Le Grand sud se durcira aujourd'hui pour les marins du Vendée Globe. La queue de flotte vivra sa première tempête, alors que ce n'est que partie remise pour le groupe de tête qui verra des conditions encore plus difficiles dès demain. Le Canadien Hatfield est remonté à la 22ème place.

C'est une dépression en provenance du Brésil qui touchera les retardataires dès aujourd'hui qui générera ces conditions difficiles. Malheureusement pour les marins, elle ne reflète pas l'ampleur des mauvaises conditions à venir d'ici la fin du week-end. La dépression brésilienne « s'accouplera » dès demain avec un front froid en provenance du continent antarctique ayant pour conséquence de rendre la tempête encore plus violente et qui fera en sorte que le groupe de tête sera dès lors touché.

À l'heure actuelle, les meneurs naviguent dans un vent qui mollit et qui est tout à fait annonciateur du mauvais temps à venir. La conjonction des deux phénomènes météo en formation génère ce ralentissement à l'avant, mais celui-ci n'est que temporaire.

La moyenne de vitesse des vents prévus aujourd'hui est de 35 noeuds avec des rafales de 50 noeuds combinées à des creux de vagues de 6 mètres. Par la suite, les vents passeront à une vitesse moyenne de 50 noeuds combinés à des rafales allant jusqu'à 65 noeuds (120 km/h). Ces forts vents généreront des creux de vagues qui selon les modèles actuels se formeront jusqu'à des hauteurs de 10 à 12 mètres.

10 à 12 mètres, c'est l'équivalent d'une maison de 3 ou 4 étages...

Pour l'instant, les meneurs se rapprochent de la première porte des glaces, située au sud-ouest du cap de Bonne-Espérance et qui ouvre sur l'Océan indien.

Ils se doivent de se positionner minimalement au nord de cette porte une fois (réglementation oblige) pour ensuite rependre un cap de leur choix en direction de la deuxième porte, dite des Kerguelen.

Cette deuxième porte à venir a été ramenée au nord par la direction de la course au cours des dernières heures. En effet, le QG n'a pas eu le choix de bouger cette porte de 130 milles au nord et de 600 milles vers l'ouest dû à la dispersion des glaces qui, réchauffement climatique oblige, se trouvent beaucoup plus au nord qu'auparavant dans les eaux australes.

Au classement, Sébastien Josse (BT) devance toujours Yann Éliés (Generali) par 11 milles alors que Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) est troisième à 43 milles.

Bilou (Roland Jourdain sur Veolia Environnement) expliquait ce matin avoir fait des surfs à 26 noeuds hier. Ça commence à être drôlement rapide (près de 50 km/h) et ces vitesses se rapprochent beaucoup des maximums que ces Open 60 peuvent générer avec un vent portant.

Bien que les concurrents expliquent lors des communications satellite ne pas pousser leurs bateaux à fond, force est d'admettre qu'une navigation au contact comme c'est le cas actuellement oblige l'ensemble des meneurs à y mettre toute la gomme afin de tenter un détachement du reste de la troupe.

Jean Le Cam (VM Matériau) avouait ce matin trouver ses copains au-devant du classement bien rapides pour des marins qui se veulent « conservateurs » dans leurs réglages !

« Nous sommes une bande de fous furieux. Mais jusqu'où ça va aller? On est largement à la limite de se mettre dans le rouge. Ce n'est pas raisonnable... (Rires)... Hier j'ai fait un surf identifié à 27 noeuds au GPS. Quand tu navigues comme ça et que tu te retrouves comme aujourd'hui avec 20-22 noeuds de vent, tu dis, ça y est ça n'avance plus », expliquait le Breton.

Vincent Riou (PRB) s'est blessé au pied hier au cours d'une petite mésaventure. Les réglages sur les bateaux étant agressifs afin de maximiser la vitesse pure, dès lors, un changement brusque dans le vent ou dans la condition de la mer peut causer des catastrophes au moment où l'on s'y attend le moins.

Alors, voilà Vincent à l'intérieur de son bateau qui file à grande vitesse quand tout à coup PRB s'en va à l'abattée (qui est un écart de route involontaire du bateau) et se couche de tous ses 60 pieds. Skipper projeté à l'intérieur, objets balancés dans tous les sens, pied blessé, vite sur le pont à changer les réglages par la suite.

« Ça enlève le goût de mettre du charbon », disait-il ce matin, d'une voix encore incertaine.

Dans un autre registre, enfin des nouvelles du Canadien Derek Hatfield (Spirit of Canada).

C'est un coulisseau de grand-voile qui a embêté Hatfield avant-hier et qui l'a fait stopper pour réparation. Le coulisseau est une pièce qui glisse dans le rail du mât et qui permet le mouvement de la grand-voile sur celui-ci. À son réveil, avant-hier matin, il s'est rendu compte que la pièce était cassée et que le rail du mât était abimé.

C'est justement des problèmes de rail de mât qui ont obligé Hatfield à retourner aux Sables d'Olonne au départ de la course. À la suite de l'inspection du mât, il s'est aperçu que le rail n'était pas trop abimé et qu'il pouvait continuer sa course. De trois coulisseaux en stock, il ne lui en reste plus qu'un et il se disait assez inquiet de ne pas encore avoir trouvé la cause de ces bris à répétition.

Pour l'instant, tout semble être revenu dans l'ordre et Hatfield est remonté à la 22e position avec 1500 miles nautiques de retard.

Surveillons les prochaines heures de manière bien attentive. Lors de fortes tempêtes, la survie, la bonne marche du bateau et la navigation sécuritaire remplacent les stratégies et la vitesse pure. Du moins, c'est-ce qui est écrit dans les livres...

Voile extrême : voilà ce qu'est le Vendée Globe!

Les positions + retard sur le 1er (milles nautiques)

1- Sébastien Josse -FRA (BT),

2- Yann Eliès-FRA (Generali), 11.4

3- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), 43.2

4- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), 67.5

5- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 83.0

6- Vincent Riou-FRA (PRB), 85.7

7- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), 92.1

8- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 102.5

9- Mike Golding-GB (Ecover), 110.5

10- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia), 193.3

11- Marc Guillemot-FRA (Safran), 235.1

12- Dominique Wavre-SUI (Temenos), 260.1

13- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 499.0

14- Samantha Davies-GB (Roxy), 607.3

15- Dee Caffari-GB (Aviva), 676.7

16- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), 765.9

17- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 767.7

18- Steve White-GB (Toe in Water), 790.9

19- Jonny Malbon-GB (Artemis), 803.3

20- Rich Wilson-USA (Great American), 932.6

21- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), 1032.4

22- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), 1505.1

23- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 1510.2

24- Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), 1516.8

25- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 1555.4

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), Abandon

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), Idem

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem