Une fin de saison en lion au Ladies Morning Musical Club (LMMC) avec des chambristes chevronnés dans deux chefs-d’œuvre pour quintette pour cordes et clarinette et un quatuor à cordes moins connu.

Le LMMC vit décidément une histoire d’amour avec le Quatuor Pacifica, qui en était dimanche après-midi à sa quatrième visite depuis sa fondation en 1994. L’ensemble états-unien, établi à l’Université de Bloomington, en Indiana, et lauréat de deux prix Grammy, était cette fois-ci accompagné d’un invité de prestige, le bien nommé Anthony McGill (le concert avait lieu dans l’université du même nom !), clarinettiste solo de l’Orchestre philharmonique de New York, premier Afro-Américain à obtenir un poste d’une telle envergure dans cette vénérable phalange.

Comme le répertoire pour quatuor à cordes et clarinette n’est pas infini, le choix des musiciens s’est naturellement tourné vers deux des trois principales œuvres pour cette formation (avec le Quintette en la majeur, K. 581, de Mozart) : le Quintette en si bémol majeur, opus 34, de Carl Maria von Weber, et le Quintette en si mineur, opus 115, de Johannes Brahms.

Sans atteindre les hauteurs de l’œuvre de Brahms, qui l’a composée au soir de sa vie, celle de Weber – un compositeur qu’on entend vraiment trop rarement ! – est animée d’une inspiration qui fait rarement défaut.

Le concert a toutefois commencé avec une mise en bouche plutôt rare au concert : le Quatuor no 2 en fa majeur, opus 92, de Prokofiev, une partition composée en 1941 en Kabardie, où le compositeur s’était réfugié pour fuir la guerre. On y entend, çà et là, les sons de cette région du nord du Caucase.

Mouvements à l’exécution variée

Le premier mouvement a été pour nous le plus faible du concert. Comme sur leur enregistrement de l’œuvre chez Cédille, les Pacifica jouent cet Allegro beaucoup trop gentiment, contrairement aux Emerson, par exemple, qui n’hésitent pas à ranger le beau son au vestiaire pour vraiment mordre dans la corde.

Nos réserves sont d’un autre niveau dans l’Adagio suivant, trop volontaire pour être « adagio ». L’Allegro final, joué à l’arraché, trouve toutefois, selon nous, le bon ton, en donnant l’occasion au meilleur élément de l’ensemble, le violoncelliste Brandon Vamos – le membre fondateur –, de se distinguer.

Les premières notes de McGill dans Weber sonnent comme une caresse après l’âpreté prokofievienne. Le son n’est jamais nasillard, toujours rond, avec des aigus presque flûtés.

Assis au milieu de ses collègues, le clarinettiste joue avec une impressionnante facilité, notamment ces fulgurantes descentes dans le dernier mouvement.

La qualité du concert allait vraiment en crescendo, puisque le Quintette de Brahms, donné après la pause, nous a vraiment fait fréquenter des sphères éthérées. Les tempos des quatre mouvements étaient tous justes, notamment dans l’Allegro initial (certains s’y épivardent inopportunément) et l’Adagio suivant, réalisé avec un vrai legato et des triolets bien soutenus.

Seul bémol : l’œuvre a mis particulièrement à découvert la violon solo Simin Ganatra (autre membre fondateur) dont l’intonation ne s’est pas avérée de la meilleure des qualités…

Le LMMC a également annoncé sa saison 2023-2024, qui mettra notamment en vedette le célèbre Quatuor Jérusalem et l’excellent pianiste Javier Perianes.