Les bonnes nouvelles sont rares pour les accros de l'essence. En voici une en provenance de l'Australie: des chimistes de l'Université de Queensland promettent de radicalement baisser les coûts de l'extraction pétrolière - et donc de stabiliser le prix à la pompe.

Leur secret: des «pepfactants», des molécules qui captent les molécules de pétrole ou d'autres substances graisseuses et les relâchent seulement quand on leur dit de le faire. Ça ne semble pas un grand miracle. Mais pour un ingénieur chimique, c'est énorme.

Pour augmenter la capacité des puits de pétrole vieillissants, de l'eau sous pression y est pompée pour en recueillir la moindre goutte. Cette mixture doit ensuite être séparée. C'est le travail de «surfactants» similaires à ceux qui, dans le savon à linge, séparent la graisse des vêtements.

Le problème, c'est que séparer la graisse des surfactants n'est pas facile. Dans une laveuse, pas de problème, tout s'en va à l'égout. Mais dans l'industrie pétrolière, il faut séparer les surfactants du pétrole par des procédés complexes et coûteux. Les pepfactants, eux, n'ont besoin que d'un simple signal chimique: de nouvelles molécules sont ajoutées à la mixture qui désamorcent les pepfactants, laissant derrière seulement les molécules de pétrole. En gros, ils seront attirés vers le pétrole en milieu acide, et s'en sépareront en milieu basique.

Des réductions de coûts

Cette avancée chimique pourrait réduire significativement le coût de traitement des vieux puits de pétrole, selon Stuart Hazell, le gestionnaire engagé par les inventeurs pour trouver des débouchés pour les pepfactants. «Si nous arrivons à baisser les coûts de production des pepfactants, ça pourrait être comparable à des innovations comme les puits de pétrole horizontaux ou l'injection d'eau pour prolonger la vie des vieux puits, explique-t-il depuis l'Australie. Nous devons par contre baisser les coûts de 100 à 1000 fois. Nous avons un plan de match pour la réduction de 100 fois, mais il faudra encore travailler pour le reste du chemin. Malgré tout, nous sommes déjà en négociations avec des compagnies pétrolières dont je dois taire le nom.»

Les technologies comme les pepfactants constituent les derniers espoirs pour les accros de l'essence. D'autres firmes tentent d'abaisser les coûts d'exploration et de production dans les environnements extrêmes. Sans arriver à une corne d'abondance qui livrerait du pétrole sans fin, des améliorations technologiques permettraient certainement de prolonger l'agonie de l'âge du pétrole, ce qui permettrait aux solutions de rechange de devenir commercialement viables - et sauverait l'automobile.

La compagnie Pudget Sound Rope, de l'Oregon, cherche ainsi à utiliser des câbles synthétiques plutôt que des câbles d'acier pour les puits océaniques; ils sont aussi solides mais flottent dans l'eau, ce qui augmente la profondeur à laquelle les navires d'exploration pétrolière envoient des robots sous l'eau. «On s'en sert déjà pour l'exploration scientifique et la récupération des objets qui ont sombré dans les profondeurs, explique Randy Longerich, président de la compagnie de l'État de Washington. Les composites sont beaucoup moins lourds que l'acier, et comme ces opérations nécessitent des kilomètres de fils, on économise beaucoup d'énergie et on réduit l'inertie. Nous avons pressenti des compagnies pétrolières, elles semblent intéressées, mais c'est un secteur assez conservateur, alors ça va prendre du temps.»

Production à la baisse

Le temps presse. Dans ses derniers résultats financiers, Exxon a révélé que sa production de pétrole a chuté de 10%. C'est en partie dû aux nationalisations au Venezuela, mais aussi à une baisse au Canada et aux États-Unis. Les baisses structurelles sont de l'ordre de 3%, selon le Financial Times. En 2006, un vétéran du pétrole, un banquier de Houston nommé Matthew Simmons, a affirmé dans son livre Twilight in the Desert que les réserves de l'Arabie Saoudite, premier producteur mondial, sont grossièrement surestimées.

La découverte du plus grand puits de pétrole depuis trois décennies aux États-Unis, en 2004 dans le golfe du Mexique, n'a pas réussi à calmer les inquiétudes des analystes pétroliers. Ce gisement, qui n'a pas encore pu être mis en production parce qu'il se situe sous trois kilomètres de mer et quatre kilomètres de sel et de roc, fait partie de nouveaux gisements dans le golfe qui pourraient faire augmenter la production américaine pour la première fois en près de 20 ans.

Cela ne parvient pas à renverser le fameux «sommet de Hubbert» - en 1956, le géologue américain Marion King Hubbert avait annoncé que la production américaine de pétrole atteindrait un sommet entre 1966 et 1971, et le sommet a été atteint en 1971 (ces chiffres ne tiennent pas compte de l'Alaska). Elle est maintenant de 1,5 milliard de barils par année, contre 3,5 milliards à son zénith. Plusieurs géologues ont tenté d'estimer un «sommet de Hubbert» pour la production mondiale, mais leur tâche est compliquée par l'incertitude sur les données du Moyen-Orient.