Gérard Krawczyk est loin de lever le nez sur les remakes, dans la mesure où l’auteur ne se contente pas de faire une simple transposition de l’original. Après Fanfan la Tulipe, adapté du film éponyme de 1952, le cinéaste français reprend L’auberge rouge, nouvelle mouture du film de Claude-Autant Lara, sorti en 1951, lui-même adapté d’un film muet de 1923...

Il en est du cinéma comme du principe chimique de Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme...

«Le piège du remake serait de se contenter de faire un copier-coller de l’original. C’est sans aucun intérêt si l’on fait la même chose que son prédécesseur», affirme le réalisateur d’origine polonaise au cours d’un entretien avec Le Soleil, à l’occasion de la sortie québécoise de son film, en salle la semaine prochaine.

«Je me considère davantage comme un passeur d’histoires, précise-t-il. Je fais découvrir à une nouvelle génération une relecture d’une histoire. C’est formidable. Je ne vois pas pourquoi le cinéma s’en priverait. On reprend bien des pièces de théâtre, des opéras, de vieilles chansons. On n’est plus dans la même époque. C’est accueilli différemment.»

Devant Spielberg

Sans tambour ni trompettes, Gérard Krawczyk, 55 ans, s’est taillé une place enviable dans sa profession. Surtout grâce aux quatre épisodes de la série Taxi, produite par Luc Besson, ses films ont attiré en France, de 1997 à 2007, quelque 24 millions de spectateurs. Au palmarès des cinéastes qui «cartonnent», son exploit lui permet de se classer derrière Peter Jackson (Le seigneur des anneaux), mais devant un certain Steven Spielberg.

Pas trop mal pour quelqu’un qui a sauté dans l’aventure Taxi au pied levé, pour remplacer le réalisateur Gérard Pirès, malade. «Je lui ai remis les clefs du plateau lorsqu’il est revenu après un mois. Sans moi, le film ne se faisait pas. Gérard m’a rappelé pour faire pour le second épisode.»

Avec ses cascades automobiles spectaculaires, Taxi a fait école dans le paysage cinématographique français. «À l’époque des Fantomas et de Jean-Paul Belmondo, la comédie d’action française marchait bien. Avec le temps, on a délaissé le genre et les Américains ont été les seuls à en faire. Avec Taxi, on l’a fait à notre manière, sans toutefois avoir les mêmes moyens.

«Pour la première fois à l’écran, poursuit le cinéaste, la vedette d’un film était un comédien maghrébin issu de l’immigration (Samy Naceri), qu’on ne montrait pas en train de dealer de la drogue ou voler... Le premier Taxi a aussi permis de faire découvrir Marion Cotillard. Qui aurait pu prédire qu’elle gagnerait un Oscar? J’espère que L’auberge rouge permettra de faire connaître de la même façon Fred Epaud, Anne Girouard et François-Xavier Demaison.»

Foi de Gérard Krawczyk, il n’y aura pas de Taxi 5, même s’il considère le quatrième volet comme le plus drôle de la franchise. Ceux qui en veulent encore et toujours pourront toujours se rabattre sur... le remake américain (New York Taxi), tourné en 2004 par Tim Story, avec Queen Latifah.

«Ce n’est pas très bien réussi. Il y a des gens qui pensent que si un film casse la baraque partout dans le monde, le remake fera de même. Or, le remake américain n’a pas cassé la baraque partout dans le monde...», termine-t-il avec ironie.