Au cœur de la saison chaude, le Centre Phi présente une expérience immersive sur les liens entre sexualité et virtualité. Des applications de rencontres aux forums à caractère sexuel en passant par le speed dating et différentes formes de stimulation, l’exposition – réservée aux 16 ans et plus – est présentée jusqu’au 31 octobre.

L’exposition a été conçue en étroite collaboration avec le Club Sexu et le studio luxembourgeois a_Bahn. Depuis quelques années, le Club Sexu fait parler de lui grâce à divers projets visant à sensibiliser les gens à une approche de la sexualité plus positive, inclusive et éclairée : le festival de dépistage Dépistafest, la soirée d’humour Friends with bénéfices, l’émission balado À quoi tu jouis ? et plusieurs autres idées réalisées avec doigté.

L’IA au service du sexe

D’entrée de jeu, on est invité à mettre un gadget autour de notre cou pour entreprendre une séance de clavardage avec MAX, robot conversationnel non binaire, qui propose de nous suivre durant la visite. On se crée donc un profil comme sur une application de rencontre, on obtient un surnom amusant (BraiseEnthousiaste), on salue MAX et on est déjà invité à entrer dans la première salle.

On ne veut pas laisser MAX en plan, mais, comme les instructions du speed dating virtuel sont déjà bien avancées, on choisit d’oublier l’intelligence artificielle (IA) qui nous avait souhaité la bienvenue, au profit des profils qui arrivent sur l’écran.

Grâce à ALGO MATCH, on réfléchit au pouvoir des algorithmes pour déterminer quels profils se rendent à nous et comment chacun de nos comportements sur des applications comme Tinder influence nos résultats.

On a huit minutes pour trouver le partenaire parfait en échangeant entre autres avec une amoureuse des chats intrusive, une personne asexuelle et un dominant, en ayant souvent la possibilité de passer au suivant. L’activité est ludique, mais ne pousse pas notre réflexion plus loin que sa prémisse de départ.

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Des témoignages défilent sous les yeux des visiteurs.

Divertissant, mais moins instructif

On se dirige ensuite dans une pièce intitulée RESULTS, dont les murs sont tapissés d’images générées par des modèles d’apprentissage automatique. En résumé, ces images ont été conçues grâce à des millions de recherches pornographiques à partir des mots-clés et des contenus désirés. Dans un monde où 20 % des recherches faites sur nos appareils mobiles seraient liées au sexe ou à la porno, il est intéressant d’explorer la question. On comprend vite que nos yeux observent le résultat du regard dominant (blanc, masculin, cisgenre, hétérosexuel).

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Des images sexuelles modulées devant les visiteurs

Notre intérêt devient bien réel quand on découvre HELLO, une salle pensée par l’artiste Ianna Book, qui a réuni une grande variété de commentaires, de questions et d’insultes reçues par les personnes trans sur les applications de rencontres. On y sent une lourde charge de rejet, de clichés, de malaises, de curiosité, de réel intérêt, de préjugés et d’insécurité des personnes avec qui elles échangent.

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Des images sexuelles modulées devant les visiteurs

Au deuxième étage, on découvre VIBRATO, une œuvre censée nous faire réfléchir à la difficulté de délaisser les schémas sexuels qui dictent nos pratiques. On se retrouve face à une structure rouge dotée d’un trou ressemblant à un anus dans lequel on est invité à insérer sa main, une excroissance aux allures de clitoris qu’on peut stimuler et une entrée plus grande dans laquelle on est invité à pénétrer et à bouger sans partitions pour générer sons et réactions.

Non loin, des stations de confessionnal nous permettent d’écouter des témoignages en lien avec la sexualité. L’idée est bonne, mais on n’entendait pas la moitié des propos – sûrement pertinents – puisqu’ils étaient enterrés par la musique ambiante.

Sur le même étage, on peut aller dans une chambre afin de découvrir le contexte de personnes qui offrent leur corps devant la caméra, en fonction des commentaires formulés par les internautes.

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La station QUEERING THE MAP

On termine avec la station QUEERING THE MAP. Il s’agit essentiellement d’une carte interactive avec des centaines de points dispersés partout dans le monde. Chaque point donne accès à une pensée à propos de la queerness : l’endroit du premier baiser homosexuel, le lieu d’une altercation transphobe, le territoire où une personne a compris qu’elle était queer. Une œuvre touchante et éloquente.

Au bout d’une heure, on ressort du Centre Phi avec l’impression d’avoir été un peu diverti et de n’avoir presque rien appris. Oh, et on a complètement oublié de discuter de nouveau avec MAX, le robot non binaire. Dommage !

Au Centre PHI jusqu’au 31 octobre

Consultez le site de l’exposition