SOLO, le troisième film de Sophie Dupuis, dont la bande-annonce est dévoilée ce mardi, se déroule dans l’univers des drag queens. La cinéaste voulait raconter une histoire d’amour, à laquelle l’actualité donne désormais une teinte politique.

Sophie Dupuis (Chien de garde, Souterrain) planche sur ce projet depuis des années et souhaitait d’abord porter un message d’amour et d’acceptation. Elle s’attendait à contribuer à une ouverture d’esprit et se retrouvera vraisemblablement à défendre une réalité.

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Sophie Dupuis

Là, je vais porter une cause, alors que je ne fais que présenter un film.

Sophie Dupuis

SOLO, qui prendra l’affiche le 15 septembre, raconte la fulgurante histoire d’amour entre deux drag queens : Simon (Théodore Pellerin), une étoile montante, et Olivier (Félix Maritaud). Ce coup de foudre amoureux et créatif au potentiel destructeur sera vécu en parallèle avec une autre relation difficile : Claire (Anne-Marie Cadieux), la mère de Simon, une cantatrice réputée, revient au pays après une longue absence. Le fils cherchera, on le devine, l’approbation sinon l’amour d’une mère absente.

Un milieu riche et complexe

Ce qui intéressait la cinéaste, ce sont les liens troubles entre ses personnages. Le fait qu’ils soient gais et drag queens n’est pas un sujet épineux dans son film et n’en a jamais été un dans son esprit non plus. Or, le contexte social dans lequel SOLO prendra l’affiche va inévitablement colorer la façon dont il sera perçu et reçu.

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Une image du tournage de SOLO, un film de Sophie Dupuis

Des dizaines de lois menacent les spectacles de drag queens dans de nombreux États américains qui cherchent notamment à interdire d’en présenter devant des personnes mineures.

Ce mouvement s’amplifie et a même eu un écho au Québec où, il y a quelques semaines, des gens ont manifesté contre la tenue d’une heure du conte destinée aux enfants par la drag queen Barbada. Une activité qu’elle pratique depuis plusieurs années.

La cinéaste ne se défile pas devant le débat qui s’annonce. « Ce n’est qu’un début, on commence par les drags pour étendre la haine et l’intolérance envers tous les gens de la communauté LGBTQ+ », dit Sophie Dupuis, qui en appelle à la vigilance et qui voit l’art des drag queens entre autres comme « un manifeste pour la liberté d’exister tel que l’on est ». Ce qu’elle juge « très important » dans une société.

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Tournage de SOLO

Empêcher les enfants d’être en contact avec autre chose que les modèles dominants ne les fera pas devenir autre chose que ce qu’ils sont, pense-t-elle, et c’est même néfaste pour ceux qui se sentent différents en raison de leur identité de genre ou leur orientation sexuelle. « Ça ne fait que leur donner l’impression qu’ils ne sont pas normaux, analyse la cinéaste. Un enfant qui grandit sans savoir que ça existe ou en sachant que c’est mal reçu va grandir en se détestant, et je pense que c’est là qu’on met nos enfants en danger. »

Grande fan de l’émission RuPaul’s Drag Race, Sophie Dupuis s’est entichée de l’art des drag queens parce qu’elle le trouve riche, complexe et divertissant. Chercher à divertir est d’ailleurs une chose noble et émouvante à ses yeux. « Je trouve ça particulier de sortir le film dans ce contexte, dit-elle encore, mais si on peut célébrer l’art de la drag à travers mon film, je pense qu’on va envoyer un message d’amour, et ça, c’est toujours bon. »

SOLO sera en salle le 15 septembre.