Un journaliste chinois en fuite après avoir dénoncé les agissements d'une entreprise, est devenu un héros dans le pays, en particulier sur l'internet, obligeant la police qui avait émis un mandat d'arrêt à revenir jeudi sur sa décision.

Qiu Ziming, 28 ans, journaliste au magazine The Economic Observer, se cache depuis plusieurs jours après avoir été placé sur la liste des personnes recherchées par la police pour avoir dévoilé dans des articles les irrégularités présumées d'un important producteur de batteries de l'est de la Chine.

Kan Specialties Material Corporation, entreprise située dans la province du Zhejiang, dans le district de Suichang, et cotée à la Bourse de Shenzhen, a rejeté ces attaques et accusé Qiu de diffamation.

Ce dernier s'est caché après avoir appris que la police de Suichang le recherchait.

Mais le journaliste a poursuivi son combat, affirmant être innocent et réclamant justice sur son blog, ce qui lui a permis de gagner un soutien massif auprès des internautes.

«Ce que j'ai publié est la vérité», a écrit mercredi Qiu sur son blogue hébergé par l'un des principaux portails chinois, Sina.com, ajoutant disposer des preuves pour prouver les irrégularités et ne pas craindre la police.

«Ce n'est pas terminé. J'obtiendrai des excuses de la police de Suichang», a-t-il également affirmé.

Finalement jeudi, il a gagné une première victoire, car le gouvernement provincial du Zhejiang a annoncé qu'ordre avait été donné à la police de Suichang d'annuler son mandat d'arrêt à l'encontre du journaliste.

«Le Bureau de la sécurité publique (police) a ordonné à la police de Suichang, qui avait émis la décision de l'arrestation, qu'elle l'annule et lui présente ses excuses», a indiqué un communiqué sur le site internet du gouvernement provincial.

Son micro-blogue est désormais suivi par 8000 personnes et plus de 86 % des 33 000 qui ont répondu à une enquête effectuée par Sina.com avaient jugé mercredi que la chasse à l'homme lancée par la police était «illégale».

Son magazine, The Economic Observer, une des publications économiques considérées comme les plus respectables en Chine, a pris la défense de son journaliste en condamnant «l'utilisation du pouvoir public pour réprimer ou menacer la sécurité personnelle des professionnels des médias».

Soumis à la censure du régime communiste, les médias chinois en repoussent de plus en plus les limites, mais les journalistes les plus téméraires risquent souvent d'être limogés, voire d'être condamnés à de la prison.

L'internet est devenu aussi une force de plus en plus importante de critique sociale, où sont dénoncés les abus des autorités.