Avec son look à la David Crosby, M. Randell, 60 ans, ne passe pas inaperçu. Longue tignasse blanche, moustache tombante à la Fu Manchu. Imaginez lorsqu'il se ballade, tout de cuir vêtu, sur une moto vieille de 65 ans. Partout où il passe avec sa Harley, David Randell fait tourner les têtes. «Souvent je me stationne à côté d'autres Harley chromées qui valent 40 000 $ et personne ne les regarde. C'est plutôt ma moto qui intéresse les gens», dit-il.

Avec son look à la David Crosby, M. Randell, 60 ans, ne passe pas inaperçu. Longue tignasse blanche, moustache tombante à la Fu Manchu. Imaginez lorsqu'il se ballade, tout de cuir vêtu, sur une moto vieille de 65 ans. Partout où il passe avec sa Harley, David Randell fait tourner les têtes. «Souvent je me stationne à côté d'autres Harley chromées qui valent 40 000 $ et personne ne les regarde. C'est plutôt ma moto qui intéresse les gens», dit-il.

Ironiquement, la moto de M. Randell n'a rien de clinquant. Pas de chrome, ni de logo Harley. Une peinture noire mate. Des pièces bosselées ça et là. Ce doit être la valeur historique de l'engin qui suscite autant de curiosité. La Harley-Davidson de notre motard est une WLC 1942. Elle était utilisée par l'armée canadienne durant la Seconde Guerre mondiale. Les troupes de l'oncle Sam, elles, roulaient plutôt sur des modèles WLA.

La WLC est équipée d'un moteur de 750 cc (autrefois appelé «45 pouces cubes ») de 20 chevaux. Harley-Davidson a utilisé ce type de moteur dans ses motos entre 1939 et 1972, explique David Randell. Notre motard dit avoir atteint une vitesse de pointe de 140 km/h avec son bolide de collection, lequel ne possède aucune suspension arrière, mais une énorme selle triangulaire qui repose sur des ressorts.

Le dispositif de démarrage de la bécane fonctionne avec ce qui ressemble à une vieille pédale de bicyclette. Le changement de vitesses se fait manuellement à l'aide d'une petite boîte (à trois rapports) placée sur le bas côté du réservoir à essence. L'engin pèse un peu plus de 200 kg et sa consommation d'essence est d'environ 5 litres aux 100 kilomètres.

David Randell a déniché sa moto dans une vieille grange à Durham Sud, après avoir cogné à chaque porte. «Des jeunes m'ont dit qu'ils avaient vu une vieille moto dans une grange, mais ne savaient pas où exactement. J'ai fait du porte-à-porte jusqu'à ce que je la trouve», dit-il en riant.

Payée 750 $, la moto n'était qu'une vieille carcasse sans roues, ni poignées. M. Randell l'a entièrement remontée à l'aide de manuels de mécanique. Il a trouvé la plupart des pièces d'origine au Québec, mais a dû en importer des États-Unis. Il est encore tout étonné d'avoir reçu des plaquettes de frein dans leur emballage d'origine, c'est-à-dire du papier kraft enduit de cire d'abeille.

Il a fallu cinq ans au motard passionné pour remettre sa moto en bon état. Pour pouvoir l'utiliser à satiété sur nos routes, il a dû installer des clignotants et quelques réflecteurs. Depuis 2001, David Randell a sillonné le Québec, l'Ontario et une partie de la Nouvelle-Angleterre sur sa belle d'autrefois. Son ami Jean-Guy l'accompagne régulièrement. Son plus long périple : North Bay, Ontario. Depuis le 1er janvier 2007, M. Randell dit avoir déjà parcouru 3000 km. Il a roulé en janvier et février derniers, alors que la neige se faisait encore attendre.

Le motocycliste «old school» refuse de vendre sa pièce de collection. Il la conserve précieusement pour la léguer en héritage à sa fille de 29 ans, une amoureuse de moto qui rêve de posséder un bolide comme celui de papa.