(Las Vegas) Ils étaient des milliers dimanche, malgré la canicule, à avoir fait le déplacement pour acclamer à Las Vegas l’homme qu’ils désirent plus que tout voir revenir à la Maison-Blanche : Donald Trump, dont la récente condamnation pénale à New York ne pèse pas lourd ici.

« Je me fiche pas mal de ce qui s’est passé au procès, ça ne change rien, je voterai pour lui », déclare à l’AFP Lindsay Elliott, venue en famille au Sunset Park de la capitale mondiale du jeu, dans le sud-ouest des États-Unis.  

La mère de famille pense même que le fait que le républicain a été reconnu coupable dans une affaire de paiements à une vedette de films pornographiques va l’« aider » dans sa campagne.

« Les Américains en ont assez et ils sont en colère », dit-elle.  

PHOTO RONDA CHURCHILL, REUTERS

Plusieurs milliers de personnes ont assisté à l’allocution de Donald Trump, malgré la chaleur.

Donald Trump a parlé une bonne heure pour son premier rassemblement d’envergure depuis le verdict choc à New York le 30 mai, car le Nevada est un des États clés qu’il devra gagner pour défaire Joe Biden et remporter la présidentielle le 5 novembre.  

Un match retour qui promet d’être serré.

« Nous allons faire tomber la famille Biden », a lancé l’ancien président républicain (2017-2021) qui n’a jamais reconnu la victoire en novembre 2020 du démocrate Joe Biden, 81 ans, qu’il a encore moqué, traité d’« incompétent » et de « pire président de l’histoire de notre pays ».

Procès catalyseur

Le milliardaire, qui aura 78 ans le 14 juin, peut compter sur une base de partisans fidèles, comme l’illustre la queue qui s’étirait sur des kilomètres, le long de Sunset Park, pour assister à son rassemblement. Malgré les 34 °C qu’il faisait dimanche matin.  

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Donald Trump

La fille de Lindsay, Mackenzie, votera pour la première fois lors de cette élection. Elle se dit « survoltée » d’être là et convaincue que Donald Trump sort renforcé de son procès.  

« Je pense que cela encouragera davantage d’électeurs à se rendre aux urnes », prédit-elle.  

Dans la foule rassemblée, beaucoup portent le rouge traditionnel du Parti républicain ou les couleurs du drapeau américain.  

Vu l’affluence, certains se persuadent qu’ils n’ont aucune chance de rentrer dans l’enceinte du rassemblement. Ils sortent donc de la file d’attente, mais demeurent dans le parc alentour pour écouter la retransmission sur leur téléphone.

C’est le cas d’Anne, venue avec un ami. « Il y a beaucoup de monde, c’est positif », se félicite la femme, qui se dit « surprise » de l’affluence. Elle avait vu Donald Trump pour la première fois en vrai lors de son discours d’investiture en tant que président à Washington en 2017.  

Procès révélateur

Parmi ces militants, le récent verdict de culpabilité rendu contre l’ex-président est un puissant symbole de la dérive des États-Unis.  

« Cela nous brise le cœur de voir l’Amérique aller dans cette direction », confie Shay Chan, 25 ans, à son premier rassemblement de campagne de Trump. « Et ça fait mal non seulement à Trump, mais à tous les Américains. Si cela peut arriver à Trump, cela peut arriver à n’importe qui ».  

D’autres spectateurs ont eux immédiatement mis la main à la poche et répondu à l’appel de leur mentor. « J’ai donné de l’argent pour sa campagne dès qu’ils ont rendu le verdict », affirme Beth Mathews, 72 ans. Karen Hall, une femme originaire du Chili, regrette de ne pas pouvoir voter, car elle n’est pas citoyenne américaine.  

Mais elle estime important d’être présente ce dimanche. « Cela me rend très triste qu’ils cherchent n’importe quelle excuse pour le mettre en prison et le blâmer pour quelque chose de faux », déclaré cette femme pour qui l’immigration selon elle incontrôlée a été un facteur déterminant dans son soutien.

« Je n’aime pas le désordre qui règne. Je suis une immigrée et j’ai dû attendre des années pour obtenir mon visa et arriver légalement, et ça me dérange que tant d’immigrés arrivent illégalement et passent comme si de rien n’était, ça me dérange beaucoup, c’est pour ça que je soutiens le président Trump ».

Parmi les produits vedettes de la journée, un tee-shirt s’arrache, qui affiche : « Je vote pour le délinquant ».

Alors si Donald Trump n’est pas réélu le 5 novembre, l’intéressé a lui-même prévenu ses partisans en fin de discours : « On se dirigera vers la Troisième guerre mondiale ».