Fiat est averti, la partie n'est pas gagnée. L'agence d'évaluation financière Moody's a abaissé d'un cran sa notation mercredi. Le groupe automobile italien va devoir faire face à une vive concurrence au Brésil, son marché de prédilection, à une érosion de ses parts de marché en Europe et à un partage des risques accru avec Chrysler en Amérique du Nord.

La note attribuée à Fiat par Moody's passe de «Ba1» à «Ba2». L'agence envisage de la baisser encore à moyen terme. Moody's avait attribué en mai dernier à Chrysler la note «B2» qui est trois fois inférieure à la nouvelle note «Ba2» de Fiat.

Moody's explique cette décote de Fiat dans un communiqué par le fait que la «solvabilité de Fiat et de Chrysler vont devenir plus liées au fil du temps, alors que la stratégie et les activités des deux groupes deviennent plus entrelacées».

«L'intensification de l'utilisation d'architectures communes de véhicules, de composants, de moteurs similaires augmente la dépendance mutuelle qui pourrait se traduire dans le fait que les deux groupes devraient avoir à se soutenir mutuellement en cas de difficultés financières», ajoute l'agence.

Fiat, qui a pris les commandes de Chrysler en juin 2009, contrôle 53,5% du capital de l'Américain.

La dégradation de la note de Fiat s'explique également par le fait que l'Italien perd des parts de marché en Europe où il a proposé moins de nouveaux modèles que ses concurrents ces 12 derniers mois. Ses ventes y ont baissé de 13% au premier semestre. Et son PDG Sergio Marchionne ne voit pas la situation du marché européen s'améliorer l'an prochain.

Fiat pourrait avoir des soucis sur un autre front. La demande de voitures s'essouffle sur le marché brésilien, faisant planer un risque de surproduction et de prix à la hausse. Le Brésil est le marché le plus rentable pour Fiat. Mais l'Italien n'y est évidemment pas seul. Ses marges pourraient se réduire.

Répercussions

Ces perspectives vont avoir quoiqu'il en soit des répercussions chez les concessionnaires. Sergio Marchionne a affirmé en marge du salon de Francfort que le constructeur était en train de revoir les volumes de production et les dates de lancement de nouveaux modèles. Le numéro 1 d'Alfa Romeo a déjà prévenu la semaine dernière que l'arrivée prévue aux États-Unis de trois des quatre modèles de la filiale sportive haut de gamme de Fiat, symbole du retour d'Alfa en Amérique, était repoussée à une date indéterminée. La venue du quatrième modèle a été tout simplement annulée. Les Alfa Romeo devaient initialement faire leur entrée sur le marché américain à la fin de l'année 2012.

Même si Alfa Romeo ne représentera qu'un marché de niche, cette décision a suscité au sud de la frontière de la déception, pour ne pas dire de la grogne, chez les concessionnaires qui ont investi dans Fiat.

Pour le spécialiste de l'industrie automobile, Yan Cimon, cette décote est un rappel à l'ordre qui ne devrait pas susciter de grandes inquiétudes. «Dans la mesure où Fiat est capable de se positionner sur le marché européen», ajoute ce professeur au département de Management de l'Université Laval. Et pour bien se positionner, «la clé est dans le financement de l'achat d'une auto neuve, que pourra proposer Fiat», dit-il. Seulement voilà, est-ce que le contexte économique et financier de l'Europe s'y prête ? Ce n'est pas gagné.

Visiblement, «l'intégration de Chrysler a pris énormément de temps et d'attention à la direction de Fiat et cela s'en ressent beaucoup plus en Europe», observe Yan Cimon.