Inscrit aux Journées de la culture, le premier concert de la saison de l'Orchestre symphonique des étudiants de McGill, que dirige Alexis Hauser, est présenté gratuitement et avait attiré hier soir une salle presque comble à Pollack. Il en sera sans doute de même ce soir, 19h30, à la reprise.

Marquant à la fois le bicentenaire de la naissance de Schumann et le 150e anniversaire de la naissance de Mahler, Hauser a choisi la deuxième Symphonie du premier dans la révision du second. Chef d'orchestre autant que compositeur, et partageant avec d'autres la conviction que les Symphonies de Schumann sont mal orchestrées, Mahler y apporta à son tour son point de vue. Publiées à Vienne chez Universal mais disponibles en location seulement, les versions Mahler des Symphonies de Schumann portent la mention «Instrumental-Retouchen».

Il en existe quelques enregistrements qui, en regard des éditions courantes comme Eulenburg, ne révèlent pas de différences majeures. Mahler ne change pas l'instrumentation: il clarifie la pâte orchestrale par divers moyens, par exemple en réduisant le nombre d'instruments dans certains passages confiés aux vents. Au besoin, il coupe simplement certains passages.

Joseph Rescigno avait dirigé la version Mahler de la deuxième Symphonie de Schumann à l'Orchestre Métropolitain le 2 décembre 1997. Hauser reprend maintenant l'expérience et, de la centaine de jeunes musiciens massés sur scène, émerge effectivement une sorte de transparence schubertienne. C'est, semble-t-il, l'aspect qui a principalement retenu l'attention de Hauser. Deux exemples m'amènent à cette conclusion. Au Scherzo, Mahler a éliminé la reprise au premier Trio, mais Hauser la rétablit. Mahler a aussi coupé plusieurs mesures à la fin du dernier mouvement, mais, là encore, Hauser revient à la version originale. Curieusement, Rescigno rétablissait lui aussi ces mesures omises par Mahler.

Indépendamment de ces complications musicologiques, il s'agit là d'un Schumann absolument magnifique. Dirigeant de mémoire, comme toujours, Hauser tire le maximum de son jeune orchestre et obtient un parfait équilibre d'énergie électrisante dans les Allegros extrêmes et d'expression soutenue dans l'Adagio central. Je sais qu'il n'est pas de bon ton de poser la question, mais je la pose quand même : quand donc revivrons-nous des expériences aussi passionnantes à l'OSM ?...

Hauser ouvre le concert avec une rareté: une pièce de Richard Strauss de six minutes pour cuivres et timbales dont le titre (voir le tableau ci-après) peut se traduire ainsi: Entrée solennelle des Chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean, l'ordre en question ayant pour mission de guider les pèlerins vers la Terre sainte. Sur scène, 16 cuivres et des timbales dialoguent avec trois petits groupes de trois cuivres chacun répartis dans la salle. La chose n'apporte rien à la gloire de Strauss mais souligne l'étonnante qualité des cuivres de McGill.

On termine avec, de Mahler encore, le cycle des Lieder eines fahrenden Gesellen chanté par Cairan Ryan, élève de Sanford Sylvan. Le jeune baryton chante de mémoire, comprend manifestement le sens des mots qu'il prononce et possède un certain talent d'interprète. Hélas! la voix est très limitée en volume, en étendue et en couleur. Au deuxième lied, elle «craque» sur un sol aigu et vient bien près d'en faire autant au quatrième lied. Dans les deux cas, la partition indique des notes facultatives, plus graves. Pourquoi M. Ryan n'en a-t-il pas profité? En résumé, ce qu'il y a de plus intéressant dans ce Mahler vocal, c'est l'accompagnement très détaillé et très coloré de Hauser.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE McGILL / McGILL SYMPHONY ORCHESTRA. Chef d'orchestre: Alexis Hauser. Soliste: Cairan Ryan, baryton. Hier soir, Pollack Hall de l'Université McGill. Reprise ce soir, 19h30. Entrée libre.

Programme:

Feierlicher Einzug der Ritter des Johanniter-Ordens, op. 103 (1909) - Strauss

Symphonie no 2, en do majeur, op. 61 (1845-46) - Schumann, révision Mahler

Lieder eines fahrenden Gesellen, pour voix et orchestre (1883-84) - Mahler