Pour la deuxième année consécutive, la Chine affiche ses ambitions automobiles au salon de Detroit. Après le constructeur Geely, c'est au tour du groupe Changfeng, originellement une entreprise militaire, de présenter ses créations aux médias et au public américains.

Pour la deuxième année consécutive, la Chine affiche ses ambitions automobiles au salon de Detroit. Après le constructeur Geely, c'est au tour du groupe Changfeng, originellement une entreprise militaire, de présenter ses créations aux médias et au public américains.

Contrairement à son homologue et non moins concurrent Geely, le groupe Changfeng a son stand à l'intérieur du salon et sera par conséquent visible jusqu'à la fermeture de l'événement, le 21 janvier. Pas encore dans le hall principal, réservé aux poids lourds de l'industrie automobile mondiale, plutôt au sous-sol en compagnie des marchands d'accessoires

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Pas question toutefois de partir à l'assaut du marché américain et de prendre des commandes sur place. L'entreprise établie dans la province de Hunan oeuvre dans le secteur automobile depuis seulement 10 ans. L'an dernier elle a construit 21 161 véhicules, ce qui lui assure la quatrième place derrière Great Wall, Beijing-Hyundai et Dongfeng-Honda sur son marché intérieur.

Changfeng n'est pas là pour vendre. «Pas avant deux ou trois ans», explique Deng Lina, responsable du développement des affaires, en entrevue à La Presse «Nous venons ici pour nous faire connaître et mesurer l'intérêt du public américain.» Une politique qui peut paraître à priori aussi dispendieuse qu'inutile, au regard de la piètre qualité d'exécution des cinq véhicules exposées. Des véhicules aux formes surannées dans lesquelles on reconnaît parfois celles d'anciennes gloires occidentales. L'utilitaire CS6 de couleur jaune ressemble à s'y méprendre à un CR-V (Honda) de première génération alors que la calandre du CF1 mime le sourire des Audi actuelles. Partout où notre regard se pose, c'est du «copier-coller». Outre ses propres créations, ce constructeur automobile chinois produit avec l'accord de son partenaire Mitsubishi des utilitaires Pajero.

La menace d'un Tsunami automobile en provenance de Chine n'est pas prise trop au sérieux, pour le moment. De l'avis général, un scénario du type textile ou jouet dans le secteur automobile relève encore de la fiction, du moins à court terme. Essentiellement pour des questions de qualité et de design. D'ailleurs, une fois la conférence de presse terminée, les critiques fusent. «Ce sont des antiquités», ricane un concurrent japonais venu voir, incognito, le phénomène. Et la promesse d'un bas prix de vente sera vraisemblablement loin de faire craquer le client. Surtout que le groupe chinois ne dispose, pour l'heure, d'aucun réseau de distribution. C'est ce qu'il y a de plus compliqué.

Pourtant, avec le temps, les choses pourraient changer. Au cours de son allocution, le président du groupe automobile chinois, Li Jianxin, a clairement laissé entendre qu'il souhaitait conclure avec un partenariat avec des constructeurs (de préférence américains) et des équipementiers occidentaux. Que les intéressés lèvent la main !