Le premier «grand événement» extérieur gratuit du Festival de jazz a lieu ce soir. La star montante torontoise du R&B Jessie Reyez se produira sur la grande scène de la place des Festivals à 21h30. Entrevue avec la gagnante du Juno de la révélation de l'année.

Jessie Reyez sait-elle qu'un public de près de 50 000 personnes pourrait l'attendre sur la place des Festivals ce soir?

«Je suis excitée, lance-t-elle. Je pense que ce sera ma plus grande foule.»

La chanteuse aux origines colombiennes a grandi à Toronto, où la scène urbaine et rap est en pleine effervescence depuis les Drake, The Weeknd, Roy Wood$ et Majid Jordan.

Jessie Reyez a participé au Remix Project, qui permet à de jeunes Torontois de 15 à 24 ans de familles modestes de s'investir créativement, notamment dans la production musicale.

«Le Remix Project a changé ma vie, lance Jessie Reyez. J'avais déménagé à Miami, où je travaillais derrière un bar. Mon gérant m'a donné congé pendant un week-end pour que je puisse préparer ma candidature. Le Remix Project est comme une école libre où tu vas comme tu veux. C'est parfait pour trouver son chemin, faire des erreurs, et c'est parfait pour les gens créatifs qui n'ont pas nécessairement de plan précis. Cela rend le succès possible pour des jeunes qui n'y auraient pas eu accès.»

Daniel Caesar, qui remonte sur la scène du MTELUS ce soir après un spectacle qui affichait complet hier, a aussi participé au Remix Project. Caesar et Reyez ont par ailleurs chanté ensemble au dernier gala des Juno.

Depuis sa tendre enfance

Jessie Reyez a une voix soul, et son interprétation prend aux tripes. Elle avait 3 ans quand sa mère l'a surprise à chanter de l'opéra devant la télé, avant de l'inscrire à des cours de piano. «Après, c'était la guitare. Je suis chanceuse. Mon père en avait une vieille qui traînait», raconte-t-elle.

Jessie Reyez écrit également des chansons depuis longtemps. «J'ai commencé par de la poésie, précise-t-elle. Puis j'ai mélangé les deux.»

Jessie Reyez n'a pas peur des mots, ni des images. La preuve, son plus récent extrait Body Count, où elle revendique le droit des femmes à user de leur corps sans être jugées.

Dans le clip, qui recrée le procès des sorcières de Salem, on voit Reyez être envoyée au bûcher.

Dans sa chanson Gatekeeper, Jessie Reyez raconte comment un réalisateur l'a incitée à coucher avec elle pour faire avancer sa carrière.

Quand la jeune femme a lancé son EP Kiddo, en avril 2017, ses textes ont eu l'effet d'une bombe. Sur Fuck It, elle détruit la Corvette de l'être aimé par jalousie. Sur sa chanson Figures, née dans un camp d'écriture en Suède, Jessie Reyez décrit une peine d'amour insoutenable. «J'étais dans un état affreux... Il fallait que le poison sorte», lance-t-elle.

On dit de Jessie Reyez qu'elle est crue. «Ce n'est pas intentionnel, souligne-t-elle. J'écris sur ce que je ressens. Tant mieux si les gens voient que je suis honnête.»

Jessie Reyez a déjà collaboré avec King Louie, Chance the Rapper et Calvin Harris.

Or, sa carrière ne fait que commencer...

Et la scène? Elle est encore en train de l'apprivoiser. «Je deviens meilleure à cacher ma nervosité», blague-t-elle.

«Une fois que je suis sur scène, j'ai un high, dit-elle plus sérieusement. C'est fou le lien qui se crée avec le public.»

Photo fournie par le FIJM

Jessie Reyez