(Washington) Gaza, l’Ukraine, la frontière avec le Mexique… Avec une série d’annonces retentissantes, Joe Biden, le président-candidat, tente de convaincre les électeurs qu’il a tout d’un leader sachant trancher, affirment des analystes.  

En moins d’une semaine, le démocrate de 81 ans a dévoilé des propositions censées s’attaquer aux trois plus gros défis de la Maison-Blanche à cinq mois de la présidentielle américaine de novembre.

Des experts estiment que cette accélération s’explique par son désir d’apaiser des crises venues perturber la fin de son mandat, et par sa volonté de montrer qu’il est mieux placé que son rival républicain Donald Trump pour y remédier.

« Une partie de ce que vous voyez, c’est : “il y a des choses à faire, alors le président des États-Unis s’y attelle” », affirme à l’AFP Peter Loge, professeur à l’université George Washington.

« L’autre partie, c’est du point de vue de la campagne, parce que tout est vu à travers le prisme de la campagne. Faire du bon boulot ne suffit pas, il faut être vu en train de faire du bon boulot », poursuit-il.

Feu vert

Le 30 mai, un responsable américain a annoncé que Joe Biden avait donné son feu vert pour que l’Ukraine puisse utiliser des armes américaines, sous certaines conditions, afin de frapper des cibles sur le sol russe.

Un grand changement pour un président qui s’est longtemps inquiété que cette guerre ne déclenche un conflit nucléaire.

M. Biden semble être arrivé à la conclusion qu’il n’y avait pas d’autre choix que d’autoriser l’Ukraine à élargir sa capacité de riposte face à la nouvelle offensive russe. Une offensive favorisée par une suspension de l’aide américaine, qu’avaient bloquée les républicains au Congrès.

Le même jour que cette annonce, Donald Trump est devenu le premier ex-président américain à être condamné au pénal, dans l’affaire des paiements occultes à l’ex-star de films X Stormy Daniels durant la campagne de 2016.

Le lendemain, Joe Biden a prononcé une allocution pour détailler, à la surprise générale, une proposition qu’il a présentée comme israélienne pour un cessez-le-feu à Gaza, après presque huit mois de guerre dévastatrice dans le territoire palestinien.

La Maison-Blanche cherche désespérément une solution pour mettre fin à ce conflit meurtrier, qui en pleine campagne expose M. Biden à des manifestations répétées en raison de son soutien à Israël.

« Sentiment d’urgence »

Enfin, mardi, Joe Biden a annoncé depuis la Maison-Blanche qu’il fermait temporairement la frontière entre le Mexique et les États-Unis aux migrants clandestins demandant l’asile.

Selon les sondages, le sujet est celui qui représente une des plus grandes menaces électorales pour le président sortant.

Mercredi, M. Biden est arrivé en France où il participe jeudi aux commémorations du Débarquement du 6 juin 1944, qu’il entend mettre à profit pour vanter le leadership américain et marquer le contraste avec Donald Trump.

« C’est un moyen pour Joe Biden de montrer qu’il est le président des États-Unis, qu’il agit de manière décisive et claire sur des questions mondiales importantes alors que Donald Trump essaie d’échapper à la prison », estime M. Loge.

Pour le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, le président « agit avec un sentiment d’urgence approprié sur des questions-clés de politique étrangère ».

Cette activité tous azimuts lui permet aussi de tenter de faire mentir ses détracteurs qui le jugent trop vieux pour assumer un second mandat. Mardi, un article du Wall Street Journal a affirmé que M. Biden montrait des signes de « déclin » cognitif.

« Joe Biden a présenté trois nouvelles politiques majeures », a résumé le diplomate Richard Haass sur MSNBC. « On peut aimer les politiques, on peut ne pas les aimer, mais il s’agit clairement d’un président qui a un programme ».