Le constructeur automobile américain Chrysler place sa marque emblématique de 4x4, Jeep, au centre de sa stratégie de conquête internationale, du marché américain au marché chinois, désormais le premier au monde.

Deux ans après avoir fait faillite, le «Petit Poucet» de Detroit a remonté la pente. Adossé au groupe italien Fiat, actionnaire à 25%, et avec l'Etat américain comme actionnaire, il a rationalisé ses opérations et il est en train de revoir totalement son portefeuille de produits.

Son directeur général, Sergio Marchionne, également patron de Fiat, a indiqué lors du salon automobile de Detroit s'attendre à un retour aux bénéfices cette année et à un retour en Bourse au deuxième semestre.

Aux États-Unis, le troisième constructeur américain, qui détient les marques Dodge, Jeep, Chrysler et Ram, est parvenu à augmenter sa part de marché l'an dernier avec très peu de nouveaux produits.

Cette année, fort d'un portefeuille renouvelé, avec notamment le Jeep Grand Cherokee dont la sortie a été très bien accueillie par la critique et le grand public, il compte poursuivre dans cette voie.

Et pour doper ses ventes à l'international, il compte aussi sur Jeep, une «marque emblématique» qui fête ses 70 ans cette année, selon les mots de Sergio Marchionne.

Un premier cargo de Jeep Grand Cherokee parti de Detroit est attendu bientôt en Chine.

«Jeep est l'une des marques les plus connues du monde. Aussi reconnaissable que Coca-Cola», insiste Mike Manley, président de la marque, qui souligne que dans plusieurs régions du monde, conduire une Jeep est un symbole de statut social.

Jeep, qui a enregistré un bond de 26% de ses ventes l'an dernier à 291 138 unités, a aussi représenté le quart des ventes de Chrysler aux États-Unis, alors même que la Grand Cherokee n'y a été disponible que pendant la moitié de l'année.

Les ventes ont également bondi de 10% en Chine, un marché sur lequel Chrysler est revenu avec l'aide de son partenaire Fiat. À l'inverse, la marque Chrysler n'est pas encore exportée par le groupe vers le géant émergent, et ne le sera pas de sitôt.

«Notre toute première priorité est la reconquête du marché américain» puis du marché européen, expliquait lundi Olivier François, directeur de la marque Chrysler.

«Jeep reste la meilleure marque dans le portefeuille de Chrysler», estime Karl Brauer, analyste d'Edmunds.com.

Le constructeur «est loin d'avoir exploité tout le potentiel de Jeep à l'international», renchérit Jesse Toprak, analyste de TrueCar.com.

Jeep tente aussi de renforcer sa réputation auprès des consommateurs américains, la marque ayant souffert ces dernières années d'une baisse de qualité et d'un moins bon design, lorsque l'entreprise se débattait avec ses turbulences internes.

Les tumultes ont commencé en 2007 avec le divorce de Chrysler de Mercedes, pour se poursuivre par deux années de gestion par le groupe privé Cerberus, puis un dépôt de bilan en avril 2009, qui a entraîné un sauvetage gouvernemental de milliards de dollars et l'association avec Fiat.

L'italien a annoncé lundi qu'il montait à 25% du capital et prévoyait de monter à 51%, pour aider notamment les gouvernements américain et canadien à sortir du capital.

M. Marchionne a donné aux deux entreprises des objectifs ambitieux de production, jugeant qu'elles devraient produire six millions de véhicules d'ici 2014.