La chanteuse américaine critique les déroutes des dernières années dans son pays sur un fond musical pop et folk-rock minimaliste

Quitter le glamour de Los Angeles pour mieux rayonner. Quitter le tumulte et le tourbillon du vedettariat pour gagner les verts pâturages et la tranquillité des campagnes américaines. D’autres l’ont fait avant, avec plus ou moins de succès : Ed Sheeran, John Mayer, Kanye West, Ryan Adams… Ajoutons maintenant à cette liste le nom de Lael Neale, bien heureuse de nous expliquer, sur son troisième album Star Eaters Delight, les raisons de son retour sur la ferme familiale, en Virginie-Occidentale.

Loin de la ville, elle a trouvé le moyen de moduler une musique pop sucrée pourtant urbaine, teintée d’un rock trois accords qu’apprécieront les nostalgiques de Nico et du Velvet Underground. D’autant plus que tout a été enregistré sur un bon vieux magnétophone à cassettes !

Dès l’ouverture, on danse sur I Am the River, un heureux mélange musical tricoté dans la simplicité volontaire. Le fameux quatuor basse-guitare-batterie-clavier se fait entendre, vitaminé par des « la la la la » répétés par une Lael Neale en voix. Grande pièce qui se retrouve rapidement dans notre liste « chansons favorites 2023 ».

Quand l’artiste cherche à augmenter le tempo, une boîte à son s’ajoute – notamment sur Faster Than The Medicine –, sinon c’est sur fond de mellotron qu’elle dicte doucement sa prose. Une prose qui atteint un sommet shakespearien sur la (trop ?) longue In Verona : en huit minutes, elle y résume les déroutes de la société américaine, comparant les déchirements des dernières années à ceux vécus par les Montaigu et les Capulet dans le classique du dramaturge.

« In Verona, Where we laid, Our perfect death, Let the wine spill down the stone steps, Let us tear each other to bits ».

Non, l’amour, la réconciliation et le pardon ne semblent plus possibles aujourd’hui pour l’autrice-compositrice. Triste constat.

Star Eaters Delight se veut un deuxième essai pour Lael Neale depuis son arrivée chez Sub Pop. Et assurément la compagnie fera de l’ex-Californienne une de ses stars des prochaines années.

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Star Eaters Delight

Alternatif Folk pop

Star Eaters Delight

Lael Neale

Sub Pop

8/10