée qui l'a conduit en Afghanistan, en Irak et au Proche-Orient, doit rencontrer la chancelière Angela Merkel puis le chef de la diplomatie Frank-Walter Steinmeier.

Il se rendra vendredi à Paris, pour un entretien avec le président Nicolas Sarkozy, avant Londres, où il rencontrera samedi l'ancien premier ministre britannique Tony Blair, son successeur Gordon Brown et le leader des conservateurs David Cameron. Il doit s'envoler en soirée à destination de Chicago.

Cette semaine, le magazine allemand «Der Spiegel» titrait en couverture «l'Allemagne rencontre la superstar» au-dessus d'une photo d'Obama. «Les Américains ont besoin d'un changement, et ce qui est bon pour l'Amérique est bon pour l'ensemble du monde», observe Maike Smerling, médecin originaire d'ex-Allemagne de l'Est.

Se penchant sur cette Obamania qui a saisi Europe, certains experts avancent une explication simple: «Ce n'est pas Bush», remarque l'Américain Josef Braml, qui travaille avec le Conseil allemand sur les relations étrangères.

Le parlementaire Jurgen Trittin du parti des Verts (opposition) pointe le contraste entre la tournée d'Obama et les visites de Bush. «Nous devrions être contents de la venue d'un Américain contre lequel les gens n'aient pas à manifester», a-t-il dit à la chaîne de télévision N24. «Le reste de l'Europe est jalouse que Barack Obama parle ici à Berlin».

«Il est différent des autres politiques. Il représente les minorités, il a les pieds sur terre et est intelligent», estime Ioannis Ioannidis, un vendeur de 27 ans travaillant à Stockholm.

Obama touche aussi les Européens sur des questions qui les préoccupent. La semaine dernière, dans un discours sur la politique étrangère, il a promis de lutter contre le réchauffement climatique, d'insister sur la diplomatie avec l'Iran et de proposer une stratégie de sortie pour l'Irak, dossiers sur lesquels les approches divergentes de Bush ont provoqué la colère chez nombre d'Européens. Le candidat démocrate a aussi appelé à un plan Marshall du XXIe siècle pour soulager la misère car, a-t-il dit, «cela peut être notre meilleur investissement pour augmenter la sécurité» dans le monde.

Mais l'enthousiasme suscité par le sénateur de l'Illinois semble aller bien au-delà de la perspective d'en finir avec les années Bush. Obama «projette la vision d'une meilleure Amérique», souligne Georg Schild, un spécialiste des relations germano-américaines à l'Université de Tuebingen.

Les Européens voient en lui l'artisan de la transformation qui semble attendre les États-Unis, capable de purger Washington de beaucoup de ce que les Européens jugent faussé dans le leadership américain.

Le sentiment de l'importance de la présidentielle du 4 novembre est tel qu'un Comité français de soutien à Barack Obama est né dans l'Hexagone. Le maire de Paris Bertrand Delanoë, le philosophe et écrivain Bernard Henri-Lévy ou encore la styliste Sonia Rykiel en font partie.

«Cette élection a des répercussions sur le monde entier», précise le président du comité Samuel Solvit. «Ce qui arrive aux États-Unis va nous affecter ici. C'est le résultat de la mondialisation politique».