(Paris) Le comportement de l’acteur français Gérard Depardieu envers les femmes a fait l’objet d’un nouvel examen en France après qu’un documentaire l’a montré faisant à plusieurs reprises des remarques et des gestes obscènes lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018.

Les images, filmées par une équipe professionnelle qui a couvert la visite de Depardieu lors du 70e anniversaire de la fondation de la Corée du Nord, ont été incluses dans un documentaire d’investigation diffusé jeudi sur la chaîne de télévision nationale France 2. Elles n’avaient jamais été montrées au public auparavant. Certains extraits sont rapidement devenus viraux sur les réseaux sociaux.

Depardieu, âgé de 74 ans, fait partie des vedettes les plus connues de France. Il a fait l’objet d’une enquête en décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles, prétendument survenus à son domicile parisien à la suite des allégations de l’actrice Charlotte Arnould en 2018. L’enquête est en cours.

Depardieu a nié toute conduite criminelle.

Dans la vidéo enregistrée en Corée du Nord par une société de production vidéo anonyme, on peut voir Depardieu faire des gémissements et des commentaires sexuels devant des femmes, dont une fille de 10 ans. On peut également le voir posant pour une photo en disant qu’il « touchait les fesses » d’une interprète nord-coréen à ses côtés.

Le documentaire montre également la comédienne française Hélène Darras, qui a accusé Depardieu de lui avoir touché les fesses lorsqu’elle était jeune figurante pour le film « Disco » de 2008. Le parquet de Paris a indiqué jeudi que Darras avait porté plainte contre Depardieu en septembre pour agression sexuelle présumée.

Lors d’un bref appel téléphonique avec les journalistes qui ont travaillé sur le documentaire, Depardieu a déclaré : « Tout cela me dérange profondément » et a décliné une offre d’entrevue.

Il a publié une lettre ouverte dans le journal français Le Figaro en octobre dans laquelle il disait : « Je veux vous dire la vérité. Je n’ai jamais, jamais abusé d’une femme. »

À propos de l’accusation de viol de Charlotte Arnould, Depardieu a écrit : « Il n’y a jamais eu de pression, de violence ou de protestation. »

« Toute ma vie, j’ai été provocateur, extraverti, parfois grossier. […] Je n’ai jamais voulu faire de mal et je m’excuse de me comporter comme un enfant essayant de divertir la foule. Mais je ne suis ni un violeur ni un prédateur », s’est-il défendu dans la lettre ouverte.

Le réalisateur Fabien Onteniente, qui a travaillé avec Depardieu sur le film Disco, a déclaré vendredi dans une entrevue accordée à la chaîne française France Info qu’il n’avait été témoin d’aucune mauvaise conduite de la part de l’acteur à l’époque. Cependant, il a dit avoir « vu quelque chose » quelques années plus tard, alors qu’il tournait un autre film avec Depardieu.

« J’ai donc eu une conversation privée avec lui. Je lui ai dit que c’était inadmissible », a raconté M. Onteniente. Le réalisateur n’a donné aucun détail sur la mauvaise conduite présumée, mais a indiqué qu’il avait décidé de ne plus faire de projets avec Depardieu.

Le réalisateur Marc Missonier affirme dans le documentaire qu’il avait déjà entendu parler de « l’attitude inappropriée » de Depardieu.

« On peut dire que le monde du cinéma français n’a pas ignoré le comportement problématique de Gérard Depardieu », a-t-il déclaré, ajoutant que le « statut » de l’acteur en tant que vedette mondiale l’avait déjà protégé.

Le site d’information d’investigation français Mediapart a publié plus tôt cette année des informations selon lesquelles Depardieu était accusé d’avoir harcelé, touché ou agressé sexuellement 13 jeunes femmes.

Le documentaire de France 2 affirme que le nombre d’accusateurs s’élève désormais à 16.

Le groupe militant féminin français Osez le féminisme a dénoncé la « culture du viol » et a exprimé son soutien à Charlotte Arnould et aux autres femmes touchées par la mauvaise conduite présumée de Depardieu. Le groupe, qui utilise le mot-clic #balancetonporc, a été largement considéré comme ayant contribué à créer la version française du mouvement #moiaussi.