Près d’un million de personnes suivent la page Instagram Tardibabe où Chloé Savard dévoile un monde presque magique invisible à l’œil nu. Sa fascination pour l’infiniment petit est aussi au cœur d’une série de capsules documentaires intitulée Créatures microscopiques, diffusée par Savoir média.

On pourrait dire que la passion – et le boulot – de Chloé Savard est de chasser les micro-organismes comme d’autres vont à la chasse aux papillons. Ce serait vrai, mais ça ne donnerait pas la mesure du travail qu’elle accomplit pour sa page Instagram baptisée Tardibabe (d’après le tardigrade, sa minibibitte préférée), où elle ne fait pas que recenser ses trouvailles, mais où elle les magnifie de manière à rendre presque irrésistible une mite de visage invisible à l’œil nu qui vit… dans nos sourcils.

Jean-René Dufort, qui a fait un reportage sur elle à Infoman, a bien résumé ce qu’on peut ressentir en regardant les images qu’elle tourne à l’aide d’un iPhone et de son microscope : c’est méditatif. Et c’est souvent d’une beauté étonnante, étant donné que les micro-organismes qu’elle montre et raconte ont des formes souvent étranges, et parfois même peu invitantes…

Chloé Savard est devenue « influenceuse scientifique » par intérêt et aussi un peu par hasard. Après des études en musique (son instrument était la batterie), elle a fait un virage radical et s’est inscrite en biologie, pour ensuite se spécialiser en microbiologie.

Sa page Instagram, elle l’a d’ailleurs mise sur pied pendant ses études, sans autre objectif que de partager ses découvertes avec ses amis.

Observer l’infiniment petit lui donne l’impression de se rapprocher d’un monde accessible, plus en tout cas que le lointain qu’on ne peut voir qu’à travers un télescope. « C’est facile à faire : il suffit d’aller chercher un peu de terre sous son balcon [et d’en mettre sous l’œil d’un microscope], dit-elle. Il y a un côté chasse au trésor aussi. C’est comme de trouver de petits extraterrestres. »

Petites bêtes près de chez nous

Son enthousiasme et son savoir-faire sont aujourd’hui au service de Créatures microscopiques, une série documentaire sous la forme de capsules d’environ 11 minutes diffusées par Savoir média. Le projet est découpé en huit épisodes et autant de thèmes qui scrutent les micro-organismes qu’on trouve sur ou dans les êtres humains, sur nos animaux domestiques, dans notre maison, au Jardin botanique, dans la rue, etc.

Les gens associent souvent les micro-organismes aux maladies, encore plus depuis la pandémie. On a l’impression que ce qu’on ne voit pas est peut-être dangereux et qu’on devrait s’en méfier, mais la réalité, ce n’est pas ça. La plupart des micro-organismes qu’on retrouve sur Terre sont bénéfiques.

Chloé Savard, microbiologiste

C’est entre autres pour cette raison qu’elle s’efforce de les rendre « plus beaux que nature » en utilisant des lentilles, des lumières et des couleurs qui les mettent en valeur. Elle met tout en œuvre pour que les gens s’y intéressent. Son envie de partage et de pédagogie passe aussi par un ton hyper décontracté et des images affranchies du cadre sérieux des gens de science en blouse blanche dans un laboratoire.

« Ç’aurait été dommage que des ados, des préados ou des personnes qui ne sont pas en science ne comprennent pas le propos, dit-elle. On voulait que des gens de tous les âges puissent s’y intéresser. Ma page Instagram, c’est ça aussi : j’essaie de rejoindre tout le monde. Je voulais que la série garde cette énergie-là. »

Tardibabe est l’une des pages de microscopie les plus populaires sur Instagram, fait valoir Chloé Savard, qui est très fière de cet accomplissement et aussi de faire partie de ces femmes scientifiques qui peuvent aussi inspirer les jeunes filles. « Je suis vraiment contente de représenter les femmes en science – les femmes queers en plus, dit-elle. Ça ajoute quelque chose d’encore plus grand. »

Créatures microscopiques, dès ce lundi, 21 h, à Savoir média

Consultez la page instagram Tardibabe