En percevant l’héritage de son père Michel Adanson, Aglaé met la main sur un pan obscur de la vie de ce naturaliste happé par ses passions.

En 1750, caressant le rêve d’établir une encyclopédie botanique universelle, il entreprit un voyage au Sénégal pour en examiner la flore ; ses recherches le menant par ailleurs à négliger ses obligations familiales. Mais au détour des pistes bordées d’arbres et de végétaux exotiques, voici que fut plantée dans son esprit l’histoire d’une jeune Africaine ayant brisé sa destinée d’esclave pour se réfugier aux confins du pays. Cette Sénégalaise refusant d’être une autre victime de l’île de Gorée, où les négriers faisaient franchir aux infortunés « la porte du voyage sans retour », existait-elle ? Si oui, où était-elle ? Michel Adanson, escorté par des guides locaux qui révèleront d’étroits liens vis-à-vis de la légende, cultivera alors cette nouvelle quête, tâchant de retrouver cette fleur sénégalaise unique pour en percer les lourds secrets. Mais ne serait-ce pas lui qui aurait franchi la porte du non-retour ? La narration touffue sert une intrigue à première vue peu complexe, mais qui parvient à maintenir son souffle au fil des pages. En puisant dans la vie de ce botaniste ayant réellement existé au siècle des Lumières, tout en l’agrémentant d’une touche d’irrationalité, David Diop (Frère d’âme) ne signe pas de révolution, mais démontre avec force comment hommes et femmes peuvent réaliser la leur.

La porte du voyage sans retour

La porte du voyage sans retour

Le Seuil

252 pages

7/10