Finalement, on découvre le coupable : un accident impliquant plusieurs voitures dans l'autre sens, de l'autre côté du terre-plein. Les automobilistes n'avaient aucune raison de ralentir, sinon la curiosité. Après l'accident, le trafic reprend sa vitesse normale.

Finalement, on découvre le coupable : un accident impliquant plusieurs voitures dans l'autre sens, de l'autre côté du terre-plein. Les automobilistes n'avaient aucune raison de ralentir, sinon la curiosité. Après l'accident, le trafic reprend sa vitesse normale.

La curiosité est un vilain défaut sur les routes. Selon des études américaines, 16 % des accidents seraient causés par des automobilistes distraits par d'autres accidents, 5 % de la congestion serait due à ce genre de curiosité, et 10 % des accidents généreraient une curiosité qui ralentit le trafic.

Une simulation britannique a montré que sur une autoroute ayant un flot de 6000 voitures par heure (comme la 40 à l'est de Montréal, à l'heure de pointe), un accident visible, impliquant des véhicules qui resteraient en place pendant une heure, diminue de 10 % la capacité de l'autoroute. Le problème est tellement important qu'une expression a même été inventée pour le décrire : «rubbernecking», ce qui fait référence aux automobilistes qui tentent d'étirer leur cou pour mieux voir, comme s'il était en caoutchouc.

Et pourtant, rares sont les chercheurs qui ont essayé de trouver des solutions. «Nous n'avons trouvé qu'un seul autre produit», explique Laurence Hargreaves, étudiant de génie de l'Université Cambridge, en Angleterre, qui vient de remporter un prix en Grande-Bretagne pour son paravent portable diminuant le «rubbernecking». «Il s'agit d'un paravent conçu par une entreprise hollandaise. Mais il doit être transporté par un semi-remorque et il faut 20 minutes à une équipe de trois hommes pour le déployer. Ce n'est pas très pratique.»

Avec trois autres étudiants en génie de l'Université Cambridge, M. Hargreaves a imaginé un paravent haut de 1,9 mètre et large de 80 mètres, avec une base de 1,25 mètre. «Il est facile à déployer, seulement cinq minutes, et il peut être transporté dans une fourgonnette, dit-il. L'Axi-Shield cache la scène d'un accident pour éviter qu'il attise la curiosité des automobilistes.» Il faut cependant un dispositif de déploiement, parce que son poids est de 1,1 tonne.

Le prix de l'Axi-Shield est de 45 000 livres, environ 100 000 $CDN, et deux corps policiers britanniques envisagent présentement son achat. «Nous pensons que l'utilisation de l'Axi-Shield pourrait éviter des dizaines de millions de dollars de coûts directs liés aux accidents, et des centaines de milliers de dollars en coûts de congestion, en diminuant la curiosité des autres automobilistes», affirme M. Hargreaves en entrevue électronique.

Les étudiants en génie ont demandé leur avis aux auteurs de la simulation britannique concluant que la curiosité suscitée par un accident diminue de 10 % la capacité d'une autoroute. Ils ont conclu que si Axi-Shield est installé une demi-heure après le moment de l'accident, de manière à réduire de moitié la durée de la distraction, son effet sur la congestion est significatif : celle-ci est réduite du tiers.