(Québec) Le Mouvement national des Québécois (MNQ) minimise la controverse qui a entouré la nomination du chanteur Émile Bilodeau à titre d’animateur du spectacle de la fête nationale sur les plaines d’Abraham, à Québec.

Dans une note interne, le MNQ, qui est en charge d’organiser les festivités du 24 juin, qualifie de « crise qui a pris naissance dans un verre d’eau » le tumulte concernant le choix de cet artiste, qui affiche ouvertement son appui à Québec solidaire (QS) et son opposition à la loi sur la laïcité de l’État.

« Je ne sais pas où vous avez pris ça, on n’a pas émis de communiqué disant ça, c’est une note interne, ce n’est pas censé sortir », s’est étonnée vendredi la gestionnaire en communications et marketing du MNQ, Sophie Lemelin, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Des chroniqueurs ainsi que le Mouvement laïque québécois ont dénoncé le choix d’Émile Bilodeau qui selon eux n’est pas rassembleur.

La note interne obtenue par La Presse Canadienne est titrée « Émile Bilodeau sur les plaines – Motion de QS adoptée à l’unanimité ».

Le courriel souligne ainsi l’adoption d’une motion de Québec solidaire (QS) à l’Assemblée nationale la semaine dernière pour saluer le « travail exceptionnel » du MNQ dans « l’organisation de la fête nationale de façon indépendante et non partisane ».

La note affirme que cette motion est une « belle conclusion à cette crise (sic) qui a pris naissance dans un verre d’eau ».

Selon Sophie Lemelin, « ce n’est pas devenu une crise » parce qu’« aucun média n’a voulu embarquer là-dedans » afin de ne pas sombrer dans la culture de l’annulation.

Il s’agit seulement d’une querelle de réseaux sociaux qui a suscité seulement « 90 commentaires dans une publication Facebook », a-t-elle justifié.

« Il s’agit d’une tempête dans un verre d’eau », a assuré la responsable des communications.

Contester le choix de cet auteur-compositeur-interprète touche à un « enjeu de liberté d’expression, de liberté d’association et de liberté d’opinion » et le MNQ ne veut pas sombrer dans un tel débat, a-t-elle poursuivi.

Émile Bilodeau demeure une figure « complètement » rassembleuse, a insisté Mme Lemelin.

Rappelons qu’aux élections générales de l’automne dernier, le chanteur a fait campagne au côté du co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, dans Verdun.

Plus tôt cette année-là, il avait appelé à voter QS lors de l’élection complémentaire dans Marie-Victorin.

Le chanteur avait qualifié la loi 21 sur la laïcité de l’État de législation « misogyne, islamophobe et dégradante ». Lors du spectacle de la fête nationale de 2020, il arborait un macaron dénonçant la loi sur la laïcité.

« Émile n’arrivera pas sur la scène pour clamer qu’il est contre cette loi, a assuré Mme Lemelin. Ce n’est pas dans le mandat d’Émile de venir faire de la politique. »

La fête nationale « n’est pas dans la polémique et l’exposition de valeurs », a conclu la responsable des communications. Elle a « toujours été dépolitisée au sens noble du terme ».

Le Parti québécois (PQ) a également subi les attaques d’Émile Bilodeau. Dans un tweet, il avait dit qu’« il faut que le PQ meurt pour qu’il y aille (sic) une opposition souverainiste ».

En outre, il avait ridiculisé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon dans sa croisade en vue de faire abolir le serment au roi d’Angleterre prononcé par les élus de l’Assemblée nationale.

Il avait alors qualifié les trois députés péquistes de « pleurnicheurs » qui « se tournaient les pouces », alors que « mon ami Sol Zanetti », député de Québec solidaire, avait déposé un projet de loi pour abolir l’obligation de prêter serment à la Couronne. C’est en fait le projet de loi déposé par le ministre des Institutions démocratiques, Jean-François Roberge. qui a été adopté.