De nombreuses productions internationales prestigieuses, dont certaines ont été lancées l'an dernier au Festival de Cannes, échouent sur nos rives avec plusieurs mois de retard. Elles n'en restent pas moins alléchantes pour autant.

Winter Sleep 

Drame réalisé par Nuri Bilge Ceylan. Avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbag. 16 janvier.

Le petit hôtel que tient en Anatolie un comédien à la retraite devient le théâtre de déchirements sentimentaux et familiaux.

Reconnu pour ses plans contemplatifs magistraux, Nuri Bilge Ceylan surprend cette fois en mettant de l'avant une histoire d'inspiration tchékhovienne, mâtinée d'un propos que n'aurait certes pas renié le Bergman de Scènes de la vie conjugale. L'aspect contemplatif est toujours au rendez-vous (le cinéaste turc magnifie les paysages de l'Anatolie de façon remarquable), mais Winter Sleep reste un film essentiellement basé sur les dialogues. Si le propos se révèle riche, profond et captivant, force est toutefois de constater que ce flot continu de paroles - pendant 3h15 - a parfois quelque chose d'étourdissant. Lauréat de la Palme d'or au Festival de Cannes l'an dernier.

Samba 

Comédie réalisée par Éric Toledano et Olivier Nakache. Avec Omar Sy, Charlotte Gainsbourg, Tahar Rahim, Izia Higelin. 6 février.

Un sans-papiers sénégalais, installé en France depuis longtemps, tente de trouver le moyen d'être en règle.

Fort du succès historique d'Intouchables - 19 millions de spectateurs en France seulement - , le tandem Toledano-Nakache propose Samba, film dont la vedette est Omar Sy, l'acteur fétiche depuis cinq films. Encore une fois, on nous concocte une comédie en abordant un sujet sérieux.

Si l'ensemble sent parfois un peu la recette, force est quand même de constater l'efficacité de la démarche. Charlotte Gainsbourg est craquante dans le rôle d'une professionnelle épuisée, venue se «reconstruire» en faisant du bénévolat auprès des illégaux.

Wild Tales Relatos Salvajes - Les nouveaux sauvages 

Comédie satirique réalisée par Damián Szifron. Avec Ricardo Darín, Oscar Martinez, Darío Grandinetti. 6 mars.

L'inégalité, l'injustice et l'exigence auxquelles nous expose le monde où l'on vit provoquent du stress et des dépressions chez beaucoup de gens...

Ce film parfaitement jouissif est composé de six petits récits distincts, dont la plupart suscitent l'enthousiasme. On retiendra notamment cette histoire de rage au volant dont la tournure est inattendue, de même que celle où une noce dérape de désopilante façon. La grande force de Szifron est d'arriver à toujours entraîner le spectateur encore plus loin qu'il aurait pu lui-même imaginer.

Astérix - Le domaine  des dieux 

D'Alexandre Astier et de Louis Clichy. Voix de Roger Carel, Lorànt Deutsch, Laurent Lafitte, Florence Foresti. 20 février.

Le premier film d'animation d'Astérix en images de synthèse. Une réussite. En plus de faire honneur à l'un des meilleurs albums de la série, ce long métrage nous offre l'occasion d'entendre l'interprétation vocale inoubliable de Roger Carel. Le vétéran, âgé de 87 ans, est sorti de sa retraite pour prêter une nouvelle fois sa voix au valeureux petit guerrier gaulois. 

La French 

De Cédric Jimenez. Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Céline Sallette, Mélanie Doutey. Printemps.

Ce drame policier ambitieux, tourné à la façon des années 70, relate le parcours véridique de Pierre Michel, jeune juge à Marseille assassiné après s'être attaqué à une organisation mafieuse. Au grand regret du cinéaste, la famille du juge désavoue le film.

Leviathan 

D'Andreï Zviaguintsev. Avec Alexei Serebryakov, Roman Madyanov, Elena Lyadova. 6 février.

Lauréat du prix du meilleur scénario au Festival de Cannes l'an dernier, le cinéaste russe Andreï Zviaguintsev (Le retour) se fait satirique grâce à une histoire où tous les fils de la corruption étatique s'entremêlent. C'est parfois très drôle. Et souvent ponctué d'images d'une beauté saisissante.

Saint Laurent 

De Bertrand Bonello. Avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Louis Garrel, Léa Seydoux. Printemps.

Le Saint Laurent de Bertrand Bonello, plus impressionniste, est très différent du Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, plus classique de forme. Sur le plan esthétique, le film de Bonello est aussi plus libre, plus éclaté, d'autant que le récit s'attarde uniquement à la période allant de 1967 à 1976.

Sils Maria 

D'Olivier Assayas. Avec Juliette Binoche, Chloë Grace Moretz, Kristen Stewart. Printemps.

Le récit met de l'avant une rencontre entre une jeune vedette prometteuse, appelée à reprendre un rôle déjà rendu célèbre par une actrice plus mûre. Lancé l'an dernier au Festival de Cannes, Sils Maria a obtenu récemment le prix Louis-Delluc, le «Goncourt du cinéma».

The Search 

De Michel Hazanavicius. Avec Bérénice Bejo, Annette Bening, Maksim Emelyanov. Date de sortie indéterminée.

The Search est le remake du film que Fred Zinnemann a lancé en 1948, mais le Berlin d'après-guerre cède toutefois la place à la Tchétchénie de la fin du XXe siècle. Depuis la présentation de son film à Cannes l'an dernier, où il a été plus ou moins bien accueilli, le réalisateur de The Artist en a modifié le montage.

Timbuktu 

D'Abderrahmane Sissako. Avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri. Printemps.

La vie quotidienne dans une ville conquise par des intégristes. Le cinéaste mauritanien Abderrhamane Sissako évoque cette ignoble réalité avec des scènes très puissantes, dont certaines confèrent à la poésie. Aussi lancé à Cannes l'an dernier, Timbuktu fait partie de ces films que l'on n'oublie pas.