Les artistes en résidence de l’Orchestre Métropolitain (OM) se suivent… et ne se ressemblent pas. Après le flûtiste Emmanuel Pahud l’an dernier, c’est le clarinettiste autrichien Andreas Ottensamer qui prend le relais… sans son instrument.

À la fin d’août, l’OM annonçait que son artiste en résidence, qui devait participer aux concerts du 11 au 14 octobre (à différents endroits de la métropole) comme soliste et chef, n’assurerait que le second rôle « pour des raisons d’ordre médical ». Il s’agira de ses débuts canadiens au podium.

C’est son collègue français Pierre Génisson, artiste Warner Classics/Erato, qui le remplacera dans l’arrangement concertant de la Sonate pour clarinette en fa mineur, op. 120, n1, de Brahms, mais aussi pour le concert de musique de chambre auquel Ottensamer devait prendre part à la salle Bourgie le 18 octobre. Ce dernier donnera néanmoins les cours de maître habituellement confiés à l’artiste en résidence.

L’artiste, dont les 70 000 abonnés Instagram peuvent admirer les magnifiques costumes et maillots de bain, n’est pas très bavard sur les raisons qui l’ont poussé à ranger momentanément son instrument.

J’ai décidé de ne pas jouer cette saison et je suis content que l’Orchestre Métropolitain ait été assez flexible pour faire ce changement.

Andreas Ottensamer

Issu d’une véritable dynastie de clarinettistes (son frère aîné Daniel a remplacé leur père comme première chaise à l’Orchestre philharmonique de Vienne), le musicien aurait-il l’intention, à seulement 34 ans, de se consacrer à temps plein à la direction ?

« La clarinette est une partie importante de ma vie et je ne vois pas de raisons pour lesquelles j’arrêterais de jouer », avertit celui qui demeure officiellement co-clarinette solo de l’Orchestre philharmonique de Berlin, tout en étant sous contrat avec Deutsche Grammophon.

« Un défi différent »

Ce n’est que depuis 2021 qu’Ottensamer fréquente les podiums. Mais la baguette l’attirait depuis longtemps, lui qui a suivi des cours de direction durant ses études, en plus d’avoir touché le piano et le violoncelle, un atout non négligeable.

« La COVID-19 m’a donné de l’espace et du temps pour reprendre l’étude de la direction très intensément, notamment à Weimar, en Allemagne », raconte le Berlinois d’adoption.

Puis se sont enchaînés les différents cours de maître et assistanats à l’intention des aspirants chefs, notamment avec de vieux routiers comme Riccardo Muti et François-Xavier Roth, et même un concours en Suisse où il a remporté un prix.

Est-ce plus facile, avec le pedigree qui est le sien, de faire son chemin dans ce milieu qui compte beaucoup d’appelés, mais peu d’élus ?

« Je ne suis pas sûr que ce soit plus facile. C’est un défi différent. Peut-être que les gens ne remettent pas en question ma musicalité, mais ils me mettent dans une boîte. Ils disent : “Bon, un autre instrumentiste qui pense qu’il peut diriger !” Dans beaucoup de cas, certains musiciens se disent qu’ils peuvent le faire, que c’est facile. Mais ça mène à de mauvais résultats et à de la frustration pour l’orchestre. Mon défi est que les gens comprennent que je prends ça très au sérieux », prévient l’artiste.

Et il ajoute : « Vous devez passer par tout le processus nécessaire. On ne peut pas avoir d’expérience sans avoir fait le kilométrage. »

Le chef, qui a des affinités naturelles avec le romantisme germanique, dirigera à l’OM, avec qui il a joué comme soliste en 2016, la Symphonie no 1 en si bémol majeur, « Le printemps », op. 38, l’Ouverture tragique de Brahms et La nuit et l’amour de la Française Augusta Holmès. Mais il est loin de vouloir s’y limiter.

« Je veux jouer de tout, assure-t-il. Mon répertoire va de Haydn jusqu’à Ligeti, Bernstein et autres. La seule chose que je n’ai pas touchée encore est la musique très contemporaine. C’est quelque chose qui va sans doute venir plus tard, peut-être avec un orchestre qui a déjà une relation avec cette musique. C’est un monde totalement différent pour moi. Mais je ne mets pas de limites à mon répertoire. »

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