Comprenons-nous bien: je n'ai rien contre le Plan de transports déposé jeudi dernier par le maire Gérald Tremblay. Bien au contraire. Pour une fois qu'un politicien a une vision. C'est un plan aussi. Juste un plan, et celui-ci sera forcément amendé à la suite des consultations publiques qui débuteront dans quelques semaines. Des consultations publiques auxquelles l'automobiliste, celui qui râle parfois mais finit toujours par payer quand même, ne pourra faire entendre sa voix.

Comprenons-nous bien: je n'ai rien contre le Plan de transports déposé jeudi dernier par le maire Gérald Tremblay. Bien au contraire. Pour une fois qu'un politicien a une vision. C'est un plan aussi. Juste un plan, et celui-ci sera forcément amendé à la suite des consultations publiques qui débuteront dans quelques semaines. Des consultations publiques auxquelles l'automobiliste, celui qui râle parfois mais finit toujours par payer quand même, ne pourra faire entendre sa voix.

Qu'on se le dise: le péage, c'est pour bientôt. Même Québec a déjà indiqué qu'il ne s'y opposerait pas.

Comme tout le monde, Montréal cherche à reproduire l'exemple londonien, LE modèle à suivre. Aujourd'hui, imposer une taxe pour circuler «intra-muros» n'est plus jugé comme une pratique discriminante, voire ségrégationniste, comme c'était le cas il y a quelques mois à peine. D'accord, mais à quel prix?

Pour s'y opposer, l'automobiliste aura raison de rappeler qu'il paie déjà suffisamment pour le transport (immatriculation, taxes, etc.). Ce qui serait sans doute vrai si nos gouvernements consacraient entièrement les sommes perçues à l'entretien, la réfection et la construction de routes. Ce qui n'est pas le cas et ne le sera vraisemblablement jamais. Jusqu'ici, seuls le CAA-Québec et l'Association de camionnage du Québec se sont portés à notre défense, mais sans offrir une solution de rechange. Et il en faut une.

Bien sûr, l'argument voulant que la libre circulation relève d'un droit fondamental est fondé. Il est vrai aussi qu'en instaurant un péage, celui-ci peut constituer un frein à la croissance économique de la région qui se trouve de l'autre côté du péage. Avez-vous une meilleure idée? Quand un camion des provinces de l'Atlantique, de l'Ouest canadien ou des États américains utilise (et détruit) nos routes sans rien payer, est-ce vraiment juste?

Ne vous est-il jamais arrivé de payer lorsque vous empruntiez les routes d'un autre État? En outre, si l'on prête foi à plusieurs études, le péage pourrait avoir la valeur d'un «ticket modérateur», favorisant notamment le covoiturage et l'utilisation du transport en commun.

D'un point de vue technique, la mise en place de péages est relativement simple. Avec les moyens actuels de «télépéages», il suffit d'installer des antennes à certains points et de doter les véhicules d'un boîtier peu coûteux, pour que le paiement s'effectue sans que le conducteur ait à ralentir.

Les péages électroniques sur les voies rapides permettent d'instaurer des tarifs différents en fonction des horaires et donc de réguler le tarif, mais aussi de réserver une ou plusieurs voies à certains types de véhicules. Par exemple, on peut instaurer la gratuité pour le covoiturage ou les autobus, voire pour les véhicules hybrides. Les possibilités sont infinies.

Malheureusement, l'implantation d'un péage à chacune des entrées de l'île de Montréal ne corrigera rien de la situation des automobilistes. Des fruits du péage (quelque 250 millions de dollars par année), l'automobiliste ne récoltera rien ou si peu. La manne, c'est le transport en commun qui l'emportera.

Hélas! cela ne réglera pas le problème des milliers de camions (et d'automobilistes) qui empruntent, faute de solution de rechange, l'autoroute métropolitaine pour se rendre à Trois-Rivières ou encore au Saguenay. Et la pollution dans le ciel de la métropole ne cessera de s'accentuer. Ne vaut-il pas mieux un véhicule qui circule librement et rapidement sur une voie rapide qu'un autre dont le moteur en marche (maximum de minutes sous peine de contravention, ne l'oublions pas) demeure garé sous le ciel montréalais?

L'automobiliste n'aimera pas qu'on lui impose de prendre le transport en commun aussi longtemps que ses responsables n'auront pas démontré son efficacité, sa fiabilité (n'y a t il pas odeur de grève pour ce mardi?), sa flexibilité et sa sécurité.

Pour obtenir l'assentiment du public, le péage urbain doit non seulement être géré de manière absolument transparente, mais il doit aussi contribuer à une amélioration notable des problèmes de congestion et de la qualité de l'air et offrir des solutions de rechange valables.

Améliorer la performance du transport public est évidemment une condition préalable au succès du péage urbain, mais ce n'est pas la seule. Une partie des sommes prélevées auprès des automobilistes doit impérativement être allouée à la construction de nouveaux axes de circulation et à la réfection du réseau routier actuel. Faute de quoi les automobilistes percevront, et avec raison, ce péage comme un simple impôt déguisé au même titre que la contribution «volontaire» que plusieurs versent annuellement à la SAAQ au moment du renouvellement de l'immatriculation.

Pour l'instant, la question du péage sur nos routes n'est encore que théorique. Elle doit tout de même être sérieusement envisagée considérant la détérioration du réseau routier et les enjeux environnementaux. Pouvons-nous trouver un juste équilibre.