L’ancien président, distribution cinéma, d’Entertainment One et de sa filiale Films Séville, Patrick Roy, a annoncé lundi le nom que portera sa nouvelle société de distribution. En vertu d’une entente d’exclusivité conclue avec Films Séville, qui a cessé de distribuer des films en salle, Immina Films lancera de nombreux titres québécois au cours des prochaines années. Cette entente couvre également la gestion de tous les films et les séries télévisuelles faisant partie de son imposant catalogue. Entretien avec le président d’Immina Films.

Vous n’annoncez qu’un seul titre : 23 décembre, une comédie de Noël scénarisée par India Desjardins et réalisée par Miryam Bouchard, dont la sortie est prévue le 25 novembre. Est-ce qu’Immina Films récupérera aussi les longs métrages actuellement en production qui devaient initialement être distribués par Films Séville ?

Pour l’instant, on se concentre sur 2022. 23 décembre sortira dans moins d’un mois et nous devons nous préparer en conséquence. Nous allons cependant annoncer bientôt les titres que nous lancerons en 2023.

Cette entente avec Films Séville indique-t-elle une récupération complète de son imposant catalogue ? La crainte du milieu à l’idée que notre patrimoine cinématographique puisse être géré par des intérêts étrangers peut-elle maintenant être écartée ?

Nous allons sous-distribuer tout le catalogue de Films Séville. Nous en possédons les droits pour l’exploitation sur toutes les plateformes et les modes de diffusion, à part les supports physiques — Blu-ray et DVD –, qui restent chez Séville. Xavier Trudel, qui s’occupait des ventes de tout le catalogue chez Séville depuis une quinzaine d’années, se joint d’ailleurs à notre équipe. Donc, tout reste entre les mains de la même personne. Il y aura ainsi une continuité et on s’assure de la meilleure accessibilité possible pour les films québécois. Notre territoire couvre aussi le reste du Canada.

PHOTO FOURNIE PAR IMMINA FILMS

François Arnaud et Catherine Brunet sont deux des têtes d’affiche de 23 décembre, le premier long métrage que distribuera la nouvelle société Immina Films.

Vous présidez également le conseil d’administration de Québec Cinéma. Comment réagissez-vous à l’annonce du retrait de Radio-Canada pour la diffusion du gala ?

Je trouve cette décision profondément triste et malheureuse. Je continue de suivre ce dossier, mais il n’y a eu aucun nouvel échange avec Radio-Canada depuis l’annonce de la semaine dernière. Nous avions déjà suggéré au diffuseur de créer un comité pour réfléchir à une autre formule, qui amènerait vraiment du renouveau, mais cette idée n’a pas été retenue à l’époque. Selon Radio-Canada, la formule qu’elle propose servira mieux le cinéma québécois, mais personne ne semble y croire dans le milieu. J’ai d’ailleurs rarement vu pareille unanimité dans notre industrie. Je souhaite une ouverture de la part de Radio-Canada afin que nous puissions nous asseoir et en discuter. La perte de ce gala est extrêmement importante parce que cet évènement est aussi fait de tout ce qui se passe avant et après. Il donne à notre cinéma une visibilité extraordinaire.

On évoque beaucoup la fragilité du cinéma québécois sur le plan de la visibilité et des moyens à prendre pour reconquérir le public après la pandémie. Qu’en est-il d’après vous ?

La pandémie a eu un impact sur le cinéma en général. On doit toujours s’interroger sur ces questions. J’ai beaucoup aimé l’intervention d’Émile Proulx-Cloutier à Tout le monde en parle. Il a raison : le travail est à faire à tous les niveaux. Il faut trouver un moyen d’intéresser les jeunes à notre culture. Pour y parvenir, nous devons en faire davantage. C’est l’une des clés pour que le public continue de s’intéresser à notre cinématographie. Je me réjouis de la nomination de Mathieu Lacombe au ministère de la Culture et des Communications parce que cet ancien ministre de la Famille sera sans doute sensible à ces questions.

Par ailleurs, d’où provient le nom de votre nouvelle société, Immina Films ?

Cette création a été inspirée du mot « imminent » ! Quand on évoque quelque chose d’imminent, il faut travailler, pousser pour que cette chose se concrétise et devienne réalité. Avec un film, on applique ce processus non seulement pour le sortir, mais aussi pour qu’il obtienne du succès. C’est comme une incitation au dépassement de soi. On promet à tous nos partenaires de faire tout notre possible pour nous dépasser !