Fils d'un immigrant, Gregory Charles a décidé de mettre la main à la pâte pour aider les nouveaux arrivants. Il crée ainsi le programme d'apprentissage «Je suis Québécois» qui permettra aux utilisateurs d'en apprendre un peu plus sur notre histoire, nos institutions, notre culture et la langue française.

En 1965, Lennox Charles doit effectuer un court séjour à Montréal pour livrer un discours de Martin Luther King. Cet anglophone originaire de Trinidad (Trinité-et-Tobago) et vivant aux États-Unis y fait la rencontre de Pierrette Saint-Martin, une francophone de Drummondville. Amoureux de cette belle Québécoise, il décide de ne pas prendre l'avion de retour et il laisse tomber sa fiancée américaine. Il choisit de vivre au Québec.

Quatre ans plus tard, Gregory Charles vient au monde et, pendant toute son enfance, son père ne lui parlera jamais en anglais: «Mon père voulait tellement s'assurer que je parle bien français et que son handicap linguistique ne serait pas le mien qu'il me parlait constamment en français», explique l'artiste.

Lorsqu'il reçoit l'Ordre du Canada, en février 2017, Gregory Charles commence à agir à titre d'officier des remises de citoyenneté aux nouveaux arrivants.

«Honnêtement, c'est à ce moment-là, en rencontrant 500, 600, 800 nouveaux arrivants mensuellement que j'ai compris ce que ça veut dire que de choisir de s'enraciner ailleurs que dans sa terre natale.»

«Fils d'un immigrant, j'ai senti le besoin de pousser à la roue et d'essayer de maximiser l'expérience de ceux qui viennent s'enraciner chez nous», ajoute Gregory Charles.

230 jours d'apprentissage

En collaboration avec le Groupe Banque TD et la Fondation Gregory Charles, l'Académie Gregory offrira un programme d'une durée de 230 jours où le musicien et animateur expliquera notre histoire, notre culture, comment fonctionnent nos institutions, tout en donnant des cours de français.

Dès le mois d'avril prochain, les nouveaux arrivants pourront ainsi visionner quotidiennement une capsule de 10 minutes.

«Il faut comprendre l'endroit où nous arrivons. Et plus vite nous le comprenons, plus vite nous l'aimons et mieux nous nous enracinons», explique Gregory Charles, qui a enseigné à de jeunes décrocheurs pendant une décennie et a été guide touristique dans les années 80 et 90.

Il ajoute: «Enseigner le Québec, c'est quasiment une seconde nature.»

Lorsque sa mère est morte, il a créé l'Académie Gregory, qui propose des cours en ligne de piano, guitare et chant choral. C'était une façon de lui rendre hommage, puisque c'est elle qui lui a enseigné le piano.

«Je suis Québécois» est maintenant sa manière de souligner la vie de son père, un homme reconnu pour son engagement communautaire. D'ailleurs, lors de la mort de Lennox Charles, l'Assemblée nationale du Québec et la Chambre des communes du Canada ont souligné sa contribution comme citoyen.

«C'est un immigrant! C'est un immigrant qui a fait ça! Et il y en a tout plein d'autres qui s'impliquent dans la communauté», dit Gregory Charles, visiblement fier de son paternel.

Il ajoute que son père vivait aux États-Unis à l'époque où les Noirs «ne pouvaient pas rentrer dans les autobus par la porte d'en avant» et que «le mariage entre un homme noir et une femme blanche était interdit dans plus de la moitié des États américains». C'est ainsi avec joie et soulagement qu'il a découvert le Québec, son histoire et sa culture.

Gregory Charles espère que son programme aidera de nouveaux arrivants à dire à leur tour et avec fierté: «Je suis Québécois».