De toutes les berlines intermédiaires sur le marché, les Accord et 6 figurent parmi les plus «hopla vie» et s'adressent à ceux et celles qui aiment conduire. Les ingénieurs et designers de la Mazda 6 ont eu la latitude et les moyens voulus pour créer une architecture exclusive au marché nord-américain. Un vrai luxe par les temps qui courent.

Tableau: au fil d'arrivée

Tableau: Ce qu'il faut retenir

Contrairement à Mazda, Honda a sans doute imposé plus de contraintes à ses ingénieurs chargés de renouveler l'Accord. Et pour cause: cette berline intermédiaire figure, bon an mal an, au sommet du palmarès des ventes de sa catégorie, aussi bien au Canada qu'aux États-Unis. Sous peine de déplaire à sa vaste et fidèle clientèle, l'Accord, qui en est à sa huitième génération, ne peut changer qu'imperceptiblement. En revanche, après s'être considérablement embourgeoisée au fil des refontes, elle cherche à séduire de nouveau les familles qui l'appréciaient jadis pour son comportement plus sportif, plus frondeur.

Plus «vroum-vroum», plus «dans le vent», plus «yé-yé» aussi. C'est l'image que cherche à véhiculer Mazda. Et la 6, malgré ses dimensions plus grandes, histoire de satisfaire les besoins d'espace de nos voisins du Sud, entend coller à cette image.

Vie à bord

La 6 ne manque pas de personnalité. Elle séduira à coup sûr les amateurs d'ambiance sportive. On n'a qu'à regarder le petit et agréable volant à trois branches, ou l'habillage façon titane de la console. Les sièges offrent une assise ferme mais confortable. On aurait tout juste souhaité de meilleurs supports latéraux, compte tenu du comportement «accrocheur» de cette berline en virage. En revanche, la position de conduite est vite trouvée. La colonne de direction pivote, comme celle de l'Accord d'ailleurs, sur deux axes (hauteur et profondeur).

Même si Honda traîne encore parfois la réputation de lésiner sur les matériaux isolants, l'Accord se révèle la plus discrète. De plus, par rapport à la 6 toujours, c'est incontestablement elle qui sait le mieux prendre soin de ses occupants: commandes douces, sièges moelleux, rangements nombreux et pratiques (à l'avant comme à l'arrière). De plus, la qualité du baquet du conducteur ne fait pas mentir ses concepteurs, qui ont parié il y a quelques mois qu'ils pourraient vous vendre une Accord en vous invitant seulement à prendre place à bord. Les autres occupants ne sont pas en reste. De fait, le galbe de sa banquette est de loin le plus généreux et le plus confortable. En revanche, l'espace disponible est moindre que sur la Mazda qui, malgré une garde au toit un peu juste pour les grands (forme en arc du pavillon oblige) procure plus de dégagement aux jambes, aux épaules et aux hanches que sa rivale. En un mot, elle est la plus accueillante. Même pour nos valises. Le volume du coffre impressionne, mais il y a plus: la 6 est la seule à permettre de rabattre, en tout ou en partie, le dossier de la banquette; c'est un luxe que n'offre pas l'Accord, ce qui fait pâlir son étoile de berline familiale accomplie.

De plus, seule la 6 peut prétendre que toutes ses commandes sont faciles d'accès ou d'utilisation. La chaîne audio de l'Accord, par exemple, n'est pas des plus conviviales. Mais la Mazda n'est pas parfaite, loin de là. Les rangements sont peu nombreux et le dispositif de déverrouillage sans clé est d'une efficacité douteuse.

Au chapitre de la visibilité, la 6 prend une légère avance en raison de la présence de capteurs d'angles dans les rétroviseurs (très pratiques) et d'accessoires agréables au quotidien: phares au xénon (GT) et capteurs de pluie pour les essuie-glaces.

Sur la route

De toutes les berlines intermédiaires sur le marché, les Accord et 6 figurent parmi les plus «hop! la vie», et s'adressent à ceux et celles qui aiment conduire. La Mazda surtout qui propose, grâce à une assistance bien dosée, une direction agréable qui donne envie de ciseler les virages, de flirter avec ses limites et ce, sans trop sacrifier le confort des occupants à condition bien sûr de faire l'impasse sur la monte pneumatique de 18 pouces (de série sur la GT). La Honda se débrouille pas mal, non plus, et se montre presque aussi efficace. Son châssis équilibré lui permet de négocier les virages à bon rythme tout en restant très sûre. On lui reprochera peut être le manque de mobilité de son train arrière, qui lui fait perdre un peu de vivacité. Mais tout le monde tombera d'accord sur le fait que les suspensions de la Honda sont les mieux réalisées. Conséquemment, la Honda se révèle un tantinet plus confortable que la Mazda, moins rigoureuse sur mauvaise chaussée. De plus, au cours de notre match, le freinage de la 6 ne s'est pas avéré aussi musclé que celui de sa rivale.

Cela dit, aussi amusante soit-elle, la 6 marque le pas face à l'Accord sur le plan des performances globales. En effet, sur le plan mécanique, le 3,7 litres de la Mazda est sans doute le plus tonique; mais il ne procure guère de sensations et consomme davantage. Malgré cela, sa vivacité permet à la 6 de signer les meilleurs temps d'accélération et de reprises de ce match. Même si la transmission semi-automatique fait du bon boulot, on y gagnerait à doubler ses commandes au volant et à gagner un peu de rapidité. D'une puissance à peine inférieure (voir tableau comparatif), le moteur de l'Accord se révèle beaucoup plus convaincant. Bien secondé par une boîte automatique correctement étagée, souple, toujours prêt à chatouiller la zone rouge du compte-tours, le six-cylindres Honda ne manque pas de verve et a concédé seulement quelques dixièmes de seconde à la 6 lors de nos épreuves chronométrées électroniquement. En revanche, sa performance la plus extraordinaire est sa consommation. En effet, la Honda est la seule à descendre sous la barre des 11 L/100 km dans le cadre de nos mesures combinées (ville-route) et, du coup, remet une carte environnementale plus verte que celle de sa concurrente.

Budget

L'Accord prend facilement l'ascendant sur sa rivale au chapitre de la consommation et des émissions, de la valeur de revente et de la fiabilité (présumée dans le cas de la 6). Bref, la Honda brille - comme toujours - pour son homogénéité d'ensemble, ce qui lui permet de demeurer aux avant-postes dans cette catégorie chaudement disputée.

Hélas! sur le plan budgétaire, étape finale et cruciale de ce match, Honda a encore des efforts à faire. L'harmonisation de ses prix (à la baisse) tarde toujours à se matérialiser, et du coup rend l'acquisition d'une 6 beaucoup plus alléchante. Moins coûteuse, la Mazda offre plus, dans sa livrée GT à tout le moins, comme en font foi ses caractéristiques de série. À cet avantage s'ajoutent une meilleure couverture de garantie et un réseau plus avenant.

Alors la 6 est-elle la meilleure nouvelle voiture de l'année? Oui et la meilleure intermédiaire aussi. À ses rivales maintenant de réagir.