Les joyaux de Palm Beach

Tous les ans, notre pèlerinage au Cavallino Classic nous permet de découvrir des Ferrari d'exception et d'observer les fervents qui se surpassent pour exposer leurs belles italiennes sous leurs meilleurs atours. Cette année, dans le cadre du 20e anniversaire de cet événement floridien, nous avons aussi eu la chance d'assister au très exclusif Classic Sports Sunday, exposition réservée aux grands classiques du sport automobile qui se tient à Mar-a-Lago, le «joyau de Palm Beach».

Le ciel est moins clément que d'habitude, mais les visiteurs sont quand même nombreux à se donner rendez-vous sur le parterre du somptueux hôtel The Breakers. Comme le veut la tradition, l'avant-scène est réservée aux Ferrari d'exception et, cette année, nous y découvrons quelques surprises, à commencer par une toute petite machine aux allures méconnues.

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Récemment restaurée par les artisans de l'atelier RPM Restorations, au Vermont, la mystérieuse Ferrari est une 212 Export 1951 (châssis 0086e) carrossée par Paolo Fontana et ayant reçu au fil des ans trois carrosseries différentes. Parmi les admirateurs qui se pressent autour de la 212, nous reconnaissons Luigi Chinetti Jr. qui se souvient de la voiture: «J'avais 12 ou 13 ans lorsque cette voiture est passée à notre établissement, au Connecticut. Elle était rouge à l'époque et elle avait remporté le Giro di Sicilia en 1951.»

Au centre du parterre, ce sont les créations de la maison Zagato qui se partagent la vedette en présence d'Andrea Zagato, fils d'Elio et petit-fils d'Ugo, créateur du célèbre studio de design milanais en 1919. Un peu plus loin, dans le coin «course», nous trouvons Luigi Chinetti qui pose fièrement devant la dernière N.A.R.T. (North American Racing Team). Issue du patrimoine familial, la 268/196 SP 1962 portant le numéro 150 vient de sortir des ateliers de restauration en Italie pour être livrée à son nouveau propriétaire. À deux pas de là, notre coup de coeur du Cavallino 2011, l'irrésistible Dino 206 SP signée Drogo aux couleurs de la Scuderia Filipinetti, accompagnée d'une autre ex-N.A.R.T., la redoutable 250/275 P 1963.

 

Mar-a-Lago, «le joyau de Palm Beach»

Le soleil se couche sur l'élégant The Breakers pour se lever dimanche matin sur le resplendissant Mar-a-Lago, propriété du célébrissime homme d'affaires Donald Trump. Le domaine au style hispano-moresque fut construit dans les années 20 par Marjorie Merriweather Post, fondatrice de General Foods, devenue la femme la plus fortunée des États-Unis.

Transformé aujourd'hui en club exclusif, Mar-a-Lago accueille la Classic Sports Sunday, exposition restreinte réservée aux grands classiques du sport automobile. Cette année, la place d'honneur revient aux créations de l'Américain Briggs Cunningham (1907-2003), entrepreneur, yachtsman, coureur automobile, constructeur et collectionneur.

Disposées en arc de cercle sur les buttes de l'immense terrain manucuré, les Cunningham nous rappellent l'époque où l'Amérique automobile se mesurait aux meilleurs étalons européens dans le cadre des grandes épreuves d'endurance. Mues par de gros V8 d'origine Chrysler, les Cunningham se distinguaient par leur élégante carrosserie signée Michelotti et réalisée par Carrozzeria Vignale.

Deux exemplaires retiennent l'attention. D'abord, le coupé C3 1952 entreposé dans une grange en Caroline-du-Sud depuis 1956 et découvert par Tom Cotter (auteur de The Cobra in the Barn). «Je courtise le propriétaire depuis plus de sept ans, raconte Cotter. Nous sommes devenus amis et il m'a récemment appelé pour me dire qu'il consentait enfin à me vendre la Cunningham. Après la vidange de tous les liquides et la pose d'une nouvelle batterie, le moteur a démarré et j'ai fait quelques tours sur le circuit de Palm Beach. Étant donné l'état des pneus, je n'ai pas osé dépasser les 80 mi/h (128 km/h)!»

Vient ensuite l'imposante C-4R 1952, classée troisième au général et première en catégorie (Spears/Johnston) au Mans en 1954. Confiée à son actuel «gardien», Bob Williams, la C-4R a participé au Mans Classic 2004, renouant ainsi avec l'un des grands moments de l'automobile américaine. On dit souvent que si le destin avait joué en sa faveur, Cunningham serait devenu l'Enzo Ferrari d'Amérique.

 

La secrète anglaise

À l'instar de la petite Ferrari 212 que nous avons découverte la veille, Mar-a-Lago nous réserve aussi une autre surprise, cette fois-ci d'origine britannique: un très rare roadster Squire Corsica 1937. Mû par un 4-cylindres Anzani R1 1500 cc à deux arbres à cames en tête et compresseur Roots développant 110 ch, ce splendide roadster est l'un des trois réalisés sous la direction de Val Zethrin et carrossé par Corsica. Un véritable chef-d'oeuvre auquel les juges ont décerné un Best of Show amplement mérité.

Ainsi s'est terminé ce week-end du 20e Cavallino Classic qui nous a permis, une fois de plus, d'admirer les beautés d'Italie et de parfaire nos connaissances du monde inépuisable de l'automobile de collection.