L’année 2021 a été marquée par la stature grandissante du Musée national des beaux-arts du Québec, qui s’impose désormais comme un musée incontournable au Canada. Et pas seulement parce qu’il sera, en 2025, l’écrin précieux du plus formidable déploiement d’œuvres de Riopelle. Parallèlement, les galeries d’art ont connu une année florissante.

Le Musée national des beaux-arts du Québec a toujours eu une tradition d’excellence, mais force est de constater que l’arrivée de Jean-Luc Murray à la tête d’une équipe expérimentée et vaillante, il y aura bientôt trois ans, a transmis au MNBAQ une énergie supplémentaire.

L’ex-directeur du service de l’Éducation du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a insufflé un élan à ce musée, en tenant compte de l’air du temps, notamment la représentativité de notre diversité, et en présentant des expositions marquantes sur des artistes tant d’ici que de l’étranger.

Cette année, la programmation du MNBAQ a été prodigieuse. Une exposition sur l’identité québécoise en mouvement (D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? ). Une autre sur la diversité corporelle (Ouvrir le dialogue), en parallèle à Picasso. Figures, une exclusivité canadienne. Sans oublier Turner et le sublime, en collaboration avec la Tate de Londres, autre expo exclusive au Canada, ainsi que le formidable hommage à Serge Lemoyne. « Une rétrospective majeure par une institution de calibre international », selon le galeriste Yves Laroche. Enfin, la première exposition muséale, en collaboration avec le Musée d’art contemporain des Laurentides (MACLAU), de l’artiste québécois d’origine haïtienne Stanley Février.

  • La fillette aux pieds nus, 1895, Pablo Picasso, huile sur toile, 75 x 50 cm. Exposée au MNBAQ l’été dernier.

    PHOTO IDRA LABRIE, FOURNIE PAR LE MNBAQ

    La fillette aux pieds nus, 1895, Pablo Picasso, huile sur toile, 75 x 50 cm. Exposée au MNBAQ l’été dernier.

  • Vue de l’exposition Ouvrir le dialogue

    PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

    Vue de l’exposition Ouvrir le dialogue

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Cerise sur le gâteau, le MNBAQ a hérité d’un cadeau inattendu : le projet d’Espace Riopelle que le MBAM a abandonné à l’automne 2020. Pandémie ou pas, le musée national a saisi que le plan qu’avaient concocté ensemble, dès 2018, le mécène et collectionneur de Vancouver Michael Audain, la Fondation Jean Paul Riopelle et l’ex-directrice générale du MBAM Nathalie Bondil se devait d’être concrétisé. Surtout que le peintre, graveur et sculpteur québécois, dont on fêtera le centenaire de la naissance en 2023, a toujours, près de 20 ans après sa mort, un rayonnement retentissant sur la scène internationale. Sa peinture La sombreuse, vendue 5,3 millions chez Christie’s à Paris, le 3 décembre dernier, en fait foi.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La troupe de cirque Les 7 Doigts rendra hommage au peintre québécois avec le spectacle Riopelle grandeur nature.

C’est donc sur les plaines d’Abraham, et non à Montréal, ville natale de l’artiste, que des touristes du monde entier viendront admirer la plus belle exposition de Riopelle qui soit. Grâce aux collections des Michael Audain, André Desmarais et Pierre Lassonde, au soutien du gouvernement québécois et au MNBAQ, qui mérite, cette année, un bon coup de chapeau !

Les galeries

« La passion de collectionner de l’art existe toujours », dit André Laroche, de la galerie Laroche/Joncas. Il avait pourtant envisagé, en 2020, de fermer le local de l’édifice Belgo.

Qui aurait pu penser que le vent tournerait ? La pulsion de continuer malgré tout, d’espérer des jours meilleurs, s’est avérée une magnifique idée.

André Laroche, de la galerie Laroche/Joncas

En effet, les galeries ont plutôt profité de la pandémie. Art Mûr a réalisé, en 2021, à l’occasion de son 25anniversaire, le même chiffre d’affaires qu’en 2019. La galerie Hugues Charbonneau a continué sur sa lancée des années précédentes. Toutes les œuvres des artistes qu’elle expose sont la plupart du temps déjà vendues avant le vernissage.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Installation de l’artiste Karine Giboulo présentée récemment à la galerie Art Mûr

Tout baigne aussi chez Blouin Division. « L’équipe fonctionne à pleins gaz et les résultats sont éloquents », lâche le galeriste René Blouin. La galerie Pierre-François Ouellette a eu la belle surprise de bénéficier de plus d’intérêt local. « Un intérêt basé sur les visites de notre site suivies de demandes de présentation d’œuvres en galerie, dit M. Ouellette. Cela a généré un nouveau type de ventes et de nouveaux clients. »

La galerie Robertson Arès, qui en est à sa troisième année d’activité, a connu aussi du succès en 2021. « La pandémie a donné l’opportunité à de jeunes galeries dynamiques comme la nôtre de se démarquer et de prendre leur place dans leur marché, dit la galeriste Emily Robertson. Cette crise sanitaire nous avait démontré que les collectionneurs internationaux seraient au rendez-vous et prêts à investir en art. Ça a pris quelques mois pour que nous voyions le même effet dans le marché montréalais. »

Le galeriste Yves Laroche a remarqué une demande croissante des sociétés et des particuliers pour les artistes canadiens « importants ». « Nous avons connu une année exceptionnelle au chapitre des ventes grâce à notre capacité d’accéder à des œuvres majeures d’artistes canadiens établis et internationaux, dit-il. Plus que jamais, l’art semble être reconnu par le grand public comme une valeur refuge et les gens sont friands de diversifier leurs investissements dans ce secteur. »