(Waukesha) Donald Trump a brièvement quitté le box des accusés mercredi pour tenir ses premiers rassemblements de campagne depuis le début de son procès pénal, imputant tous ses ennuis judiciaires et les maux du pays à son rival, Joe Biden.  

« Tout ce qu’il touche devient de la merde », a lancé l’ancien président lors d’un discours dans le Michigan, multipliant les invectives au sujet de son procès pénal et de sa défaite électorale de 2020.

« Je dois faire deux choses à la fois chaque jour », a-t-il fustigé devant ses partisans portant les fameuses casquettes rouges. « Vous savez pourquoi ? Parce que je suis tout le temps à New York pour le procès Biden ».

Donald Trump accuse régulièrement le président d’être à la manœuvre dans les procès qui le visent, sans jamais apporter de preuves.

Le milliardaire a en tout cas profité de cette pause dans les audiences pour se rendre dans le Michigan et, plus tôt mercredi, le Wisconsin, deux États du nord décisifs pour la présidentielle de novembre.

« Si je ne gagne pas cette élection, je ne pense pas que notre pays va survivre », a lancé Donald Trump, l’air grave, auprès de ses partisans, lors d’une réunion publique dans le Wisconsin.

« Anti-Robin des Bois »

Ces deux rassemblements sont autant d’occasions pour Donald Trump de peindre un tableau très sombre de la présidence de son successeur démocrate.  

« Biden préside le pays comme un anti-Robin des Bois, volant aux pauvres pour donner aux riches », a-t-il lancé à la foule dans le Wisconsin.  

Avant d’accuser son successeur d’être trop silencieux sur les manifestations étudiantes pro-palestiniennes, et de laisser le pays se faire « envahir » par des hordes de migrants.  

Son déplacement est aussi l’opportunité de s’extraire du tribunal de Manhattan, où il est jugé depuis deux semaines dans une affaire de paiements à une star de films pornographiques.

Ce procès historique a tout pour déplaire à Donald Trump.

Le républicain lance et clôt chaque journée d’audience par des déclarations sur le vif, lors desquelles, agacé, il évoque pêle-mêle ses ennuis judiciaires, la couverture médiatique du procès, et la température, « glaciale » paraît-il, du tribunal.

Il rentre ensuite dans la salle d’audience, par une porte vitrée, entourée de barrières métalliques. Réduit de facto au silence, le tribun, connu pour ses frasques, n’y manifeste aucune émotion. Face au bal de témoins participant à son procès, Donald Trump paraît parfois s’ennuyer, voire même s’assoupir.  

Force est de constater que son clan, auparavant si soudé, montre aussi des fissures : seul son fils Eric est pour l’instant venu l’épauler en personne au tribunal.

« Il déteste être au tribunal, où il n’est qu’un prévenu parmi d’autres », affirme le politologue Larry Sabato. « Il n’a aucun contrôle. » Un statut que ne cesse de lui rappeler le juge Juan Merchan.  

« Don l’endormi »

Les déboires du milliardaire font les choux gras de l’équipe de campagne de Joe Biden, qui affuble désormais le républicain du surnom « Don l’endormi ». Une forme de retour à l’envoyeur, Donald Trump ayant donné, il y a longtemps, à son rival le surnom « Joe l’endormi » (« Sleepy Joe »).

Ce procès coïncide aussi avec une légère avancée de Joe Biden dans les sondages depuis le mois de mars, les deux candidats étant désormais au coude-à-coude.

Mais Donald Trump et ses partisans espèrent aussi tirer parti de l’attention médiatique autour de son procès pénal, tablant sur le fait qu’il lui offre une tribune amplifiée pour faire campagne.

C’est avec cette idée en tête que le républicain s’est déplacé dans le Wisconsin et le Michigan.

Le républicain n’avait organisé aucun de ses rassemblements emblématiques depuis le début de son procès : le seul qu’il avait prévu a été annulé, à cause de la météo.  

Il est pourtant bien connu qu’il puise son énergie dans ses grands rassemblements.  

Sur scène, Donald Trump, 77 ans, se lance dans des diatribes, esquisse des pas de danse, jette ses fameuses casquettes rouges à la foule.

Dans l’un de ses numéros préférés, le showman moque l’âge de son rival – alors que seuls quatre ans les séparent – et joue un Joe Biden hagard, désemparé, incapable de descendre de scène.

Une manière pour Trump l’inculpé de rappeler que son rival jongle, lui aussi, avec son lot de difficultés, liées à son âge.