Le galeriste américain Danny Báez a eu carte blanche pour créer, à Montréal, une expo réunissant une dizaine d’artistes émergents de New York. Un projet unique baptisé Last Call.

Avant la pandémie, la galerie Bradley Ertaskiran est entrée en contact, à New York, avec un galeriste et « ami des artistes », Danny Báez. Dans la quarantaine, il se dit « regular normal » (ordinaire), d’où le nom de sa galerie ouverte en novembre dernier, REGULARNORMAL. Ce professionnel s’est fait énormément de contacts artistiques et une bonne réputation à New York, notamment auprès des jeunes artistes, depuis qu’il a quitté la République dominicaine il y a 18 ans. Il a aussi créé la foire Meca Art Fair, organisée depuis 2017 à Porto Rico.

Découvrez qui est Danny Báez

L’an dernier, la galerie a donc décidé d’organiser une expo à Montréal en laissant Danny Báez choisir une dizaine d’artistes émergents de New York en vogue actuellement. « La liste des artistes a beaucoup changé depuis, et c’est pour ça que l’expo s’appelle Last Call », dit en riant le galeriste Antoine Ertaskiran. L’exposition comprend 10 artistes de Manhattan et de Brooklyn, d’origines ethniques variées, et deux que la galerie montréalaise lui a suggérés, Preston Pavlis et Azza El Siddique.

Le déploiement scénographié dans la galerie de la rue Saint-Antoine traduit ainsi l’effervescence du milieu de l’art contemporain new-yorkais, où les jeunes artistes d’art contemporain bénéficient de plus en plus d’une solide notoriété (quand ils sont bons !) grâce aux réseaux sociaux.

« Les jeunes artistes sont très sollicités depuis deux ans, dit Antoine Ertaskiran. C’est incroyable ce qui se passe dans le marché qui est devenu presque global. Donc, c’est fascinant de présenter des artistes étrangers, notamment new-yorkais, à Montréal. Sinon, il faut aller à New York ! »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Le galeriste Antoine Ertaskiran en compagnie de Sarah Amarica, directrice adjointe de la galerie, près d’un buste de Kim Dacres

Last Call est une expo au parfum communautaire, avec 24 œuvres rafraîchissantes qui tombent bien en ce début de printemps alors qu’on est assez en quête de couleurs. Et surtout, c’est une proposition d’artistes aux démarches personnelles et inspirantes. Comme l’exprime le critique d’art André Seleanu dans son essai Comprendre l’art contemporain, quand on se penche sur ces œuvres de jeunes artistes, on ressent « une forte nécessité de rendre explicite et de verbaliser » la sensation qu’on éprouve. Tant elles sont expressives.

Ces œuvres ont des matérialités différentes : tissu, peinture, dessin, papier peint, billes, caoutchouc, etc. Justement, le caoutchouc de pneus recyclés est l’élément constitutif de deux sculptures de Kim Dacres. Des bustes noirs pour lesquels l’artiste d’origine jamaïcaine a utilisé des vis pour assembler et tordre ses morceaux de pneus. Le résultat est fascinant, tant elle parvient à donner une figure humaine à ces amas noirâtres et brillants.

Parcourez la page Instagram de Kim Dacres


PHOTO PAUL LITHERLAND, FOURNIE PAR LA GALERIE

Siblings IV, 2022, Kim Dacres, pneus de voiture et de vélos, bois, vis et peinture aérosol, 71,1 x 35,6 x 35,6 cm

D’origine soudanaise, Azza El Siddique présente deux œuvres métalliques. De petite taille, contrairement à ses installations monumentales qui sont sa signature. Before the birth of time, shadow and a place of meaning est un cadre en acier, argent et verre avec l’image d’un cobra. L’artiste, qui s’inspire des mythes et de la spiritualité, se plaît à transformer des matériaux. On pourra voir une autre facette de son travail, dès jeudi à Clark, où elle exposera durant un mois une installation inspirée de l’Égypte ancienne.

Découvrez le travail d’Azza El Siddique
  • Before the birth of time, shadow and a place of meaning, 2022, Azza El Siddique, acier, argent et verre, 109,2 x 81,3 x 3,2 cm

    PHOTO PAUL LITHERLAND, FOURNIE PAR LA GALERIE

    Before the birth of time, shadow and a place of meaning, 2022, Azza El Siddique, acier, argent et verre, 109,2 x 81,3 x 3,2 cm

  • Emergence, 2020, Joiri Minaya, impression au pigment d’archivage sur papier photo Rag Baryta, 91,4 x 61 cm

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    Emergence, 2020, Joiri Minaya, impression au pigment d’archivage sur papier photo Rag Baryta, 91,4 x 61 cm

  • Repetition 3 : Pittsburgh, 2022, Melissa Joseph, laminés d’abaca et de lin, laine feutrée à l’aiguille sur feutre industriel, 20,3 x 30,5 x 30,5 cm

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Repetition 3 : Pittsburgh, 2022, Melissa Joseph, laminés d’abaca et de lin, laine feutrée à l’aiguille sur feutre industriel, 20,3 x 30,5 x 30,5 cm

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Intéressant travail de collage numérique que les quatre impressions de Joiri Minaya réalisées à la suite d’une performance qu’elle a présentée dans un espace public, habillée de vêtements luxuriants reflétant ses origines dominicaines. Un beau travail sur l’identité et le colonialisme. Déjà exposée à Nada Miami, Melissa Joseph nous a également conquis avec ses récipients rembourrés de laine feutrée peinte pour faire apparaître des représentations de sa famille d’origine indienne.

Admirez le travail de Melissa Joseph

Une seule œuvre de Preston Pavlis dans l’expo. Le jeune artiste américain résidant à Halifax et que la galerie Bradley Ertaskiran représente a déjà un solo à son actif, à New York. Et deux œuvres de Cyle Warner, âgé de 21 ans, photographe qui travaille avec des tissus provenant de sa famille et de la peinture pour créer d’immenses cadres à l’apparence de drapeau. Un travail de tissage et de composition très bien fait. Et qui fait apparaître les rayons du soleil dans une des deux œuvres, Untitled Exodus (Still Happening), achetée lors du vernissage par un collectionneur montréalais. New York est à Montréal et y restera donc un peu…

Découvrez les œuvres de Cyle Warner
  • Untitled Exodus (Still Happening), 2021, tissu, papier, acrylique sur toile, 215,9 x 175,3 cm

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Untitled Exodus (Still Happening), 2021, tissu, papier, acrylique sur toile, 215,9 x 175,3 cm

  • exquisite intelligence, 2021, Preston Pavlis, huile sur panneau, 61 x 30,5 cm

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    exquisite intelligence, 2021, Preston Pavlis, huile sur panneau, 61 x 30,5 cm

  • De gauche à droite, Antoine Ertaskiran, Preston Pavlis, Danny Báez, Melissa Joseph, Ana Villagómez et la galeriste Megan Bradley

    PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE

    De gauche à droite, Antoine Ertaskiran, Preston Pavlis, Danny Báez, Melissa Joseph, Ana Villagómez et la galeriste Megan Bradley

  • Mar Domestico, une peinture de Larissa De Jesús Negrón, avec des petites touches surréalistes. L’artiste d’origine portoricaine vient d’avoir un solo au Mexique.

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    Mar Domestico, une peinture de Larissa De Jesús Negrón, avec des petites touches surréalistes. L’artiste d’origine portoricaine vient d’avoir un solo au Mexique.

  • un poème à la liberté, œuvre réalisée pour l’exposition par l’artiste autodidacte Bony Ramirez, faite de dessins collés sur un panneau de bois. Un artiste très en vue actuellement.

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    un poème à la liberté, œuvre réalisée pour l’exposition par l’artiste autodidacte Bony Ramirez, faite de dessins collés sur un panneau de bois. Un artiste très en vue actuellement.

  • Deluge II, peinture du jeune artiste Dante Cannatella, qui s’inspire de La Nouvelle-Orléans, où il réside. Il aura un solo à New York prochainement.

    PHOTO PAUL LITHERLAND, FOURNIE PAR LA GALERIE

    Deluge II, peinture du jeune artiste Dante Cannatella, qui s’inspire de La Nouvelle-Orléans, où il réside. Il aura un solo à New York prochainement.

  • Creature Comfort, 2022, Ana Villagómez, acrylique et vinyle Flashe sur toile, 157,5 x 116,8 cm

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    Creature Comfort, 2022, Ana Villagómez, acrylique et vinyle Flashe sur toile, 157,5 x 116,8 cm

  • Tired of Fighting For Your Love, 2022, Obi Emmanuel Agwam, acrylique sur toile, 76,2 x 76,2 cm

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    Tired of Fighting For Your Love, 2022, Obi Emmanuel Agwam, acrylique sur toile, 76,2 x 76,2 cm

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Last Call est présentée à la Galerie Bradley Ertaskiran jusqu’au 16 avril.