L’autrice-compositrice-interprète a dévoilé vendredi son tout premier album.

Si Karelle Tremblay a retrouvé l’amour du jeu après avoir pratiquement mis fin à sa carrière de comédienne, c’est grâce… à la musique.

« J’avais besoin de contrôler mon narratif, d’exprimer qui j’étais, ce que je n’étais pas capable de faire en tant qu’actrice », confie Karelle Tremblay, assise sur le plancher de son salon.

L’artiste nous recevait dans son spacieux appartement d’inspiration scandinave, où le peu d’éléments décoratifs se résumait à quelques affiches et des livres empilés au sol.

Au début de la pandémie, la comédienne a annoncé le début de sa carrière musicale avec la sortie d’une première chanson, Blender, qui devait être le morceau initial d’un album à paraître.

Sauf que l’extrait n’a jamais eu de suite et l’opus annoncé semblait mort dans l’œuf. Enfin, jusqu’à maintenant. Voilà que l’autrice-compositrice présente son premier projet musical abouti, Goodbye Karelle, avec la sortie d’un album, Hugh Greene & the Lucies Made Me.

Alors, pourquoi ce long silence entre Blender et ce premier album complet ?

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Karelle Tremblay

Je ne pense pas que j’ai sorti la toune pour les bonnes raisons.

Karelle Tremblay

En précipitant sa sortie, la comédienne était surtout motivée par le désir de « reconquérir [son] ex ». (« Au final, on n’est pas revenues ensemble et je suis super bien », tient à préciser notre interlocutrice.)

En réalité, l’autrice-compositrice n’avait pas d’album. Des chansons, oui. Mais un ton, une vision, non. C’est ce que lui a fait réaliser le producteur Jean-Philippe Levac, qui a signé la réalisation de l’opus.

« Il n’arrêtait pas de me dire : « Que veux-tu dire ? C’est quoi, ton projet ? » Je n’avais pas de nom, je ne savais pas trop ce que je voulais faire », raconte la comédienne.

Le déclic s’est fait plus tard, lorsqu’ils ont créé la pièce Moonroad, qui encapsule bien le son de l’opus : une voix feutrée qui rappelle Leonard Cohen, superposée à des arrangements folk et rock à la Mitski ou à la Japanese Breakfast.

« Je me souviens, on était en studio et on était genre : le ton de cette chanson-là, c’est ça. On a refait toutes les tounes qu’on avait en fonction de cette référence-là », relate l’artiste.

Extrait de Sneakers

Se raconter dans ses mots

« Les artistes ont un grand besoin d’être compris et de s’exprimer », note sur un ton amusé Karelle, consciente de l’ironie de cette déclaration lancée au milieu d’un entretien portant sur la sortie de son album.

Pendant la pandémie, la comédienne avait songé à arrêter le jeu. Après avoir passé la moitié de sa vie à réciter les textes des autres, l’artiste sentait le besoin se raconter dans ses propres mots. Et de le faire à travers un album.

« La musique a été dans ma vie plus que le jeu. Quand il était jeune, mon père avait un band avec ma mère. J’ai aussi toujours écrit », relate Karelle Tremblay. (Son père fait d’ailleurs une brève apparition sur la pièce Sneakers.)

Les paroles de l’album sont d’ailleurs une collection de textes écrits par la comédienne à travers les années. De quoi parlent-elles ? De chagrin d’amour, évidemment, mais aussi de relations interpersonnelles et d’identité de genre, un thème récurrent de l’opus.

Extrait de Moonroad

Dans le vidéoclip de Moonroad, la comédienne joue un chevalier qui se fait voler sa dulcinée par un gars plus grand et plus tatoué. « I wouldn’t know how to become the man she sees in me », chante Karelle sur le court morceau Interlude.

« L’identité de genre, c’est quelque chose de très complexe. Toute ma vie, je vais sûrement me poser ces questions-là », confie l’artiste, qui confie ne pas s’identifier totalement au genre féminin.

Pendant très longtemps, j’ai menti, parce que je ne voulais pas ouvrir cette porte-là. Mais là, de m’assumer et d’en parler, je pense que c’est la meilleure affaire.

Karelle Tremblay

Retrouver le goût du jeu

Ceux qui ont regardé le premier épisode de la nouvelle saison de STAT l’auront reconnue dans le rôle d’une patiente diabétique. C’est donc dire que la comédienne a renoué avec le jeu ?

« Quand tu fais quelque chose depuis aussi longtemps, tu finis par te perdre. Dans ma tête, il a fallu que je me dise : c’est terminé complètement, je ne veux plus jamais tourner. Là, je tourne et je suis bien », répond Karelle Tremblay.

Et la comédienne n’aurait pas été capable de passer à côté d’une telle occasion… « J’adore STAT ! J’étais tellement heureuse quand j’ai reçu l’appel ! »

Entre le jeu et la musique, l’artiste sent avoir trouvé le juste équilibre.

« Tourner, c’est quelque chose que je sais faire. Je suis dans mon élément, j’ai besoin de ça. Ça me valorise beaucoup. Et le côté créatif, pouvoir m’exprimer, j’ai besoin de ça aussi. »