Guerres et migration des Amériques ont marqué la 33e sélection photographique du Festival Visa pour l’image. Pendant tout le mois de septembre, la ville de Perpignan, en France, expose le travail des meilleurs photojournalistes internationaux.

(Perpignan, France ) C’est devant une foule admirative que le grand maître de la photographie Sebastião Salgado a reçu le Visa d’or d’honneur en clôture du Festival Visa pour l’image. Le prix récompense l’œuvre exceptionnelle du photojournaliste brésilien de 77 ans, considéré comme l’un des plus grands de l’histoire de la photographie.

La Presse a pu recueillir ses commentaires à la sortie de cette soirée.

Pour que la photographie ait un sens, c’est très important que le travail que nous faisons soit la représentation du moment historique que nous vivons. La photographie va continuer d’être le miroir de la société.

Sebastião Salgado

Connus pour leurs photographies en noir et blanc, Sebastião Salgado et sa femme Lélia mènent depuis des décennies des projets photographiques en faveur de la préservation de la planète. À propos de la nouvelle génération de photojournalistes réunis à Perpignan, Sebastião Salgado a déclaré à La Presse : « Ils sont la continuation du travail de ma génération. Je passe le témoin pour ceux qui sont devant. »

PHOTO FOURNIE PAR SEBASTIÃO SALGADO

Mali, 1985

La réputation du Festival Visa pour l’image dépasse largement les frontières de l’Europe. La ville de Perpignan devient, le temps d’un mois, le carrefour mondial du photojournalisme. Le festival est une vitrine pour les photographes qui veulent faire partager leurs documentaires aux différents médias et diffuseurs réunis sur place.

PHOTO FOURNIE PAR NARIMAN EL-MOFTY, ASSOCIATED PRESS

Des réfugiés ayant fui la région du Tigré, en Éthiopie, sont transférés vers le site d’accueil du Village 8, près de la frontière entre l’Éthiopie et le Soudan. Hamdayet, dans l’est du Soudan, 1er décembre 2020.

Le directeur du Festival Visa pour l’image, Jean-François Leroy, s’est dit profondément préoccupé par le monde dans lequel nous vivons ; sa sélection annuelle reflète cet engagement. « Je ne supporte pas l’injustice, la misère et la famine. Nous avons deux expositions sur la Syrie, trois expos sur l’Éthiopie et le Soudan. Nous montrons toute l’actualité du monde dont on ne parle jamais. »

PHOTO FOURNIE PAR DANISH SIDDIQUI, REUTERS

Des bûchers funéraires de victimes du coronavirus dans l’enceinte d’un crématorium, en Inde. Le photographe de l’agence Reuters a documenté la deuxième vague de COVID-19 à New Delhi.

La mort tragique en Afghanistan du photographe Danish Siddiqui, tué par les talibans en août dernier, a assombri l’ouverture du festival. « C’est la première fois dans l’histoire de Visa qu’un photographe est tué avant de voir son exposition », a déploré Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’image.

PHOTO SAMEER AL-DOUMY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un combattant de Jaysh al-Islam court pour éviter les tirs de snipers. Village de Tal al-Siwan, dans le district de Douma, tenu par les rebelles. Près de Damas, 5 septembre 2016.

Le photographe syrien Sameer Al-Doumy a couvert le conflit qui ravage sa terre natale. Ses photographies, qui font partie d’un reportage collectif de photojournalistes syriens qui travaillent pour l’Agence France-Presse (AFP), sont exposées dans le cadre du festival.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le photographe syrien Sameer Al-Doumy a couvert le conflit qui ravage sa terre natale pendant sept ans.

« J’ai commencé à 13 ans à faire des photos des ravages de la guerre. Ce n’était pas facile d’être à la fois photojournaliste et victime. Plusieurs membres de ma famille ont été blessés dans les bombardements », relate-t-il. Après sept années à couvrir le conflit syrien, Sameer Al-Doumy a obtenu le soutien de l’AFP pour immigrer en France, où il travaille maintenant comme photographe pour l’agence.

PHOTO FOURNIE PAR NICOLO FILIPPO ROSSO

Un groupe de migrants attend de recevoir des repas offerts gratuitement par un organisme de bienfaisance dans la ville de Villa del Rosario, en Colombie.

L’Italien Nicolo Filippo Rosso documente la migration des Amériques. Depuis deux ans, il a décidé de devenir lui-même nomade, pour se rapprocher de son sujet documentaire. « Je ne sais pas quand la route se terminera pour mon documentaire. Il me reste des photos à faire », a indiqué le photojournaliste. Cette année, il a remporté plusieurs prix, en plus du World Press Photo.

PHOTO PHOTOGRAPHE ANONYME EN BIRMANIE, THE NEW YORK TIMES

Des milliers de partisans de la Ligue nationale pour la démocratie manifestent. Certains exhortent les policiers à se joindre à leur mouvement. Rangoun, Birmanie, 6 février 2021. Le photographe anonyme est lauréat du Visa d’or News 2021.

Le photographe anonyme de Birmanie pour The New York Times témoigne de la Révolution du printemps dans le pays. Depuis le coup d’État du 1er février dernier, une répression meurtrière a fait nombre de morts parmi les groupes de manifestants. L’identité du photojournaliste n’est pas révélée, pour protéger sa vie et celle des membres de sa famille.

PHOTO FOURNIE PAR VINCENT MUNIER

Portrait de loup arctique dans la brume. Île d’Ellesmere, Nunavut, Canada.

Les photos animalières de Vincent Munier dégagent une poésie qui dépasse la représentation descriptive de l’animal. Son travail est aujourd’hui reconnu comme un des plus réussis en photographie animalière. « Mon travail est une obsession, un rêve de gamin, et je veux vraiment l’assouvir. Je veux aller jusqu’au bout. Mes photos sont un regard que je pose sur des choses qui sont là », a-t-il confié à La Presse. Le photographe est venu une dizaine de fois au Canada photographier les renards arctiques au Nunavut.

PHOTO FOURNIE PAR JÉRÔME GENCE

Nina, une Hollandaise de 31 ans (sur le flamant rose à droite), a réuni des amis dans une villa de Bali pour une séance de travail.

Jérôme Gence a passé sept mois à Bali, où de nombreux Occidentaux se rendent pour télétravailler. « C’est en regardant une photo de fond d’écran paradisiaque que l’idée m’est venue de faire ce reportage », a dit le photographe gagnant du prix Pierre & Alexandra Boulat 2020.