Profondément restructurée, la Toyota Corolla a réussi, sous des dehors sobres, à se faire accepter sur tous les continents au point de détenir - sur plusieurs marchés - une première place au palmarès des ventes dans sa catégorie.

Une performance que la nouvelle Corolla - dixième du nom - entend perpétuer grâce à son homogénéité, à sa réputation de fiabilité et à son prix très attrayant.

Depuis toujours, cette passe-partout fait une carrière aussi discrète qu'efficace. Et elle le fait avec des arguments qui n'ont l'air de rien mais qui font tout. Comme la recette a plutôt bien réussi au constructeur nippon, il n'était pas question d'en changer les ingrédients, mais peut-être d'y ajouter un peu de piment afin de permettre à la Corolla de résister aux Civic, 3 et Lancer, qui constituent l'essentiel de la concurrence.

 

Le renouvellement de ce modèle phare est tout sauf facile. Plaire à la fois aux Finlandais, aux Québécois et aux Texans relève de la haute voltige, car il faut présenter un produit identifiable sans qu'il soit trop original. Les Corolla ont longtemps été couleur de muraille, mais on peut dire que cela change doucement, depuis la neuvième génération. Le style est plus affirmé mais ne verse dans aucun excès. Autant le dire tout de suite: la Corolla, dont 12 997 exemplaires ont été vendus au Québec l'an dernier (ce qui la place au troisième rang dans sa catégorie), ne fera pas sensation dans la rue. On la reconnaîtra à sa calandre, à son bouclier avant plus expressif et à ses phares fuyants. Ce sont là les changements les plus visibles. Le reste dégage une impression de déjà vu.

Cette carrosserie plus longue (de 10 mm) et surtout plus large (de 60 mm) que la précédente profite essentiellement aux occupants de la banquette arrière. Ces derniers bénéficient de plus d'espace pour leurs jambes, leurs épaules et leurs hanches. Ces gains importants ne placent pas la Corolla devant ses rivales pour autant. Seulement à égalité. Seul le coffre perd un peu de volume (l'équivalent de 36 litres, passant à 348). La Corolla passe ici devant toutes ses concurrentes asiatiques à l'exception de la Sentra de Nissan, qui devient la championne dans ce domaine avec un coffre de 371 litres.

Présentation et finition ne donnent plus de quoi s'émerveiller. L'assemblage est correct, mais l'impression d'en avoir «un tout petit peu plus que les autres» a disparu. On se rattrape avec l'équipement bien choisi selon quatre catégories, CE, SE, S et XRS. Aux fins de cet essai, nous avons étrenné la version CE, dont le prix de départ (14 565$) est pour ainsi dire un bluff, à moins d'avoir envie de simplicité volontaire. Au menu: enjoliveurs de plastique, glaces à manivelle et verrouillage manuel. Aux yeux de certains, cette Corolla est une petite misère. Mais le catalogue des options est là, grand ouvert. Il reste que, même en ajoutant le groupe B ou C, le prix de détail est légèrement supérieur à 17 000$, soit quelques centaines de dollars de moins que ses concurrentes équipées de manière comparable. De plus, à ce très bas prix (pour une compacte, s'entend), la Corolla offre de série une colonne de direction qui se déplace en hauteur et en profondeur, une banquette arrière qui se fractionne 60-40 et des rétroviseurs chauffants.

Nombreuses retouches

La position de conduite est non seulement facile à trouver, mais aussi confortable grâce à un baquet mieux dessiné. Les principales commandes tombent sous la main et sont faciles à reconnaître. La visibilité ne pose aucun problème.

Sur le plan technique, les retouches sont nombreuses, à commencer par le moteur de 1,8 litre qui fournit dorénavant plus de chevaux (132 par rapport à 128) et plus de couple (6 lb/pi) bien qu'à un régime plus élevé (200 tr/mn). Vif, ce moteur se fait surtout apprécier pour sa douceur et non par son économie: malgré un allongement du rapport final, la Corolla 2009 consomme légèrement plus que le modèle antérieur (près d'un litre aux 100 km en moyenne).

La boîte manuelle à cinq rapports qui l'accompagne de série est d'une extrême douceur et l'embrayage d'une grande progressivité, ce qui comblera les débutants. Mais ce tandem ne fait aucune étincelle au chapitre des performances et il faut compter un peu plus de neuf secondes pour atteindre les 100 km/h après un départ arrêté. Les reprises sont lymphatiques et il faut savoir jouer du levier pour exploiter les ressources du moteur. Signalons que l'on peut choisir une boîte automatique à quatre rapports (c'est un peu vieillot alors que la concurrence en offre généralement cinq) moyennant un supplément de 1000$.

Les habitués de la Corolla se réjouiront sans doute d'apprendre que sa tenue de route demeure toujours aussi prévisible. Toutefois, contrairement aux générations précédentes, cette Corolla ne mérite plus de se faire traiter de «molle» ou «d'engourdie». Elle n'est certes pas aussi amusante à piloter qu'une Civic ou qu'une 3, mais là n'est pas son objectif. D'ailleurs, sa direction à assistance électrique gomme toute sensation et c'est bien dommage. Cette légèreté plaira en ville, mais, sur l'autoroute, on risque de regretter de ne pas être en mesure de connaître avec précision l'emplacement des roues directrices.

Malgré ses performances dynamiques, que certaines jugeront fades et peu conformes à l'image qu'elle souhaite véhiculer notamment auprès des jeunes, la Corolla ne manque pas d'arguments pour plaire. À commencer par une suspension étonnamment confortable pour un véhicule de ce gabarit. Les trous, les bosses et autres saignées transversales qui ornent notre asphalte sont correctement lissés par les éléments suspenseurs de la Corolla. Une qualité tellement rare dans cette catégorie qu'il faut la souligner.

Côté freinage, la CE fait appel à un classique combiné disques/tambours qui ne s'attire aucune critique particulière si ce n'est que les distances d'arrêt sont longues et qu'il est impossible de le jumeler à un système antiblocage (ABS).

La Corolla, on le voit, ne révolutionne rien, mais sa réputation, sa valeur résiduelle et son rapport prix/équipements, parmi les meilleurs du marché, répondront parfaitement aux besoins de ses clients fidèles et nombreux. La Corolla demeure donc une voiture parfaitement rassurante, sans qualité ni défaut vraiment évident. De quoi réconforter l'acheteur prudent.