Ce n’est pas tous les jours qu’on peut découvrir ce que lisent les géants. C’est la chance qu’on a en ouvrant Le petit livre pour les géants, d’Obom, le plus grand album tout carton québécois publié à ce jour (il mesure 61,5 cm sur 40,5 cm). Apparemment incontournable dans les familles de géants, cet imagier contient plus de 600 mots illustrés en français — et une vingtaine en abénaquis.

C’est Nadine Robert, de la maison d’édition Comme des géants (tiens, tiens…), qui a eu l’idée de créer cet énorme imagier. La gargantuesque mission a été confiée à la cinéaste d’animation et illustratrice Diane Obomsawin, dite Obom, qui a imaginé son livre tenu par… un petit géant.

Clins d’œil aux parents

  • Diane Obomsawin, dite Obom, lance « Le petit livre pour les géants », un imagier en français et abénaquis.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Diane Obomsawin, dite Obom, lance « Le petit livre pour les géants », un imagier en français et abénaquis.

  • Diane Obomsawin, dite Obom, lance « Le petit livre pour les géants », un imagier en français et abénaquis.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Diane Obomsawin, dite Obom, lance « Le petit livre pour les géants », un imagier en français et abénaquis.

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Au fil de six doubles pages, on s’immerge dans des lieux fréquentés par les géants — forêt, lac, montagne, plaine, etc. On y trouve aussi des lutins, des personnages de contes et légendes, ainsi que divers objets du quotidien. « J’espère que le lecteur ira de découverte en découverte », dit Obom.

« J’ai aussi eu envie de faire des clins d’œil aux parents qui lisent le livre », poursuit-elle. Dans la scène de montagne, on trouve Julie Andrews les bras ouverts comme dans La Mélodie du bonheur – sauf qu’elle en profite pour se photographier avec son cellulaire… C’est souvent drôle et décalé.

Sauver l’abénaquis

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Diane Obomsawin et son chien-chien s’écrit almos en abénaquis.

Quelques mots sont traduits en langue abénaquise, comme ours, qui s’écrit awasos, ou soleil, qui s’écrit kizos. « Je suis d’origine abénaquise par mon père, explique Obom. C’est présent en moi, parce que je porte le nom Obomsawin et parce que je suis en train d’apprendre la langue. »

L’arrière-grand-père d’Obom, qui parlait l’abénaquis, a quitté la réserve d’Odanak, près de Sorel-Tracy, pour aller vivre à Sudbury. « J’ai demandé à mon père pourquoi et il disait qu’il voulait faire de l’argent comme les Blancs », résume Obom. Elle-même est née à Montréal et a passé une large partie de son enfance en France.

Aujourd’hui, rares sont les locuteurs d’abénaquis. Obom suit les cours donnés par Philippe Charland, un spécialiste de la langue abénaquise qu’elle remercie au dos du Petit livre pour les géants. « Il est en train de sauver littéralement la langue abénaquise », indique-t-elle.

Les enfants qui liront Le petit livre pour les géants n’apprendront évidemment pas à parler l’abénaquis. Ils sauront toutefois que cette langue existe — et pas qu’au pays des géants… « C’est un début », souligne Obom.