Le principal parti d'opposition indien a réclamé mardi la démission du premier ministre Manmohan Singh en accusant le gouvernement d'avoir tenté de corrompre des parlementaires pour remporter un vote de confiance crucial.

Le parti du premier ministre a rejeté l'accusation de corruption.

La demande de démission est survenue alors que le débat préalable au vote de confiance tournait au chaos, des parlementaires de l'opposition montrant de grandes quantités de billets de banque qui leur auraient été donnés, selon eux, pour acheter leurs votes.

Rajnath Singh, président du Bharatiya Janata Party (BJP), a affirmé devant la presse que le Parti du Congrès, au pouvoir, avait tenté d'acheter le vote de parlementaires du BJP pour le vote de confiance prévu dans la journée.

«Au cours des trois ou quatre derniers jours, il y a eu des pressions sur nos parlementaires pour qu'ils acceptent de l'argent et s'abstiennent ou votent pour le gouvernement, et cela a été fait par le (Parti du) Congrès et ses partisans», a dit le président du BJP.

«Maintenant que cela a été découvert, le premier ministre de ce pays doit démissionner. Ce scandale a abaissé la dignité de notre parlement», a déclaré Rajnat Singh.

Il a assuré que son parti avait des preuves enregistrées sur vidéo de la remise de sommes d'argent. «Jamais dans l'histoire de notre parlement un scandale aussi honteux et révoltant ne s'est produit», a-t-il déclaré.

Un député du BJP, Ashok Argal, a interrompu le débat en exhibant des sacs bourrés de billets de banque, 30 millions de roupies (715 000 dollars) selon lui. Il a affirmé que cet argent lui avait été donné afin qu'il s'abstienne lors du vote de confiance.

Deux autres députés du BJP ont émis des accusations identiques.

Un porte-parole du Parti du Congrès, Rajeev Shukla, a aussitôt rejeté les allégations du BJP. «Quelles sont les preuves qui montrent que le Congrès a donné cet argent ?», a-t-il déclaré.

Un autre député du Parti du Congrès a estimé que le BJP avait porté ces accusations parce qu'il savait qu'il ne parviendrait pas à faire tomber le gouvernement lors du vote de confiance.

La couverture de la session extraordinaire du parlement par la télévision d'État indienne a immédiatement été interrompue, et des images de Mère Teresa, prix Nobel de la Paix, ont été diffusées en remplacement.

La confusion qui régnait a contraint le président du parlement, Somnath Chatterjee, à ajourner la session pour rétablir l'ordre.

Selon des responsables parlementaires, M. Chatterjee a demandé à la police d'ouvrir une enquête sur l'accusation de corruption portée par l'opposition.

Le vote de confiance a été légèrement reporté et était prévu pour 19h15 heure locale (9 h 45 HAE).

Le vote, convoqué à la demande de l'opposition, portait sur l'accord sur le nucléaire civil conclu entre New Delhi et Washington et très critiqué par l'opposition indienne.

D'après les dernières estimations, l'issue du vote était très incertaine, mais le gouvernement disposait d'une très légère avance, selon les médias.

Le gouvernement avait besoin d'une majorité simple parmi les 543 députés. Une défaite du gouvernement provoquerait des élections anticipées, probablement fin septembre.