Découvrez nos critiques de bandes dessinées

Poésie fuyante

Extraits des Pistes invisibles
  • Planche des Pistes invisibles

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche des Pistes invisibles

  • Planche des Pistes invisibles

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche des Pistes invisibles

  • Planche des Pistes invisibles

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche des Pistes invisibles

1/3
  •  
  •  
  •  

Il y a quelque chose de fuyant dans Les pistes invisibles de Xavier Mussat. Ce personnage-narrateur qui se dérobe à notre regard (il n’est jamais représenté), cette absence de dialogues (il est seul, alors on reste dans sa tête) et même ces glissements constants entre figuration et abstraction. Il faut marcher dans ses pas pour peut-être comprendre sa fuite impromptue en nature… où il restera pendant 25 ans.

Le jour de sa disparition, le narrateur a 24 ans. Il n’a pas prémédité le coup : ceux qui pensent à partir ne dépassent pas l’idée du fantasme, dit-il, c’est trop vertigineux. Lui, il est simplement tombé en panne au bord de la forêt et s’y est engouffré. Sans se retourner, cherchant intuitivement à s’effacer du regard des autres et aussi de lui-même. Antidote inopiné au malaise qu’il ressent depuis qu’il est tout jeune en présence d’autres humains.

Xavier Mussat, qui s’est inspiré de l’histoire vraie d’un Américain réfugié dans les forêts du Maine, avance avec délicatesse dans ce récit à la fois philosophique et poétique. Il ne cherche jamais vraiment à expliquer le geste, seulement à imaginer comment un être humain peut être pris d’un tel désir d’évasion et comme le vertige doit être grand quand on doit faire face à la nature et à la nécessité d’y survivre – surtout dans un pays qui connaît l’hiver.

Il se donne pour y parvenir un outil principal : un graphisme épatant, pas naturaliste du tout, dominé par l’orangé, du bleu-gris et du brun en aplat. Sa manière très précise peut être parfaitement réaliste, mais est surtout marquée par des contrastes entre onirisme, art primitif, abstraction totale et figuration. Xavier Mussat, qui fut avec Fabrice Neaud l’un des cofondateurs de la maison Ego Comme X, figure de proue de la BD autobiographique dans les années 1990, convie à un voyage étrange, désarçonnant, visuellement fantastique. Les pistes invisibles habite l’esprit longtemps après qu’on en a tourné la dernière page.

Alexandre Vigenault, La Presse

Les pistes invisibles

Les pistes invisibles

Albin Michel

174 pages

8/10

Freud face à la mort

Extraits de Freud, le moment venu
  • Planche de Freud, le moment venu

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche de Freud, le moment venu

  • Planche de Freud, le moment venu

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche de Freud, le moment venu

  • Planche de Freud, le moment venu

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche de Freud, le moment venu

  • Planche de Freud, le moment venu

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche de Freud, le moment venu

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

Sa stature étant ce qu’elle est, on aborde rarement Freud à hauteur d’homme. Plonger dans son intimité est justement le projet de la psychanalyste Suzanne Leclair, au dessin et au scénario (en collaboration avec William Roy). Sans se laisser intimider par l’envergure de son sujet, elle explore son rapport à la vie et à la mort à travers la maladie que Freud a côtoyée pendant les 15 dernières années de sa vie : un cancer de la mâchoire. Dû à son amour des cigares cubains. On découvre dans ces pages immensément expressives, reposant surtout sur du noir et des gris plus ou moins délavés, un homme inquiet, mais résilient, déterminé à vivre malgré la douleur, plus hanté par la folie des hommes (la montée du nazisme) que par sa tragédie personnelle. C’est beau, étrangement touchant, et c’est en filigrane une réflexion intéressante sur l’aide médicale à mourir… longtemps avant qu’on l’appelle comme ça.

Parution : le 15 mars

Alexandre Vigneault, La Presse

Freud, le moment venu

Freud, le moment venu

La boîte à bulles

133 pages

6,5/10

Tranche de vie pandémique

Extraits de Quelqu’un a débranché la Grosse Pomme
  • Planche de Quelqu’un a débranché la Grosse Pomme

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche de Quelqu’un a débranché la Grosse Pomme

  • Planche de Quelqu’un a débranché la Grosse Pomme

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche de Quelqu’un a débranché la Grosse Pomme

  • Planche de Quelqu’un a débranché la Grosse Pomme

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche de Quelqu’un a débranché la Grosse Pomme

1/3
  •  
  •  
  •  

Zovi, une dessinatrice franco-chinoise, prépare l’arrivée de son copain à Shanghai, où elle vit depuis 10 ans. Or, avant de l’accueillir, elle va lui rendre visite à New York. Banal ? Oui, sauf qu’elle fait ce voyage en février 2020… au moment même où la COVID-19 est déclarée transmissible entre humains et quelques semaines avant que la planète ne se mette sur pause. Quelqu’un a débranché la Grosse Pomme raconte ses angoisses pandémiques, mais aussi la façon dont elle a réorienté sa vie en un rien de temps : finie l’idée de s’installer en Chine, le couple vivra aux États-Unis et devra trouver une façon de régulariser sa situation au plus vite. Entre sa peur d’être attrapée par les services d’immigration et sa quête d’un boulot, Zovi évoque avec une sincérité touchante et un dessin franchement accueillant son quotidien à une époque pas banale. Sympa.

Alexandre Vigneault, La Presse

Quelqu’un a débranché la Grosse Pomme

Quelqu’un a débranché la Grosse Pomme

Mécanique générale

125 pages

7/10

Pour les mordus de mangas

Voici quelques titres de mangas qui ont retenu notre attention, dont deux séries en cours depuis peu méritant un coup d’œil dans le rétroviseur.

Sinistre compagne

À l’origine, Fatale fiancée était censé s’incarner sous la forme d’un film, mais face à un défi budgétaire insoluble, le projet s’est muté en manga épisodique, en collaboration avec le prolifique Naoki Yamamoto. Tous les chapitres ont été réunis dans cette édition traduite en français, où l’on découvre le trentenaire Kazushi reprendre l’imprimerie de son père et assister, entre impuissance et indifférence, à un lent écroulement autour de lui. L’entreprise coule à petit feu, un de ses employés voit ses doigts arrachés, tandis qu’un couple insistant cherche à lui rappeler qu’un étrange pouvoir sommeille toujours en lui. L’apparition soudaine de Mitsuko, superbe jeune femme haut perchée, le tirera-t-elle de ses déboires ? Sombre et anxiogène, avec une touche d’érotisme, Fatale fiancée, qui conduit le lecteur dans des couloirs inquiétants, est déroutant sans être échevelé. Le trait de dessin, aux déformations oppressantes, donne un parfait écho à l’atmosphère de l’histoire. Sans être extraterrestre, le manga reste extravagant et se destine plutôt aux adultes amateurs de récits noirs.

Sylvain Sarrazin, La Presse

Fatale fiancée

Fatale fiancée

Atelier Akatombo

Compilation complète 230 pages n&b

6,5/10

Boutades et baston

Extraits de Sakamoto Days
  • Planche de Sakamoto Days

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche de Sakamoto Days

  • Planche de Sakamoto Days

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche de Sakamoto Days

1/2
  •  
  •  

Marion Glénat, présidente des éditions du même nom, a confessé fonder beaucoup d’espoir dans Sakamoto Days, série lancée récemment, obtenue après un bras de fer entre éditeurs européens concurrents. « L’éditeur japonais nous a dit que, pour lui, il y avait tous les ingrédients pour en faire un One Piece. Les enchères sont montées très haut », a-t-elle confié à La Presse lors de son passage à Montréal. L’histoire : Taro Sakamato, tueur à gages légendaire adulé par ses pairs, raccroche ses flingues et ouvre un dépanneur après avoir rencontré la femme de sa vie. Contraint de reprendre du service, il va vite démontrer que son embonpoint et ses années de retraite n’ont pas eu raison de ses habiletés. Dans ce manga, beaucoup d’action (servie par un dessin très dynamique), de baston et d’humour bien saupoudré, propulsé par un Sakamoto au flegme désopilant. Attention à la comparaison avec One Piece, Sakamoto Days est quand même plus sanguinolent (avec une décapitation dès la 4e case !), même si cela reste dosé. Un bon moment de divertissement.

Sylvain Sarrazin, La Presse

Sakamoto Days

Sakamoto Days

Glénat

Série en cours, tomes 1 à 5 ; tome 6 prévu le 13 mars

7,5/10

Médecine douce

Extraits des Enfants d’Hippocrate
  • Planche des Enfants d’Hippocrate

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche des Enfants d’Hippocrate

  • Planche des Enfants d’Hippocrate

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche des Enfants d’Hippocrate

  • Planche des Enfants d’Hippocrate

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche des Enfants d’Hippocrate

  • Planche des Enfants d’Hippocrate

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche des Enfants d’Hippocrate

  • Planche des Enfants d’Hippocrate

    IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

    Planche des Enfants d’Hippocrate

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Attention, terrain miné : les œuvres mettant en scène le monde médical peuvent rapidement devenir rébarbatives, surtout si le jargon professionnel et les salles d’hôpital aseptisées se multiplient. Dans Les enfants d’Hippocrate, c’est plutôt couleur et humanité qui sont mises de l’avant, à travers le protagoniste Maco Suzukake, jeune pédiatre aux faux airs nonchalants ; avec sa blouse trop grande, ses Crocs en forme de grenouille et ses restes de repas poissant son col. Autant le médecin poulain se montre incompétent pour animer sa chaîne YouTube, autant son approche avec enfants et parents s’avère brillante, doublée d’un esprit d’analyse médicale efficace. Il traîne aussi ses démons ; répondra-t-il à l’invitation de son père, également médecin, dont il ne garde pour seule image que celle d’un directeur obsédé par la rentabilité de ses cliniques ? Le dessin sans flaflas, qui nous sort régulièrement des salles d’hôpital, et la succession de cas abordés avec humanité, menés par un personnage central attachant, placent ce manga dans le cercle des histoires réconfortantes. De plus, le souci de l’exactitude scientifique et la traduction remarquable (finaliste au plus récent festival d’Angoulême) forment un beau ruban sur le paquet.

Sylvain Sarrazin, La Presse

Les enfants d’Hippocrate

Les enfants d’Hippocrate

Mangetsu

Série en cours, tomes 1 à 5 ; tome 6 prévu le 6 avril

7/10