Quarante-cinq festivals de musique promettent d'atteindre la parité hommes-femmes en 2022, et ce, autant dans leur programmation qu'en coulisse. Quatre d'entre eux sont canadiens, dont le festival montréalais de musique électronique MUTEK. L'initiative fera-t-elle des petits?

Hier soir, le projet Keychange a été lancé officiellement par PRS Foundation, au Haut-Commissariat du Canada au Royaume-Uni. L'initiative vise à renforcer la place des femmes en musique, entre autres en exigeant des organisations et des festivals participants qu'ils atteignent la parité entre les sexes sur les scènes et en coulisse d'ici 2022.

Le festival MUTEK figure parmi les six festivals impliqués depuis les balbutiements de ce projet. «Dans la musique électronique, il y a toujours eu une sous-représentation des femmes et, depuis des années, nous faisons des efforts pour inclure plus de femmes. Avec ce projet, on se disait qu'on pourrait s'attaquer encore mieux à trouver des solutions», explique en entrevue Alain Mongeau, directeur artistique de MUTEK.

Le bon moment

Au cours des derniers mois, une quarantaine d'autres festivals et événements ont décidé d'ajouter leur nom à Keychange. La majorité d'entre eux sont en Europe, dont 16 en Angleterre. En Amérique du Nord, deux se trouvent aux États-Unis (A2IM Indie Week et NYC Winter Jazzfest) et quatre au Canada (Canadian Music Week et North By North East à Toronto, BreakOut West dans l'ouest du pays et MUTEK).

Alain Mongeau est persuadé que d'autres festivals s'ajouteront au mouvement, d'autant plus que le sujet est d'actualité. 

«Même si ça fait quatre, cinq ans que nous développons l'idée, ça tombe bien que ça sorte plus officiellement en ce moment.»

Dès l'été, un symposium de deux jours aura d'ailleurs lieu pendant MUTEK «pour lutter contre la discrimination et accroître la participation féminine dans les domaines des arts numériques et de la musique électronique», indique un communiqué du festival.

Des suites à Montréal?

Rappelons qu'en juin 2017, plus de 135 femmes issues du milieu musical au Québec ont lancé le regroupement Femmes en musique (FEM) pour dénoncer le sexisme et les injustices qu'elles subissent régulièrement au travail. Elles déploraient entre autres la faible représentation des femmes dans les festivals québécois.

Du côté d'evenko - qui organise les festivals Osheaga, Île Soniq et Heavy Montréal -, le gestionnaire des relations de presse, Philip Vanden Brande, nous a répondu par écrit que le promoteur «a toujours la diversité et l'inclusion des genres à coeur lors de la création de ses grilles de programmation. Celles-ci sont toujours bâties en fonction de l'offre [des artistes disponibles] dans le marché».

Jointe par La Presse, l'Équipe Spectra, qui organise trois des grands festivals de la métropole (Montréal en lumière, les FrancoFolies et le Festival de jazz), n'a pas voulu nous accorder d'entrevue sur le sujet.

Photo Trung Dung Nguyen, fournie par MUTEK

La Montréalaise Ouri au festival MUTEK