(Paris) Avec l’aval de Philippe Besson, le réalisateur Olivier Peyon a effectué un véritable travail d’adaptation en développant davantage dans son scénario la partie du roman évoquant le lien entre un auteur venant de publier un récit à teneur autobiographique et le fils du jeune homme que ce dernier a aimé dans sa jeunesse. Rencontre avec le cinéaste et Guillaume de Tonquédec, l’interprète du romancier.

Oui, il y a dans le film une ressemblance physique assez frappante entre Guillaume de Tonquédec et l’écrivain Philippe Besson. Le réalisateur Olivier Peyon (Une vie ailleurs, Tokyo Shaking) a vu dans cette parenté une occasion de pouvoir un peu en jouer, d’autant qu’Arrête avec tes mensonges est le plus autobiographique des romans de l’auteur de Ceci n’est pas un fait divers. De son côté, Guillaume de Tonquédec, qui l’incarne dans cette adaptation cinématographique, a tenu à rencontrer l’écrivain.

« Même si nous nous sommes un peu amusés à donner au personnage une certaine ressemblance avec Philippe Besson, ce n’était certainement pas pour tenter de faire une imitation, précise cependant l’acteur. Cela aurait été beaucoup trop réducteur. Moi qui, au théâtre, joue beaucoup des textes d’auteurs morts depuis longtemps, je trouvais extraordinaire d’avoir l’occasion de poser des questions à un romancier vivant et de pouvoir discuter avec l’être humain ayant vécu l’histoire qu’il raconte dans son livre. J’y ai puisé une mine d’informations formidable, qui m’a beaucoup servi pendant le tournage. »

Une longue mise en chantier

L’idée de cette adaptation remonte à longtemps, avant même la publication du livre, en 2017. La mise en chantier fut un peu ardue et compliquée selon Olivier Peyon, d’autant que les années de pandémie n’ont en rien facilité les choses. Le roman étant rapidement devenu un best-seller, plusieurs autres réalisateurs ont aussi manifesté leur intérêt.

PHOTO FOURNIE PAR AXIA FILMS

Guillaume de Tonquédec incarne un écrivain directement inspiré par Philippe Besson dans Arrête avec tes mensonges, un film d’Olivier Peyon.

« J’ai eu la chance de lire le manuscrit très tôt dans le processus, indique le cinéaste. Au moment où j’ai rencontré Philippe Besson pour en discuter, son roman était déjà populaire. J’ai fait valoir qu’une grande partie du récit se déroulait en 1984, dans les années de jeunesse, mais que son originalité résidait surtout dans cette rencontre, 30 ans plus tard, entre l’écrivain et le fils de celui qu’il a aimé dans son adolescence. Je lui ai proposé de développer encore plus cet aspect de l’histoire dans le scénario que je m’apprêtais à écrire. Il a vu cela comme un prolongement du roman. »

Cette idée a d’ailleurs plu à un auteur qui, fait remarquer Olivier Peyon, sait ce qu’est le cinéma. Philippe Besson a signé des scénarios, notamment pour des œuvres de la réalisatrice Josée Dayan, et a aussi vu l’un de ses romans, Son frère, porté au grand écran par Patrice Chéreau.

[Philippe Besson] m’a dit qu’il ne fallait surtout pas coller au roman, que les plus grandes trahisons font habituellement les meilleures adaptations.

Olivier Peyon, réalisateur

« Même si Philippe n’a pas du tout été intrusif et n’a souhaité intervenir d’aucune façon, je sentais néanmoins une grande responsabilité envers lui, poursuit le réalisateur, d’autant que cette histoire est en grande partie autobiographique. Il était pour moi important de le tenir au courant de ce que nous faisions et d’en discuter. »

Merci la vie !

Arrête avec tes mensonges, qui met également en vedette Victor Belmondo, relate le parcours d’un écrivain célèbre ayant finalement accepté de retourner dans son village natal pour parrainer le bicentenaire d’une marque de cognac. Cette visite fait évidemment resurgir des souvenirs du passé, notamment une histoire passionnée et clandestine, vécue à l’adolescence avec un garçon qui, plus tard, est devenu, apprendra-t-il sur place, le père du jeune homme qui l’accueille.

PHOTO FOURNIE PAR AXIA FILMS

Julien De Saint Jean et Jérémy Gillet dans Arrête avec tes mensonges, un film d’Olivier Peyon

« Quand j’ai reçu le scénario, qui m’a bouleversé pour plein de raisons, j’ai dit merci la vie, lance Guillaume de Tonquédec. Les thèmes traités sont universels parce qu’ils tournent autour de la question d’honnêteté envers soi-même. »

Il se trouve qu’il s’agit ici d’un amour homosexuel, mais on s’en fout très vite parce que la question importante dans cette histoire – et que tout le monde se pose à un moment ou à un autre – est de savoir comment réussir sa vie en restant fidèle à soi-même.

Guillaume de Tonquédec, comédien

Révélé au public international grâce à l’adaptation cinématographique de la pièce Le prénom, Guillaume de Tonquédec a beaucoup joué au théâtre, en plus de prêter son talent à des séries télévisées et à des longs métrages. Parmi les professeurs qui l’ont formé, notamment au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, figure Michel Bouquet.

« Michel disait qu’au cinéma, l’auteur, c’est la caméra. C’est tellement juste. Une expérience de tournage peut être extraordinaire, mais aboutir à un très mauvais film et l’inverse est vrai aussi. Il se trouve que, cette fois, il y a vraiment eu une adéquation. J’ai adoré chaque moment du tournage. Et les spectateurs que nous avons pu rencontrer au fil d’avant-premières ou de présentations en festival – nous avons notamment présenté Arrête avec tes mensonges au festival Cinemania de Montréal l’an dernier – sortent bouleversés de la projection. Ça, c’est grâce à Olivier. Quelle chance j’ai eue d’avoir pu participer à un film comme celui-là au moins une fois dans ma vie ! »

Arrête avec tes mensonges prendra l’affiche le 5 mai.

Les frais de voyage ont été payés par Unifrance.